Ski : malgré le manque de neige, les stations des Pyrénées affichent des taux de réservation « rassurants »

Malgré une ouverture repoussée de quelques jours en raison du manque de neige dans de nombreux domaines, les professionnels du ski dans les Pyrénées sont plutôt optimistes sur la saison à venir avec des réservations en hausse par rapport à l'an dernier. Pas d'effet inflation à craindre donc sur les réservations. Pour autant, l'économie des domaines skiables reste fragile, comme l'illustre la fermeture définitive de Puigmal, la plus haute station des Pyrénées françaises.
Les professionnels du ski dans les Pyrénées sont plutôt optimistes sur la saison à venir avec des réservations en hausse par rapport à l'an dernier.
Les professionnels du ski dans les Pyrénées sont plutôt optimistes sur la saison à venir avec des réservations en hausse par rapport à l'an dernier. (Crédits : ©Altiservice-SaintLary)

Il faudra encore patienter quelques jours pour skier sur l'ensemble des stations de ski des Pyrénées. En raison du manque de neige, de nombreux domaines à l'instar de Saint-Lary, Ax 3 Domaines, Piau Engaly, Peyragudes ou le Grand Tourmalet ont annoncé un report de quelques jours de l'ouverture prévue initialement ce samedi 2 décembre. En revanche, la station de Font-Romeu Pyrénées 2000 lance sa saison dès ce vendredi et en Andorre, le coup d'envoi a été donné dès le week-end dernier.

Des réservations encourageantes pour les vacances de février

Pour autant, les professionnels du secteur sont plutôt optimistes sur la saison à venir. « Nous avons un taux de réservation des logements de 54% pour les vacances de Noël, soit une hausse d'un peu plus de 6% par rapport à l'an dernier. Cette année, les vacances se prolongent assez loin début janvier, ce qui est positif pour le business parce que les clients vont pouvoir passer Noël en famille et venir skier après », commente John Palacin, président de l'Agence des Pyrénées, structure interrégionale fondée en 2021 pour développement, à la valorisation et à la préservation du massif des Pyrénées.

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 Même son de cloche du côté de Laurent Garcia, directeur de la station de Peyragudes : « Nous enregistrons un niveau de réservation en progression de 3 % par rapport à l'an dernier à la même période, ce qui est plutôt rassurant sur les mois d'hiver qui se profilent devant nous. D'autant que cette année, les vacances en France sont calquées sur celles en Espagne donc nous allons pouvoir cumuler ces deux clientèles. »

Au-delà de Noël, qui pèse environ 20% de l'activité de la saison dans les Pyrénées, les domaines jouent leur année plutôt sur le mois de février qui représente à lui seul plus de 40% des recettes annuelles. « Le taux d'occupation des logements est à 43 % pour les vacances d'hiver, soit une progression de plus de 5% », salue l'Agence des Pyrénées. Pour sa part, Régine Casaucau, directrice adjointe principale de l'office de tourisme du Haut Béarn relève « pour février, un taux de remplissage déjà de plus de 50% et l'école de ski est aussi satisfaite ». Du côté des forfaits de ski, « nous avons déjà un taux de renouvellement de 79% sur les 95.000 abonnés à la carte No souci (qui permet ensuite des réductions sur les forfaits de ski, ndlr), ce qui montre que la saison démarre bien », observe Régis Lignon, directeur général délégué de la Compagnie des Pyrénées.

Pas d'effet inflation sur la fréquentation

Cette année encore, les domaines des Pyrénées ne devraient pas souffrir d'une baisse d'activité due à l'inflation. Malgré une répercussion partielle de l'inflation sur les forfaits la saison passée, N'Py, le réseau le plus puissant des Pyrénées qui regroupe sept stations (dont Peyragudes et le Grand Tourmalet) et le Pic du Midi, a atteint 60 millions d'euros de chiffre d'affaires et totalisé près de deux millions de journées-ski, soit légèrement moins que sur la saison 2021-2022 qualifiée d'exceptionnelle en terme d'enneigement et d'ensoleillement et alors même que début janvier, les stations de ski des Pyrénées avaient dû recourir à de l'activité partielle en raison du manque de neige.

Altiservice a réalisé de son côté, 1,1 million de journées-ski et 33 millions d'euros de chiffre d'affaires sur la saison passée. «Sur Saint-Lary entre fin janvier à fin février, nous avons augmenté de 35 % la fréquentation par rapport à l'année dernière qui était une excellente saison. Cela montre une vraie appétence pour le ski. Le prix n'est pas un frein quand les conditions météo sont réunies », remarque Akim Boufaïd, directeur du plus grand domaine skiable des Pyrénées françaises avec plus de 100 km de pistes. D'autant qu'« il existe une ribambelle de possibilités pour payer moins cher sa venue entre les forfaits saison, les tarifs pour les scolaires... », relève Guillaume Roger, directeur opérationnel de N'PY RESA. « Seuls 30% des skieurs paient le tarif plein », ajoute-t-il.

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Pour autant, la hausse généralisée des prix impacte les stations dans leur fonctionnement. « Il faut savoir que l'année dernière, au niveau de la branche professionnelle, nous avons augmenté de 7,1 % les salaires pour les professions au premier niveau de notre grille », commente pour sa part Anne Marty, directrice adjointe d'Altiservice. Les coûts de l'énergie flambent aussi. « Nous sommes passés de 5% à 15% de charges liées à l'énergie. Dans notre station, la facture est montée de 500.000 euros à quasiment 1,4 million d'euros. C'est beaucoup. Heureusement, nous avons pu renégocier les contrats pour les deux prochaines années et le coût va redescendre autour du million d'euros », témoigne Laurent Garcia, directeur de la station de Peyragudes.

Un modèle économique qui reste fragile

Reste que l'inflation est un caillou de plus dans une économie du ski qui reste fragile. « L'activité des domaines skiables est assez difficile parce qu'elle subit de plein fouet toutes les augmentations alors que c'est une économie complexe complètement dépendante de la météo », note Régis Lignon. À côté des mastodontes des Alpes, la chaîne pyrénéenne a la particularité d'offrir de petites stations familiales dont le modèle économique est durement attaqué depuis des années. Dès 2015, la Cour des comptes tirait la sonnette d'alarme : deux tiers de la trentaine de stations pyrénéennes ne dépassent pas les cinq millions d'euros de chiffre d'affaires, avec un endettement allant jusqu'à 400% ! Résultat : en 2018, le département de Haute-Garonne est venu à la rescousse de trois stations (Luchon-Superbagnères, Le Mourtis et Le Bourg d'Oueil) en assainissant leurs dettes et en créant un syndicat mixte pour mutualiser les coûts fixes.

Des difficultés subsistent parmi les petits Poucet du ski. Faute de financements extérieurs, Puigmal, la plus haute station de ski des Pyrénées françaises (2.700 m), fermée en 2013, puis reprise à l'orée de la décennie 2020 avec un projet quatre saisons en plus de ses 18 pistes et de sa zone de free-ski sécurisée l'hiver, va fermer définitivement.

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Commentaire 1
à écrit le 01/12/2023 à 13:56
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Il faut se rendre à l'évidence, l'industrie de la neige: C'est mort.

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