Est-ce le courrier de la dernière chance pour l'usine Bosch de Rodez ? La présidente de la région Occitanie, la socialiste Carole Delga, a adressé mardi 15 décembre une lettre au président de la République, Emmanuel Macron, pour l'interpeller sur la situation de ce site industriel.
"J'en appelle à votre implication personnelle de façon à ce que l'ensemble des moyens d'action de l'État, industriels, politiques et diplomatiques, soient engagés avec force pour obtenir de la direction allemande de Bosch que le site d'Onet-le-Château et ses emplois soient maintenus", écrit-elle au cours de ces deux pages.
Pour mémoire, ce dernier qui emploie près de 1.400 personnes, faisant du groupe allemand le premier employeur privé du département de l'Aveyron, est menacé par la chute des ventes de moteurs diesel en Europe ces dernières années. Cette situation s'explique surtout par la spécialisation du site dans la production d'injecteurs pour cette motorisation.
L'inconnu au-delà de l'année 2021...
Mais désormais, le temps presse et c'est pour cette raison que la présidente de l'exécutif régional appelle à la rescousse le chef de l'État, dans un dossier qui semble bien mal embarqué. Dans une récente enquête, La Tribune a révélé plusieurs faits attestant que la fermeture de l'usine est envisagée par le groupe Bosch, après des propos tenus par Heiko Carrie, le président de la société allemande France-Benelux, ces dernières semaines. Publiquement, l'équipementier parle "d'ajustements" inévitables face à la crise sanitaire et la baisse des ventes de moteurs diesel. Ce que n'a pas manqué de rappeler Carole Delga à Emmanuel Macron, déjà venu sur le site par le passé.
"Lors du CSE du 10 novembre dernier, la direction a indiqué aux représentants des salariés que la fermeture définitive du site était désormais une option", écrit notamment Carole Delga, tout en présentant l'année 2021 comme "décisive".
Et c'est tout sauf un hasard. En 2018, après un bras de fer social entre la direction et les syndicats pour pérenniser le site, un accord de transition a été signé entre les deux parties permettant les investissements nécessaires pour maintenir une activité diesel suffisante pour les 1.370 salariés, un travail avec les collectivités sur la diversification des activités et un maintien des effectifs jusqu'à la fin de l'année 2021. Mais après cette date, tout sera possible...
Si les investissements promis pour moderniser l'outil industriel ont été réalisés, en revanche les syndicats dénoncent un taux de production minimum garanti non respecté et un maintien des effectifs difficile à tenir. Un plan de départs à la retraite anticipés est d'ailleurs en cours de réalisation pour supprimer 150 postes d'ici avril 2021, comme l'a révélé La Tribune le 23 novembre dernier.
L'échec de la diversification dans l'aéronautique
Le dernier espoir réaliste pour assurer l'avenir de l'usine Bosch de Rodez n'est donc autre que la diversification des activités sur le site ruthénois. Et malgré la volonté de la présidente de région d'accompagner ce dernier vers l'aéronautique, via une mise en relation avec Airbus, elle ne peut que constater auprès d'Emmanuel Macron son impuissance sur cette tâche, pour le moment.
"J'ai organisé un travail avec Airbus de façon à favoriser un repositionnement du site vers la filière aéronautique qui a longtemps contribué au dynamisme de ce bassin d'emplois et plus globalement de la région Occitanie. Le conseil régional a notamment travaillé avec les équipes de Bosch sur des projets d'investissement dans des moyens de production aéronautiques pour lesquels j'ai donné mon accord de principe à un accompagnement de plusieurs millions d'euros, et pour l'embauche d'un cadre commercial expérimenté sur l'aéronautique. Les hésitations du groupe à se positionner sur cette filière, qu'il avait volontairement mise de côté depuis un demi-siècle, n'ont permis au site d'Onet de procéder au recrutement de cet expert qu'un an après la préconisation et laissé le projet d'investissement sans réalisation aucune. L'impact de la crise Covid-19 sur les débouchés aériens ont par ailleurs mis un coup d'arrêt à ces perspectives et les pistes alternatives que nous travaillons encore avec l'entreprise ne pourront compenser à elles seules le sureffectif qui frappe l'entreprise au rythme où la crise du diesel s'accélère", regrette-t-elle.
Pour le moment, selon nos informations, seule une activité de production de barres de torsion a été rapatriée sur place, garantissant une quarantaine d'emplois, activité à laquelle il faut ajouter une mission de R&D autour d'une pile à combustible pour l'alimentation de groupe froid qui sauve 10 emplois. Enfin, un troisième contrat avec un fournisseur de matériaux électriques a été récemment signé, dont le nombre d'emplois liés reste à déterminer. Quoi qu'il en soit, l'objectif d'au moins 300 emplois sauvés à Rodez par de la diversification d'activité d'ici fin 2021 est encore loin d'être atteint.
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