Menaces sur le site Bosch de Rodez : Carole Delga demande l'aide d'Emmanuel Macron

Impactés par la crise sanitaire et économique, tout comme la chute des ventes sur le moteur diesel, l'usine Bosch de Rodez et ses 1.370 salariés sont dans une situation bien complexe. Pour tenter d'éviter la fermeture de l'usine et la disparition des emplois, la présidente de la région Occitanie demande "l'implication personnelle" d'Emmanuel Macron dans ce dossier, au travers d'un courrier adressé au chef de l'État. Une correspondance dans laquelle l'élue régionale et socialiste dresse un constat d'échec concernant la diversification d'activité de ce site, pourtant vitale afin d'assurer son existence après l'année 2021. Décryptage.
L'usine Bosch de Rodez pourrait fermer dans les mois à venir.
L'usine Bosch de Rodez pourrait fermer dans les mois à venir. (Crédits : Pierrrick Merlet)

Est-ce le courrier de la dernière chance pour l'usine Bosch de Rodez ? La présidente de la région Occitanie, la socialiste Carole Delga, a adressé mardi 15 décembre une lettre au président de la République, Emmanuel Macron, pour l'interpeller sur la situation de ce site industriel.

"J'en appelle à votre implication personnelle de façon à ce que l'ensemble des moyens d'action de l'État, industriels, politiques et diplomatiques, soient engagés avec force pour obtenir de la direction allemande de Bosch que le site d'Onet-le-Château et ses emplois soient maintenus", écrit-elle au cours de ces deux pages.

Pour mémoire, ce dernier qui emploie près de 1.400 personnes, faisant du groupe allemand le premier employeur privé du département de l'Aveyron, est menacé par la chute des ventes de moteurs diesel en Europe ces dernières années. Cette situation s'explique surtout par la spécialisation du site dans la production d'injecteurs pour cette motorisation.

L'inconnu au-delà de l'année 2021...

Mais désormais, le temps presse et c'est pour cette raison que la présidente de l'exécutif régional appelle à la rescousse le chef de l'État, dans un dossier qui semble bien mal embarqué. Dans une récente enquête, La Tribune a révélé plusieurs faits attestant que la fermeture de l'usine est envisagée par le groupe Bosch, après des propos tenus par Heiko Carrie, le président de la société allemande France-Benelux, ces dernières semaines. Publiquement, l'équipementier parle "d'ajustements" inévitables face à la crise sanitaire et la baisse des ventes de moteurs diesel. Ce que n'a pas manqué de rappeler Carole Delga à Emmanuel Macron, déjà venu sur le site par le passé.

Lire aussi : Baisse de rideau pour la Bosch de Rodez, après l'usine Bridgestone de Béthune ? Enquête.

"Lors du CSE du 10 novembre dernier, la direction a indiqué aux représentants des salariés que la fermeture définitive du site était désormais une option", écrit notamment Carole Delga, tout en présentant l'année 2021 comme "décisive".

Et c'est tout sauf un hasard. En 2018, après un bras de fer social entre la direction et les syndicats pour pérenniser le site, un accord de transition a été signé entre les deux parties permettant les investissements nécessaires pour maintenir une activité diesel suffisante pour les 1.370 salariés, un travail avec les collectivités sur la diversification des activités et un maintien des effectifs jusqu'à la fin de l'année 2021. Mais après cette date, tout sera possible...

Lire aussi : Usine Bosch de Rodez : un accord a été signé entre syndicats et direction

Si les investissements promis pour moderniser l'outil industriel ont été réalisés, en revanche les syndicats dénoncent un taux de production minimum garanti non respecté et un maintien des effectifs difficile à tenir. Un plan de départs à la retraite anticipés est d'ailleurs en cours de réalisation pour supprimer 150 postes d'ici avril 2021, comme l'a révélé La Tribune le 23 novembre dernier.

L'échec de la diversification dans l'aéronautique

Le dernier espoir réaliste pour assurer l'avenir de l'usine Bosch de Rodez n'est donc autre que la diversification des activités sur le site ruthénois. Et malgré la volonté de la présidente de région d'accompagner ce dernier vers l'aéronautique, via une mise en relation avec Airbus, elle ne peut que constater auprès d'Emmanuel Macron son impuissance sur cette tâche, pour le moment.

"J'ai organisé un travail avec Airbus de façon à favoriser un repositionnement du site vers la filière aéronautique qui a longtemps contribué au dynamisme de ce bassin d'emplois et plus globalement de la région Occitanie. Le conseil régional a notamment travaillé avec les équipes de Bosch sur des projets d'investissement dans des moyens de production aéronautiques pour lesquels j'ai donné mon accord de principe à un accompagnement de plusieurs millions d'euros, et pour l'embauche d'un cadre commercial expérimenté sur l'aéronautique. Les hésitations du groupe à se positionner sur cette filière, qu'il avait volontairement mise de côté depuis un demi-siècle, n'ont permis au site d'Onet de procéder au recrutement de cet expert qu'un an après la préconisation et laissé le projet d'investissement sans réalisation aucune. L'impact de la crise Covid-19 sur les débouchés aériens ont par ailleurs mis un coup d'arrêt à ces perspectives et les pistes alternatives que nous travaillons encore avec l'entreprise ne pourront compenser à elles seules le sureffectif qui frappe l'entreprise au rythme où la crise du diesel s'accélère", regrette-t-elle.

Pour le moment, selon nos informations, seule une activité de production de barres de torsion a été rapatriée sur place, garantissant une quarantaine d'emplois, activité à laquelle il faut ajouter une mission de R&D autour d'une pile à combustible pour l'alimentation de groupe froid qui sauve 10 emplois. Enfin, un troisième contrat avec un fournisseur de matériaux électriques a été récemment signé, dont le nombre d'emplois liés reste à déterminer. Quoi qu'il en soit, l'objectif d'au moins 300 emplois sauvés à Rodez par de la diversification d'activité d'ici fin 2021 est encore loin d'être atteint.

Lire aussi : "Il y a une discrimination envers les sites hors Allemagne de Bosch" (Christian Teyssèdre, maire de Rodez)

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Commentaires 27
à écrit le 18/12/2020 à 0:21
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Vous y pensez à la planète et au système solaire Mme Delga ? Pollués par l’abominable usine capitaliste. Évidemment que non. Au fait, l’usine respectait la parité homme/femme ? La justice fiscale ? Quid de l’empreinte carbone annuelle, trimestriell...

à écrit le 17/12/2020 à 15:18
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elle devrait au contraire etre ravi ede voir tous ces gens qui ne vont plus se faire exploiter par le grand capital, et qu'en plus si l'usine ne produit plus rien, ca fera de la bonne decroissance ecolo bonne pour la planete! au lieu de ca elle hurl...

à écrit le 17/12/2020 à 13:04
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Vous oubliez la justice sociale dans votre missive. Sans compter l’engagement écologique, la parité, la justice fiscale, la justice écologique, la justice sanitaire, la justice technologique...

à écrit le 17/12/2020 à 12:38
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La contradiction totale de Mme Delga qui est une écologie socialiste convaincue en particulier contre le diesel qui pollue et envoie des micro particules dangereuses pour la santé, mais qui ne veut pas que l'on ferme l'usine qui fabrique les injecteu...

à écrit le 17/12/2020 à 11:35
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Du Mélenchon pur jus ;-) ...

à écrit le 17/12/2020 à 11:35
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à écrit le 17/12/2020 à 11:34
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Du Mélenchon pur jus ;-) ...

à écrit le 17/12/2020 à 11:32
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à écrit le 17/12/2020 à 11:31
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à écrit le 17/12/2020 à 11:30
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à écrit le 17/12/2020 à 11:29
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à écrit le 17/12/2020 à 11:29
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à écrit le 17/12/2020 à 11:28
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à écrit le 17/12/2020 à 10:32
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Plus de moteurs diesel, c'est plus d'injecteurs, plus de pompes à injection, plus de système de régulation, plus de pots catalytiques et à particules. Plus de moteurs à pétrole, c'est toute une industrie mécanique qui s'effondre. L'histoire de l'us...

à écrit le 17/12/2020 à 10:30
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Plus de moteurs diesel, c'est plus d'injecteurs, plus de pompes à injection, plus de système de régulation, plus de pots catalytiques et à particules. Plus de moteurs à pétrole, c'est toute une industrie mécanique qui s'effondre. L'histoire de l'us...

à écrit le 17/12/2020 à 10:07
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J'observe que cette idée qui s'est généralisée de l'ordolibéralisme dans l'UE privatise quand tout va bien mais se tourne vers l'état lorsque ça se dégrade. Singulièrement nous restons sur l'évolution de la voiture d'hier sans jeter les bases de la v...

à écrit le 17/12/2020 à 10:06
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Que Carole Delga demande l'aide d'Emmanuel Macron est vraiment incompréhensible!!?

à écrit le 17/12/2020 à 9:31
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Le principe de la destruction créatrice appliquée par les écolos. On détruit tout ce qui fonctionne comme les apprentis sorciers et on crée du chômage. Bosch n'y est pour rien. S'il n'y a plus de marché, il ne peut y avoir d'usines. Une transition éc...

à écrit le 17/12/2020 à 8:22
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Il ne faut jamais faire confiance aux Bosch, tant pis pour eux.

à écrit le 17/12/2020 à 3:53
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Une fonctionnaire socialiste souhaite donner une leçon d'économie à l'industrie allemande... la fin du monde semble proche!

à écrit le 16/12/2020 à 21:48
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Cette hypocrisie socialiste commence à bien faire. Cette usine Bosch est spécialisée dans la fabrication de composants de très haute technologie pour moteurs diesel. A tord ou à raison (et, objectivement, plutôt à raison d'ailleurs), les moteurs dies...

le 17/12/2020 à 9:14
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Tout a fait, il faut pas etre hypocrite. SI on veu plus de diesel, on va fermer les usines qui font des moteurs diesels. Si on interdit aux gens de prendre l avion, on vendra moins d avions ! On peut esperer que les gens vont se reconvertir mais ca ...

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