Fonderie SAM (Aveyron) : liquidation judiciaire prononcée mais...

A la recherche d'un repreneur depuis deux ans, la fonderie SAM de Decazeville (Aveyron) a été placée, ce jeudi, en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse. Néanmoins, le sous-traitant de Renault dispose encore d'une (trop?) courte période pour trouver un repreneur et sauver une partie de ses 350 emplois.
Installée à Decazeville (Aveyron), la fonderie SAM dispose de quinze jours pour trouver un repreneur providentiel.
Installée à Decazeville (Aveyron), la fonderie SAM dispose de quinze jours pour trouver un repreneur providentiel. (Crédits : Pierrick Merlet)

C'était attendu, c'est désormais officiel. La fonderie SAM, installée à Decazeville dans l'Aveyron, a été placée, ce jeudi 16 avril, en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse. Ce n'est en soit pas une surprise dans la mesure où la décision avait été requise par cette même juridiction lors d'une audience en début de mois.

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Depuis quatre ans, ce site industriel (dans une terre aveyronnaise aussi affaiblie par le plan social au sein de l'usine Bosch de Rodez) enchaîne les déconvenues. Sortie d'un premier redressement judiciaire par des investisseurs chinois en 2017, ces derniers n'ont pas tenu leurs engagements industriels et ont été poussés vers la sortie par le tribunal de commerce de Toulouse, provoquant ainsi un second placement en redressement judiciaire en fin d'année 2019. Depuis, les plus de 350 salariés de cette fonderie sont dans l'attente désespérée d'un repreneur.

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Encore deux semaines pour trouver un sauveur

Néanmoins, dans le rendu de sa décision de ce jour, le tribunal a accordé un sursis à la fonderie SAM, spécialisée dans la conception et le production de composants en aluminium notamment pour les véhicules électriques et hybrides. La juridiction laisse jusqu'au 30 septembre pour trouver encore un éventuel repreneur, de dernière minute pourrait-on dire.

"C'est un délai très court, il y a urgence. Mais le tribunal peut très bien dire le 30 septembre 'il y a personne donc on liquide'. Maintenant, l'État et Renault, ceux qui ont fait en sorte que les deux offres que nous avions ne puissent pas aboutir, vont devoir se bouger pour trouver une solution, sinon cela finira très mal", met en garde David Gistau, le secrétaire départemental de la CGT et représentant du syndicat au sein de la SAM.

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Le représentant syndical fait référence à Sifa Technologies, filiale du groupe Alty, et le groupe lyonnais Trinquier, deux fonderies spécialistes de l'aluminium qui ont tenté de déposer des offres à la mi-juillet pour sauver le site industriel, alors que plusieurs autres fonderies en France ont traversé ou traversent également une mauvaise passe.

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"Mon offre avait des conditions suspensives, comme l'obtention d'un prêt de l'État de sept millions d'euros en l'échange de la reprise de 250 salariés, en plus du million d'euros en fonds propres que j'apportais. J'étais prêt à y aller, mais je n'ai pas pu déposer mon offre au tribunal de commerce. Une fois l'offre bien faite après plusieurs mois de travail et en intégrant toutes les aides éventuelles, un cabinet mandaté par le gouvernement a réalisé un audit en deux heures et a jugé le projet non financé, ça a été bâclé. L'État fait plus confiance a un cabinet américain plutôt qu'à un industriel français. J'ai 39 ans de métier alors on ne va pas m'apprendre à faire un business plan", regrette Patrick Bellity, le PDG du groupe Alty qui s'est positionné dès avril 2021 sur le dossier SAM, joint par La Tribune.

L'entrepreneur, qui ne cache pas être "déçu", avait d'autant plus la faveur des élus locaux mais aussi des salariés. "Sur le plan industriel et économique, le dossier de monsieur Bellity était viable", confirme David Gistau.

Un retour de CIE possible ?

Pour de nombreux acteurs du dossier, tant des politiques que des syndicalistes, mais aussi en interne au sein même de la fonderie SAM, cet audit et ses conclusions n'ont eu d'autre intérêt que de re-crédibiliser une éventuelle nouvelle offre du groupe espagnol CIE, premier repreneur potentiel à s'être positionné en début d'année.

Problème, courant mars, sa proposition auprès des représentants du personnel du site avait provoqué un blocage de l'usine de 23 jours. Le groupe espagnol, un important équipementier automobile, proposait alors la reprise de 150 salariés seulement, la fin de nombreux acquis sociaux et la fermeture du bureau d'études, un point qui permet pour le moment à la SAM d'être plus qu'un simple atelier de production.

"Nous, nos intentions restent les mêmes : conserver le bureau d'études, un plan de charges sur cinq ans, 250 emplois conservés. Donc si l'État et Renault font revenir CIE avec le même projet, ils auront le même résultat. Nous ne sommes pas des girouettes qui changent d'avis en fonction du vent", prévient David Gistau.

En attendant, la fonderie SAM peut poursuivre son activité car le constructeur français, son unique client, s'est engagé à maintenir les commandes jusqu'en mars 2022.

"La décision du tribunal de commerce de Toulouse de placer la SAM en liquidation judiciaire avec poursuite d'activité ne permet toujours pas d'envisager l'avenir de l'entreprise et fait peser sur les salariés et leurs familles une pression toujours plus forte, je le regrette (...) Il faut désormais mettre à profit la période de 3 mois de reprise d'activité par le groupe Renault pour trouver des solutions qui permettent de sauvegarder un maximum d'emplois tout en préservant l'expertise de l'entreprise et le savoir-faire de ses salariés. Je suis disposée à étudier toutes les propositions allant dans ce sens (...) Nous nous sommes d'ailleurs engagés, à plusieurs reprises, à accompagner le futur repreneur du site quel qu'il soit.", a réagi en fin de journée, la présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga.

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Commentaire 1
à écrit le 17/09/2021 à 12:09
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parfait, la gauche va etre ravie que ca ferme, c'est des industrie,s ca pollue et ca rechauffe la planete; deja que c'est des ouvriers voles sur leur dos exploite par des capitalistes ultra neo, faut pas abuser de la tolerance sociale

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