Ingénieur et maraîcher en même temps, une association toulousaine défend la polyactivité

Changer son quotidien professionnel pour profiter à la société, c’est la volonté de l’association toulousaine Les Ateliers Icare. Après une première phase de test et deux espaces de pratique, l’association veut démocratiser la polyactivité et développer son volet financier.
Testeurs de la polyactivité en plein travail chez un maraîcher.
Testeurs de la polyactivité en plein travail chez un maraîcher. (Crédits : Les Ateliers Icare)

Quatre jours dans son emploi actuel et un jour au service d'une mission écologique ou sociale, c'est ce qu'expérimente l'association toulousaine Les Ateliers Icare. L'association encourage les salariés des secteurs industriels, comme l'aéronautique, à choisir la polyactivité pour associer travail et écologie.

Ce collectif est né pendant le confinement, en réponse à une lettre de L'Atelier d'écologie politique de Toulouse (Atécopol), pour interpeller les salariés de l'aéronautique sur les effets du secteur face à l'environnement. Depuis l'association s'est ouverte à d'autres secteurs tels que le maritime, le numérique, le transport routier, l'industrie lourde, l'agriculture.

Rassemblant essentiellement des salariés qui s'interrogent sur la perte de sens de leur activité par rapport aux enjeux écologiques et sociaux, le collectif compte actuellement une quarantaine d'adhérents. Après avoir testé le concept avec une dizaine de ses membres en Haute-Garonne, l'association mène en ce printemps une nouvelle phase d'expérimentation.

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« Une passerelle pour sortir de la culture du CDI »

À l'origine ingénieur chez Airbus, Frédéric Berthelot a quitté son emploi en 2021 face à une perte de motivation, pour reprendre des études d'éco-ingénierie. Aujourd'hui, il est à mi-temps bénévole chez un maraîcher et salarié pour l'association.

Il insiste sur le choix de cette polyactivité : « Aujourd'hui, beaucoup subissent cette polyactivité, à cause de la rémunération ou aussi parce que les activités sont saisonnières. Le but était de découvrir différents métiers en fonction des capacités de chacun, de passer du temps avec les agriculteurs, découvrir leur activité et en capter ses spécificités. Notre souhait déjà, c'était vraiment de fonctionner par expérimentation successive pour du concret plutôt que de poser un grand projet sur le papier ».

Pour lui, les Ateliers Icare offrent « un espace de reconversion et une passerelle pour essayer une autre activité en sortant de cette culture du CDI de cinq jours comme seul parcours professionnel ».

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Depuis un an, Les Ateliers Icare proposent sur deux espaces de la région toulousaine la polyactivité au sein des métiers de l'agriculture, chez deux maraîchers (l'un à Blagnac et l'autre à Pujaudran dans le Gers). « Ces phases d'expérimentation permettent de tester le concept en prenant quelques jours de congés ou en s'organisant sur le week-end. Nous préférerions quand même que cela ne soit pas du travail en plus, mais plutôt du remplacement », ajoute-t-il.

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Rémunérer ces temps d'expérimentation

L'association a organisé mi-mars un événement au conseil départemental de Haute-Garonne pour lancer l'expérimentation sur toute la France, avec une dizaine de fermes et d'associations partenaires. Les Ateliers Icare visent au moins une centaine d'actifs adhérents pour massifier l'expérimentation.

Ces phases de tests sont aujourd'hui bénévoles, mais l'association travaille cette année sur des solutions de rémunération en impliquant les entreprises. La structure recherche aussi des partenariats. Des échanges sont ouverts avec le département et la région Occitanie. La réflexion se penche également vers d'autres structures, comme Transition pro et France Travail.

« Nous avons déjà beaucoup de partenariats officieux, nous nous connaissons et nous nous entraidons, comme avec Terre de lien, AMAP ou encore Planète RSE à Toulouse. Le but maintenant serait d'avoir un partenariat officiel avec Wwoof France (organisation pour favoriser le woofing autrement dit travailler au sein d'une ferme biologique en échange du gîte et du couvert) », détaille le co-président.

Icare ambitionne aussi de proposer un projet de loi avant les prochaines présidentielles pour que chaque salarié puisse avoir une journée par semaine a minima dédiée à une activité écologique ou sociale. Pour le moment centré sur les métiers de l'agriculture, l'ouverture à d'autres secteurs comme les métiers du soin restent dans le viseur, notamment avec une réflexion sur les EPHAD.

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Commentaire 1
à écrit le 02/05/2024 à 20:05
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