"Il y a une discrimination envers les sites hors Allemagne de Bosch" (Christian Teyssèdre, maire de Rodez)

INTERVIEW. Alors que le premier employeur privé de l'Aveyron pourrait disparaître du paysage dans les prochains mois, le maire de Rodez monte au créneau pour demander des investissements décisifs dans l'usine de sa ville et ainsi sauver les 1.200 équivalents temps plein associés. Surtout, l'élu local charge le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, pour la gestion de ce dossier. Désormais, Christian Teyssèdre souhaite que les élus locaux fassent front commun pour obtenir des avancées positives pour "La Bosch".
Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, ne milite pas pour une diversification de son usine via l'aéronautique.
Le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, ne milite pas pour une diversification de "son" usine via l'aéronautique. (Crédits : Mairie de Rodez)

LA TRIBUNE - Depuis plusieurs années, vous êtes en première ligne pour défendre ce site industriel, menacé de fermeture, et qui n'est autre que le premier employeur privé du département de l'Aveyron. Quel est le sentiment qui prédomine aujourd'hui ?

CHRISTIAN TEYSSÈDRE - Plus le temps passe, plus les inquiétudes sont fortes autour de l'usine Bosch de Rodez. Et plus le temps passe, plus la demande pour des moteurs "diesel" diminue au regard des derniers chiffres connus. Donc forcément, je ressens surtout de l'inquiétude aujourd'hui.

Lire aussi : Baisse de rideau pour la Bosch de Rodez, après l'usine Bridgestone de Béthune ? Enquête.

 Malgré les incertitudes autour de l'avenir de cette usine, quelle est votre relation avec la direction du groupe Bosch ?

Je rencontre ou j'échange assez régulièrement avec la direction et des représentants du groupe Bosch, contrairement à certains. En 12 ans, j'ai dû me rendre au moins une cinquantaine de fois sur place. Mais nous allons être clairs, il y a une discrimination à l'encontre des sites de Bosch hors de l'Allemagne. Tout d'abord, en ce qui concerne la production des injecteurs pour moteur diesel, spécialité de l'usine de Rodez, toutes les commandes vont en Turquie en raison d'un coût de production plus faible. Enfin, quand j'observe que le groupe investit des dizaines de millions d'euros dans ses sites allemands pour les diversifier et pas chez nous, je ne comprend pas. Une société qui réalise en moyenne 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires chaque année a les moyens de maintenir un site industriel.

Et pourtant, vous vous êtes rendus au siège de Bosch, à Stuttgart (Allemagne) en mars 2019, avec la présidente de l'Occitanie, Carole Delga, un représentant du ministère de l'Économie et des parlementaires locaux pour tenter de convaincre la direction...

Pour préparer ce rendez-vous, j'avais proposé aux participants français de cette réunion de nous y retrouver la veille avant d'harmoniser notre position et avancer collectivement afin de sensibiliser la direction du groupe Bosch sur le sujet de Rodez. Au final, Carole Delga et le délégué interministériel à l'industrie ne sont arrivés que le matin même. Au final, nous n'avons pas affiché exactement la même position lors de cette entrevue décisive pour le site.

Plus d'un an plus tard, cette divergence d'opinion entre vous et Carole Delga refait surface au point qu'elle vous associe à de la "furie politique". Comment expliquer une telle différence de position ?

Je demande au groupe Bosch de mener des investissements pour préserver l'activité sur l'usine de Rodez, mais pas spécialement dans l'activité du diesel. Ces investissements sont vitaux pour ce site. Alors oui, je trouve regrettable que la région Occitanie ne nous suive pas dans cette position. Carole Delga défend une diversification par l'aéronautique. Seulement, trois mois avant notre réunion à Stuttgart, Bosch avait écrit aux élus locaux en expliquant qu'il n'y avait pas d'opportunité pour eux dans l'aéronautique et malgré ce courrier, Carole Delga a défendu cette position lors de la réunion en Allemagne. À l'époque de la création des pôles de compétitivité et donc de l'Aerospace Valley (puissant pôle dédié à l'aéronautique et au spatial, ndlr), j'étais vice-président de la région sous Martin Malvy. À l'époque déjà, Bosch avait fait savoir qu'il n'était pas intéressé pour intégré le pôle.

Quelle était la position de l'État lors de cette réunion ?

Le délégué interministériel était sur la même position que la présidente de région. Mais je tiens à le dire, je ne veux pas la guerre avec Carole Delga. S'il y a bien un premier responsable dans cette histoire, c'est Bruno Le Maire, notre cher ministre de l'Économie. Dans ce dossier, il est complètement à côté de la plaque ! Bercy se met un voile devant les yeux. En continuant ainsi, les syndicats ont parfaitement raison de dire que nous allons vers une fermeture à Rodez. Mais en avançant collectivement, nous avons les moyens d'obliger Bosch à investir dans cette usine et d'assurer son avenir et ses emplois.

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Commentaires 4
à écrit le 25/11/2020 à 9:34
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On découvre l'eau chaude , il n'y a que des renault et psa pour transférer en priorité leur production les plus massive hors de leur patrie d'origine ! Imagine t'on la Golf européenne produit ailleurs que Wolfsburg ?

à écrit le 25/11/2020 à 8:58
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L'Allemand est discriminant depuis la nuit des temps, ce sont les français qui s'y sont acoquinés avec à qui il faudrait le reprocher, les allemands eux ils jouent leur partie hein.

à écrit le 25/11/2020 à 7:43
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A la différence des patrons français , les Patrons allemands sont patriotes et privilégient les emplois en Allemagne,toute la différence est là .Nos patrons sont très mauvais et privilégient les usines hors de France au détriment des sites situés en ...

à écrit le 24/11/2020 à 19:15
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Plus de diesel, plus d'injecteurs. Une autre production ? Bosch préférera sans doute produire dans un autre pays... à l'Est.

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