Tourisme stratosphérique : le premier vol français habité attendu sous peu dans le Gers

La startup toulousaine Zephalto s'apprête à réaliser son premier vol habité, en préparation de son offre de tourisme stratosphérique qui se promet bas carbone. L'opération se déroulera depuis le circuit automobile de Nogaro, dans le Gers. Dans le même temps, la jeune pousse compte produire des ballons réutilisables pour des clients extérieurs, en plus de ses besoins. Les détails.
Zephalto promet un voyage aux portes de l'espace, présenté comme du tourisme stratosphérique et non du tourisme spatial, avec sa capsule portée par un ballon gonflé à l'hydrogène.
Zephalto promet un voyage aux portes de l'espace, présenté comme du tourisme stratosphérique et non du tourisme spatial, avec sa capsule portée par un ballon gonflé à l'hydrogène. (Crédits : Zephalto)

L'envol est imminent. Alors que des acteurs américains comme Blue Origin proposent des voyages privés pour du tourisme spatial habité, des acteurs français se préparent plus que jamais à proposer du tourisme stratosphérique. Installée à Toulouse depuis l'été 2021, la startup Zephalto s'apprête à réaliser son premier vol habité.

« Nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires. Maintenant, il est question de le faire le plus rapidement possible, en fonction des vents », commente auprès de La Tribune Vincent Farret d'Astiès, le fondateur de Zephalto.

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Très mystérieux sur ses intentions à propos du lieu de son premier vol jusqu'à présent, l'entrepreneur est désormais prêt à en parler. Celui-ci se déroulera dans le Gers, sur le circuit automobile de la commune de Nogaro.

« Pour nous, il était essentiel de décoller de l'Occitanie pour ce premier vol stratosphérique habité. Par ailleurs, le circuit automobile de Nogaro dispose d'un aérodrome à proximité immédiate. Enfin, les vents sont calmes sur ce périmètre, ce qui est un point important pour nous. Assez rapidement, nous avons convergé vers cette option pour ce premier vol », justifie l'entrepreneur, ingénieur aéronautique et pilote de formation.

Dans le vocabulaire de Zephalto, on préfère ainsi parler d'expérience spatiale plutôt que de tourisme spatial, en raison de l'altitude de la future prestation proposée par la jeune pousse. Il s'agira d'un vol à une altitude de 25 kilomètres, tandis qu'à titre de comparaison Blue Origin propose un vol avec une altitude maximale de 107 kilomètres.

« Cette tranche, de 20 à 100 kilomètres d'altitude, est totalement inutilisée alors que la tranche 0 à 20 kilomètres est souvent saturée, ainsi que la partie basse de l'espace dans laquelle évolue de plus en plus de satellites et de débris », commente l'expert Bruno Clermont, qui accompagne la startup dans son développement.

Deux pilotes d'essais

La date exacte de ce premier vol n'est donc pas encore arrêtée, pour des raisons météorologiques, mais ses contours se précisent. Au départ du circuit automobile de Nogaro, ce sont deux pilotes d'essais, dont Vincent Farret d'Astiès, qui seront transportés à 25 kilomètres d'altitude grâce à une enveloppe (autrement dit un ballon) réutilisable et gonflée à l'hydrogène, d'une hauteur de 87 mètres. Le tout à l'occasion d'un vol d'une durée totale de six heures, comprenant la montée et la descente, avec un atterrissage à quelques centaines de kilomètres de Nogaro sous l'effet des vents.

« Nous avons déjà fait des petits essais ailleurs à la fin de l'année 2023. Mais cet essai, ce premier vol stratosphérique, va nous permettre de tester beaucoup de systèmes dont celui de l'oxygène et nous transporterons une capsule prototype développée en interne », souligne l'entrepreneur.

Pour mémoire, l'acteur du tourisme spatial travaille de concert sur la production de sa capsule, qui sera chargée de transporter les six passagers (par vol), avec le Toulousain ST Composites. Officiellement, le premier modèle issu de cette collaboration est attendu pour le premier vol commercial de la startup toulousaine mais des étapes doivent encore être franchies par le duo pour imaginer un tel aboutissement. Une capsule en composites qui sera innovante dans sa composition, puisque Zephalto promet un voyage bas carbone à ses clients, autour de 26,6 kilos de CO2, par passager et par vol.

« Nous sommes déjà omniprésents sur l'aménagement cabine des avions et j'ambitionne, pour le projet de Zephalto, de proposer un aménagement totalement à base d'un composite éco-responsable, composé de matières végétales. L'avion vert, ce ne sera pas que du carburant de synthèse mais aussi des matériaux responsables sur le plan environnemental », expliquait en juin dernier à La Tribune, le PDG de ST Composites, Stéphane Trento.

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Par ailleurs, l'intérieur de la capsule, dénommée Céleste, et ses trois espaces privatifs seront dessinés par Joseph Dirand, architecte et architecte d'intérieur, « qui ambitionne que les passagers se sentent comme chez eux, pas dans un vaisseau spatial ». Si tout se passe comme prévu, le premier vol commercial de Zéphalto est attendu pour la fin de l'année 2024, voire le début de l'année 2025. « À date, ce calendrier est tenu », assure auprès de La Tribune Vincent Farret d'Astiès.

Fournisseur de ballons

Pour autant, l'entrepreneur ne souhaite plus communiquer sur les chiffres commerciaux autour de son offre de tourisme stratosphérique. Lors d'un précédent entretien accordé à notre rédaction, le fondateur de Zephalto avait été un peu plus loquace : « Nous avons déjà des réservations fermes et un total de 500 personnes pré-inscrites pour participer à un vol », disait-il en juin 2023.

« Désormais, nous demandons des acomptes pour que ces pré-ventes deviennent des réservations fermes », se contente-t-il de dire aujourd'hui.

Sur le site internet de son entreprise, il est effectivement demandé un acompte de 51.000 euros à la réservation, pour un prix total de 170.000 euros par personne.

Afin de développer son activité, Zephalto compte aussi développer de nouvelles prestations et, particulièrement, mettre à disposition son expérience et ses compétences sur le développement de ballons réutilisables.

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« Nous venons de lancer notre ligne BtoB, qui consiste en la fabrication d'enveloppes pour d'autres acteurs, et non plus répondre seulement à nos besoins. L'idée est de développer à terme d'autres applications pour nos ballons, même si nous comptons déjà amener des expériences scientifiques lors de nos voyages commerciaux. Nous avons pour objectif de constituer notre usine. Nous avons des marques d'intérêt pour nos ballons », assure Vincent Farret d'Astiès.

Avec quelle enveloppe financière pour un tel projet ? Là encore, l'entrepreneur se montre peu bavard, tout en précisant « avoir suffisamment de visibilité financière pour bien avancer ». En plus de business angels, la direction de Zephalto et sa trentaine de collaborateurs sont accompagnées par M Capital, BPI France, Audacia et Magellim. À court terme, avant cette usine, la startup du spatial est à la recherche de nouveaux locaux à Toulouse, plus grands, pour accompagner sa montée en puissance.

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