Avenir de l'usine Bosch à Rodez : réunion décisive le 5 mars

Selon des informations de La Tribune, une réunion importante doit se tenir le 5 mars, entre les syndicats et la direction allemande de Bosch, sur la situation de l'usine du groupe à Rodez (Aveyron). L'usine étant menacée de fermeture, les représentants des 1.200 salariés militent auprès du gouvernement pour obtenir une meilleure classification écologique des nouveaux moteurs diesel (le site est spécialisé dans la production d'injecteurs), afin de remonter la côte du diesel auprès des consommateurs. Du côté du conseil régional d'Occitanie, on déplore "un manque d'ambition" pour le site de la part de la direction, notamment au niveau de la diversification. Récit de ces dernières semaines autour de ce site industriel.
Le site Bosch de Rodez est spécialisé dans la production d'éléments mécaniques pour moteur diesel.
Le site Bosch de Rodez est spécialisé dans la production d'éléments mécaniques pour moteur diesel. (Crédits : Pierrick Merlet)

Selon des informations de La Tribune, et de sources concomitantes, la direction du groupe allemand Bosch a invité les syndicats à une réunion en visioconférence, vendredi 5 mars. Les représentants du personnel ont tenté d'inclure les collectivités locales et le gouvernement à ce rendez-vous, mais cette réunion tripartite devrait se faire dans un second temps. "Cette prochaine réunion doit permettre de faire un point avec la direction sur l'usine de Bosch à Rodez", confirme Florence Melin, directrice de la communication et des affaires publiques de Bosch France-Benelux.

"Nous craignons, lors de cette entrevue, des annonces négatives, probablement pas sur une fermeture de l'usine mais plutôt sur une réduction drastique des effectifs", s'inquiète Pascal Raffanel, le représentant CFE-CGC au sein de la Bosch de Rodez, invité à cette réunion. "On attend de cette réunion une totale transparence sur l'avenir du site et de ses emplois. Nous ne pouvons plus vivre dans cette incertitude qui a démarré il y a déjà des années", peste Cédric Belledent, son homologue pour le syndicat SUD.

Pour mémoire, cette usine, qui n'est autre que le premier employeur privé du département de l'Aveyron, est devenue un dossier politique hautement sensible au niveau franco-allemand ces dernières années. Avec pour preuve, un échange encore récent entre le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, et le PDG de Bosch, Volkmar Denner, à propos de "La Bosch" de Rodez comme elle est surnommée dans ses environs.

Lire aussi : Menaces sur le site Bosch de Rodez : Carole Delga demande l'aide d'Emmanuel Macron

Une spécialisation sur le diesel qui porte préjudice

Comme l'a révélé La Tribune dans une enquête au mois de novembre, la fermeture de ce site industriel pesant pour 1.200 emplois est clairement évoquée en interne, au sein de l'équipementier. "Le groupe est confronté à des défis structurels, amplifiés par la crise sanitaire mondiale, qui incluent des surcapacités de production dans l'automobile. Rien qu'en France, la part du diesel dans la vente de voitures neuves était de 72% en 2012, contre 34 % aujourd'hui. Cela signifie que l'industrie automobile, dans son ensemble, va devoir procéder à des ajustements majeurs et Bosch n'y échappera pas", avait ainsi déclaré à l'époque Florence Melin, jointe par La Tribune.

Lire aussi : Baisse de rideau pour la Bosch de Rodez, après l'usine Bridgestone de Béthune ? Enquête.

En s'installant au cours du 20ème siècle au coeur de l'Aveyron, ce site du groupe Bosch  s'est spécialisé au fil des années sur la production d'injecteurs pour moteurs diesel, mais aussi de bougies et de buses d'injection. Seulement, la part du diesel dans la vente des voitures neuves ne cesse de diminuer d'année en année, en France et en Europe. Ce qui expose par conséquent le site ruthénois, sur le plan social. "La direction estime qu'il y a trois à quatre lignes de production d'injecteurs en trop, en Europe. Si la direction décide la fermeture de notre seule et dernière ligne (l'une d'elles a déjà fermé en 2018, ndlr), ce sont 400 emplois menacés directement", estime auprès de La Tribune Cédric Belledent. Pour le moment, un accord passé entre les syndicats de Rodez et la direction de Bosch garantit la production de 8% des injecteurs pour moteur diesel destinés au marché européen, protégeant de fait la ligne de production qui a couté un investissement de 14 millions d'euros au groupe allemand pour la maintenir aux normes européennes.

"Seulement, cet accord est valable jusqu'à la fin de l'année 2021. À partir du 1er janvier 2022, il n'y aura plus d'obligation pour le groupe Bosch à Rodez. Dans le même temps, nous avons perdu sur place 500 emplois depuis 2016, auxquels vient s'ajouter à un plan de départs à la retraite anticipés qui va concerner près de 200 personnes d'ici 2022", tient à souligner Pascal Raffanel.

Du côté du conseil régional d'Occitanie, très impliqué dans le dossier, "il y a un doute sur la volonté réelle du groupe Bosch à maintenir le site à Rodez", tout en s'insurgeant du fait que le gouvernement français n'est pas assez protectionniste avec ses actifs industriels, au contraire de l'Allemagne.

Lire aussi : "Il y a une discrimination envers les sites hors Allemagne de Bosch" (Christian Teyssèdre, maire de Rodez)

Une étude au centre des débats, dans l'attente d'une diversification

Alors, pour tenter de sauver "leur usine", les syndicats ont attendu avec impatience les résultats d'une étude de l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen), portant sur les rejets polluants des différents types de motorisation automobile. Publiée mi-décembre 2020, celle-ci démontre que la motorisation diesel nouvelle génération s'avère moins polluante que l'essence pour des trajets ruraux voire périurbains. Un point qui motive les syndicats pour obtenir le classement des nouveaux moteurs diesel en vignette Crit'Air de catégorie 1, ce qui permettrait à ces véhicules de continuer à circuler dans les centre-villes pour des années encore.

Lire aussi : ZFE à Toulouse : quels sont les véhicules qui ne pourront plus rouler dès le printemps 2021

Néanmoins, lors d'une réunion jeudi 4 février, Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée à l'Industrie, a fait savoir à l'intersyndicale de l'usine Bosch de Rodez qu'elle était confrontée au blocage du ministère de la Transition Écologique sur cette demande. Par ailleurs, "le groupe allemand ne tient pas compte de cette étude pour assurer un certain niveau de production", peste encore le conseil régional, dont sa présidente Carole Delga a également rencontré les représentants du personnel, lundi 8 février, à l'occasion d'un déplacement dans l'Aveyron.

L'élue socialiste régionale, candidate à sa réélection aux prochaines régionales, "déplore également l'absence de projet industriel pour le site et un manque d'ambition évident". Par ses propos, Carole Delga pointe surtout du doigt la trop faible diversification des activités du site ruthénois de Bosch, contrairement aux engagements pris par la direction du groupe allemand. Aujourd'hui, seule une nouvelle activité de production de barres de torsion qui occupe une vingtaine de salariés est à répertorier, sans oublier une activité d'ingénierie consistant à produire des machines industrielles sur demande et qui monopolise également une poignée de salariés. "Nous continuons les échanges avec nos clients potentiels à ce sujet et nous poursuivons nos recherches. Cela reste l'objet de tous nos efforts", promet Florence Melin.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 6
à écrit le 10/02/2021 à 10:12
Signaler
La présidente de la région est une écolo convaincue et elle est pour la disparition totale des moteurs diesels mais elle est contre la fermeture de l’usine ???

à écrit le 10/02/2021 à 4:09
Signaler
@ Jason. Cette usine est situee dans l'Aveyron, a cote du Tarn, un peu perdu, faut l'admettre. Tous les constructeurs dans leur grande majorite vont etre contraints de passer a l'electrique voire a l'hybride. Comment une ligne de prod allemande d...

à écrit le 09/02/2021 à 20:54
Signaler
Humour, Lozère fait vraiment bout du monde ,l'Aveyron est un département bien plus agréable pour randonner à pied ou en vélo. Mais l'un et l'autre ont hélas vocation à devenir des déserts industriels.

le 10/02/2021 à 14:33
Signaler
Vous vous trompez. L'Aveyron ,avant la covid,était un des départements où le chômage était très faible. Rodez est une ville moyenne en plein essor. Ses accès routiers ont été favorisés et l'attrait du département est indéniable. Le musée Soulages est...

à écrit le 09/02/2021 à 19:17
Signaler
La motorisation diesel est vouée à disparaitre à court terme donc cette usine est condamnée, qui aura envie d'investir dans coin aussi perdu que la Lozère ?

le 09/02/2021 à 20:18
Signaler
Humour ou lacunes en géographie?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.