Aéronautique : Recaero met 5 millions pour moderniser ses usines en Ariège et grandir en Inde

L'entreprise familiale ariégeoise qui produit des pièces de rechange pour Airbus, Safran et Dassault va investir cinq millions d'euros cette année. L'enveloppe vise à équiper ses usines françaises de machines plus modernes et à doubler la surface de son site à Bangalore. Recaero aimerait en parallèle racheter une usine pour mettre un pied sur le sol américain.
Recaero va investir cinq millions d'euros cette année pour équiper ses usines françaises de machines plus modernes et va doubler la surface de son site à Bangalore.
Recaero va investir cinq millions d'euros cette année pour équiper ses usines françaises de machines plus modernes et va doubler la surface de son site à Bangalore. (Crédits : Recaero)

Trente ans après sa création, le spécialiste ariégeois de la pièce de rechange aéronautique continue de creuser son sillon. « Recaero est une entreprise familiale créée par mon père en 1993 pour répondre à un besoin très particulier : la fabrication de pièces de rechange pour les avions, hélicoptères et moteurs associés qui ne sont plus produits en série mais qui continuent à être opérés. C'est le cas par exemple aujourd'hui de l'Airbus A380 qui vole de plus en plus même s'il n'est plus produit en série », recontextualise Nicolas Pobeau.

C'est sur cette niche que l'entreprise ariégeoise a bâti son succès avec des contrats pour Airbus, Safran et Dassault. Dans les cas les plus extrêmes, par exemple si un avion est immobilisé au sol en attente de la pièce de rechange pour redécoller, la société a 24h à 48h pour livrer la commande. Pour tenir ces cycles courts, Recaero évite le recours à la sous traitance et dispose en interne de toute une palette de métiers pour façonner les pièces : usinage, chaudronnerie, soudure, traitement de surface, peinture, composite...

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Retour au niveau d'avant-crise

Outre son siège historique à Verniolle qui emploie 280 salariés, Recaero détient un petit site de 20 collaborateurs spécialisé dans les pièces composites à Mirepoix et depuis 2007 la société a construit une usine à Bangalore en Inde regroupant 280 collaborateurs.

Après le trou d'air traversé durant la crise sanitaire, (son chiffre d'affaires de 53 millions d'euros a été divisé par deux), Recaero a depuis repris son envol.

« Nous avons beaucoup souffert parce que les clients avaient des stocks de pièces de rechange non utilisés du fait de l'effondrement du trafic aérien et donc commandaient très peu. Nous avons dû mettre en place du chômage partiel en France et diviser par deux les effectifs sur l'Inde. Mais aujourd'hui, le trafic aérien a retrouvé son niveau d'avant-crise. Nos clients ont consommé leurs stocks de pièces et nous rappellent à nouveau. L'activité est importante d'autant que nous travaillons aussi sur les nouveaux moteurs et le chasseur de nouvelle génération », explique le dirigeant.

Et pour être moins dépendant des fluctuations des cycles de production aéronautique, la société consacre un tiers de son activité à la production en série de pièces de rechange pour ses clients aéronautiques.

Doubler de taille en Inde

Son chiffre d'affaires est remonté à 40 millions d'euros en 2022, Recaero vise la barre des 50 millions pour cette année et projette 60 à 70 millions en 2025. Face à ces perspectives de croissance, la société détenue à 63% par la famille Pobeau et à 37% par le fonds toulousain iXO Private Equity a décidé d'investir cinq millions d'euros cette année. Une enveloppe de 2,7 millions vise à doter ses usines ariégeoises d'équipements plus modernes. « Nous allons muscler notre site composites de Mirepoix avec une machine à détourage cinq axes. Sur notre usine historique, nous allons remplacer deux tours-fraiseurs qui étaient vieillissants, changer un four de traitement thermique, une plieuse, une cintreuse... », détaille Nicolas Pobeau.

 Le reste des investissements sera consacré à agrandir l'usine de Bangalore. « Nous sommes vraiment à l'étroit avec 280 collaborateurs sur 2.600 m2 donc nous allons doubler la superficie. Cela nous permettra aussi de nous passer de la sous-traitance indienne qui coûte cher car en situation de monopole et de retrouver plus d'autonomie », avance le chef d'entreprise. Ce site indien est consacré exclusivement à la production en série de pièces de rechange pour Safran, Thales et Dassault notamment dans le cadre des marchés de compensation de la vente des Rafale.

Cap sur les États-Unis

En parallèle, l'entreprise ariégeoise aimerait mettre un pied sur le sol américain en rachetant une usine déjà existante.

« Faire de la pièce de rechange pour le marché américain depuis la France, nous avons déjà essayé, ça ne marche pas. Notre activité reste un métier de proximité. D'où l'idée de rechercher une usine dans un axe Ohio-Texas. General Electric est par exemple implanté dans l'Ohio avec aussi une proximité avec le Canada et Bombardier. Nous serions intéressés sinon de nous rapprocher de Mobile en Alabama (où Airbus dispose d'une ligne d'assemblage, NDLR) ou du Texas où sont implantés beaucoup d'acteurs aéronautiques », avance Nicolas Pobeau.

En attendant de trouver la perle rare, Recaero continue d'embaucher sur ses trois sites. Une trentaine de postes sont à pourvoir et notamment des opérateurs du monde numérique, des chaudronniers, des ajusteurs, des ingénieurs qualité... Face à la pénurie de talents de la filière, l'entreprise a relancé son propre centre de formation qui dispense des formations courtes (via des CQPM) pour ses propres besoins mais également au profit d'une vingtaine de sociétés aéronautiques ariégeoises dont Aubert & Duval et Gardner Aerospace.

 « Il y a beaucoup de reconversions professionnelles avec quelques belles histoires. Nous avons dans nos effectifs des anciens comptable, une femme qui faisait des ménages devenue chaudronnière, une salariée qui gardait des enfants... Mais le recrutement reste compliqué. Il faudrait arriver à rendre sexy les métiers de l'industrie », conclut Nicolas Pobeau.

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2023 à 11:55
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Bonjour, Bien une entreprise française moderniser ses centres de production... Incroyable, d'habitude sa ferme et sa par a l'étranger... Bien sur, avec le besoin de souveraineté, et la nécessité de mantenir les centre de production au plus prê...

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