Ski : de l'activité partielle dans les Pyrénées face au manque de neige

L'activité des stations de ski dans les Pyrénées est fortement pénalisée par le manque de neige et le recours à l'activité partielle s'est généralisé ces derniers jours à l'ensemble de la chaîne de montagne. Les stations qui ne peuvent produire en masse de la neige artificielle ferment leurs remontées mécaniques et misent sur des activités hors ski alors que la fréquentation est pourtant très bonne dans les hébergements de montagne.
Luchon-Superbagnères, dernière station de Haute-Garonne encore ouverte, va refermer cette semaine, faute de neige.

« Pendant les vacances, il a fait entre 15 et 20 degrés à 1.000 mètres d'altitude et des températures positives même au-dessus de 3.000 mètres d'altitude sachant dans les Pyrénées, les stations culminent au maximum à 2.500 mètres. Il a même plu jusqu'au sommet du Pic du Midi », lance Akim Boufaïd, président de la section Pyrénées du syndicat Domaines skiables de France.

À l'instar des Alpes du Nord, où le modèle de la moyenne montagne a été mis à rude épreuve par le redoux observé pendant les vacances de Noël, l'activité des stations de ski dans les Pyrénées est fortement pénalisée par le manque de neige sur les domaines skiables. « Les baisses d'activité varient beaucoup entre les stations. Font Romeu Pyrénées 2000 tire bien son épingle du jeu grâce à des conditions météos plus favorables sur l'est de la chaîne et arrive à faire un début de saison identique à celui de l'année dernière. Mais beaucoup de stations ont vu leur activité divisée de moitié. Et plusieurs stations n'ont tout simplement pas pu ouvrir », développe Akim Boufaïd. Celui qui est aussi directeur de Saint-Lary, plus grand domaine skiable des Pyrénées françaises avec plus de 100 km de pistes, fait remarquer qu'il n'a pu ouvrir que « 20 à 30% de ses pistes, ce qui engendré 50% de baisse d'activité ». L'an passé, la station avait culminé à un niveau inédit de plus de 630.000 journées-ski et 19 millions d'euros de chiffre d'affaires grâce à un excellent enneigement.

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Activité partielle généralisée

Comme quasiment désormais l'ensemble des stations de la chaîne pyrénéenne, Saint-Lary a mis ses 210 salariés (dont 170 saisonniers) en activité partielle.

« Cela varie d'un jour de travail par semaine à quatre jours voire cinq jours pour certains collaborateurs qui ont des postes avec des compétences qui sont indispensables au quotidien », ajoute le directeur. 

Au-delà de la météo, c'est la capacité à fabriquer de la neige artificielle qui a permis aux stations de continuer à fonctionner partiellement. « Les stations qui sont ouvertes sur l'ensemble de la chaîne le sont grâce à la neige de production. À l'inverse, en Haute-Garonne, la station de Bourg-d'Oueil qui n'a pas du tout d'installations de production de neige n'a pas pu ouvrir. Le Mourtis (Haute-Garonne) et Guzet (Ariège), fermés actuellement, disposent seulement de petites capacités de neige de culture », ajoute Akim Boufaïd. Cette semaine, c'est au tour de Luchon-Superbagnères, dernière station de Haute-Garonne encore ouverte, de baisser le rideau.

Du côté de N'Py, plus puissant groupe des Pyrénées qui regroupe sept stations (dont Peyragudes et le Grand Tourmalet) pour 64 millions d'euros de chiffre d'affaires et 2,1 millions de journées-ski sur la dernière saison, on enregistre également une chute de revenus. « La baisse est de 16% par rapport à la moyenne des trois dernières saisons actives. Peyragudes et Cauterets (toutes deux dans les Hautes-Pyrénées) sont les stations les mieux loties avec 40% de pistes ouvertes. Deux stations n'ont pas pu ouvrir : Gourette et La Pierre Saint Martin dans les Pyrénées-Atlantiques, » informe Guillaume Roger, directeur opérationnel du groupe N'Py/Compagnie des Pyrénées. Les stations des Pyrénées-Atlantiques ont été les premières à mettre en place l'activité partielle durant les vacances suivies depuis cette semaine par l'ensemble du réseau qui emploie près de 800 équivalents temps et dont l'effectif peut culminer à 1.200 personnes au pic de la saison en février.

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Balades en chiens de traineaux... sans neige

Malgré la fermeture partielle des domaines skiables, la fréquentation reste bonne des Pyrénées. « À Saint-Lary, le taux d'occupation des hébergements progresse de 3% par rapport à l'an passé », note Akim Boufaïd. Même constat chez N'Py : « Nous avons 82 % de taux d'occupation cette semaine dans les hébergements avec beaucoup de touristes espagnols qui sont encore en vacances », relève Guillaume Roger. Certaines stations ont pu mettre à profit leurs investissements hors ski.

« Peyragudes a ouvert cette année une tyrolienne en bas des pistes. À La Pierre-Saint-Martin, l'activité de promenade en chiens de traîneau sur neige a été transformée. Les patins du traineau ont été remplacés par des roues pour proposer aux vacanciers des parcours sur piste dans la forêt », ajoute le directeur.

Pour autant, ce faux départ n'inquiète pas outre-mesure les professionnels du ski dans les Pyrénées qui ont connu un enneigement en dents de scie ces dernières années. « Nous avons réalisé 262.000 journées-ski depuis l'ouverture. C'est un niveau similaire à ce que nous avons pu connaître sur les saisons 2011-2012 et 2016-2017 et pour autant nous avions réussi sur ces années à dépasser les deux millions de journées annuelles, soit des chiffres d'une très bonne saison. Tout peut se jouer sur les prochaines semaines », commente Guillaume Roger.

Reste qu'au-delà de la fluctuation naturelle de l'enneigement d'une année sur l'autre, le modèle économique des stations des Pyrénées risque d'être de plus en plus fragilisé par le réchauffement climatique. Selon Météo France cité dans un rapport de la Cour des comptes en 2015, avec une hausse de température moyenne de deux degrés dans les décennies à venir pourrait faire perdre un mois d'enneigement en moyenne montagne.

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Commentaire 1
à écrit le 04/01/2023 à 18:04
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Le manque de neige est un problème récurrent depuis... l'avènement des canons à neige, donc ça ne date pas d'hier ! Des l'instant où il fut envisagé de créer de la "neige artificielle ", il etait évident que cela allait empirer et c'est bien ce qui ...

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