Pourquoi le Département de Haute-Garonne reprend le contrôle des stations de ski

Frappées de plein fouet par les aléas climatiques, les petites stations de ski des Pyrénées cherchent un second souffle. En Haute-Garonne, le Conseil départemental de Haute-Garonne va créer un syndicat mixte pour les stations de Luchon Superbagnères, Bourg d'Oueil, Le Mourtis et Peyragudes. Objectif : les aider à investir et mettre en commun certaines activités. Qu'en pensent les stations de ski ? Décryptage.
Luchon va intégrer un syndicat mixte créé par le Département de la Haute-Garonne.
Luchon va intégrer un syndicat mixte créé par le Département de la Haute-Garonne. (Crédits : Rémi Benoit)

"On connaît des années en dents de scie. S'il n'y a pas de neige à Noël, on met deux-trois saisons à s'en remettre financièrement", concède Patrice Gaut, le directeur de la station de ski de Luchon-Superbagnères. La station luchonnaise a réalisé 3,8 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière et totalise dans "les bonnes années" 220 000 journées-skieurs, une goutte d'eau au regard des 50 millions de recettes et des deux millions de forfaits ski du réseau N'Py qui capte plus de la moitié du marché dans les Pyrénées. Dès 2015, la Cour des comptes tirait la sonnette d'alarme : deux-tiers des stations pyrénéennes ne dépassent pas les 5 millions d'euros de chiffre d'affaires, avec un endettement allant jusqu'à 400% du chiffre d'affaires ! Et les choses ne sont pas prêtes de s'arranger. Selon Météo France citée dans le rapport, avec une hausse de température moyenne de deux degrés dans les décennies à venir, les stations de ski pourraient perdre un mois d'enneigement.

Lire aussi : Ski : comment les stations pyrénéennes s'adaptent au changement climatique

23 millions d'euros d'investissement

Face à cet endettement alarmant et les aléas climatiques, le Conseil départemental de Haute-Garonne a décidé de reprendre la main sur les stations de ski. Luchon-Superbagnères, Le Mourtis et Le Bourg d'Oueil vont rejoindre cette année un syndicat mixte. Cette nouvelle structure, qui devrait entrer en service en septembre prochain, sera détenue à 80% par le Département et à 20% par la communauté de communes des Pyrénées haut-garonnaises. Par ailleurs, la station de Peyragudes, à cheval entre la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées, va intégrer une société publique locale détenue à la fois par le syndicat mixte haut-garonnais et les collectivités des Hautes-Pyrénées.

"Cette organisation va permettre de mettre en place une direction unique, de mutualiser les moyens entre les stations pour les activités d'entretien, de réparation? Nous allons pouvoir aussi réaliser des campagnes de pub communes en mettant avant les spécificités de chaque station : la polyvalence et le thermalisme à Luchon, le sport à Peyragudes, l'ambiance familiale de Le Mourtis et la découverte de la nature à Bourg d'Oueil ", explique Georges Méric, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne.

Le syndicat mixte devrait également investir 23 millions d'euros d'ici 2021 sur les quatre stations dont 15 millions d'euros pour remplacer la télécabine de Luchon (un équipement qui peut coûter jusqu'à 18 millions d'euros). "Ce soutien nous donne de la crédibilité auprès des banques alors que quand le crédit repose sur trois communes, c'est plus risqué. La mutualisation va nous permettre d'avoir un qualiticien et un responsable des achats comme dans de grands réseaux comme N'Py ou Altiservice. Et puis pour la communication nous allons dépendre du comité départemental du tourisme qui a beaucoup plus de moyens marketing", se félicite Patrice Gaut.

Aller vers des stations "4 saisons"

Au-delà du soutien financier, l'objectif affiché par le Département est d'aller vers des stations de ski "4 saisons", une manière de compenser les années pauvres en neige. "Aujourd'hui, l'été nous rapporte 300 000 euros (sur 4 millions d'euros annuel de chiffre d'affaires), il faudrait arriver à 1 million d'euros pour rééquilibrer la balance.Nous devons développer les activités VTT,  les randonnées et le thermalisme", détaille le directeur de Luchon-Superbagnères. Les thermes, un atout qui pourrait permettre aux Pyrénées de se distinguer par rapport aux Alpes, à condition là encore d'investir.

"Nous accueillons déjà 13 000 curistes et 300 000 nuitées. Il y a déjà 23 salariés qui font la saison de ski et qui travaillent le reste du temps aux thermes, cela permet de les fixer sur le territoire. Mais les envies des curistes évoluent. Avant ils ne venaient que pour les soins, désormais il faut trouver de nouvelles activités pour l'après-midi quand les thermes ferment", constate Patrice Gaut. Au pied du mur, les stations de ski sont condamnées à revoir leur modèle économique. Même si aucune activité de diversification n'arrive pour le moment à la rentabilité générée par les remontées mécaniques...

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