Comme de nombreux sous-traitants aéronautiques, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a fait émerger en interne, au sein de Gardner Aerospace, une volonté d'innover. Pour surmonter cette période, l'entreprise basée à Mazères (Ariège), et historiquement spécialisée sur des activités de chaudronnerie et d'assemblages complexes, vient d'investir dans des équipements d'usinage.
"Avec cette initiative, notre objectif est de préserver les emplois et de réduire les temps de cycle industriel avec nos fournisseurs, pour satisfaire au mieux nos clients", justifie Patrick Lagrange, le directeur du site de Gardner Aerospace à Mazères.
Au total, ce sont ainsi 2,5 millions d'euros qui ont été injectés dans les outils de production, causant une réorganisation des 6.000 m2 d'ateliers, dans le cadre de ce plan nommé "Ambition 2022". Néanmoins, la société a pu bénéficier de 875.000 euros de subvention de France Relance, à travers le fonds de soutien à la modernisation aux filières aéronautique et automobile.
"L'objectif de ce plan est de transformer le site en un site encore plus productif. Jusqu'à présent, nous sous-traitions beaucoup de pièces en usinage. Mais c'est une activité dont nous avons besoin tous les jours dans nos métiers. Désormais, nous internalisons cette partie usinage", ajoute le patron, dont ce changement a généré l'achat de machines à laser 2D.
Gardner Aerospace internalise certaines activités pour protéger ses emplois (Crédits : Rémi Benoit).
Adhérente au programme Industrie 4.0 du Gifas, Gardner Aerospace à Mazères veut investir 3,2 millions d'euros en la matière sur son site pour des appareils d'impression 3D et des logiciels de pilotage de production (MES) afin d'exploiter la data. Seulement, la structure est dans l'attente d'une subvention de la BPI car le financement de cet investissement uniquement en fonds propres s'annonce compliqué.
De nouveaux des postes ouverts
Côté emploi, ces investissements devraient permettre l'ouverture de 10 recrutements d'ici la fin de l'année 2022. "On vient de créer une activité d'usinage donc nous cherchons des compétences dans ce domaine. Mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas donc le marché est très dynamique, voire en tension", commente Patrick Lagrange.
Aujourd'hui, le sous-traitant de rang 1 emploie 149 personnes, contre 178 avant le début de la crise sanitaire. Sur ces 18 mois, la société a ainsi mené une rupture conventionnelle collective, qui a concerné 16 personnes à Mazères, sans parler de la signature d'un accord de performance collective (APC) qui a instauré le gel des salaires et la suppression des bonus pour les managers.
Comme d'autres entreprises, l'usine aéronautique de Mazères est confrontée à des difficultés de recrutement (Crédits : Rémi Benoit).
Par ailleurs, Gardner Aerospace a fermé durant la période d'instabilité sanitaire son site de Colomiers, dédié à l'usinage en petites séries, après que la Covid-19 ait eu raison de ses repreneurs potentiels. Dès lors, ce sont neuf personnes supplémentaires qui ont quitté la société, malgré la proposition d'être muté en interne du côté de Mazères. Cette vente avortée intervient quelques temps après la vente d'une autre filiale de la société également en Ariège, et plus précisément à Belesta, à Jinjiang Sabart Aero Tech (propriété du groupe chinois Jinjiang, anciennement propriétaire de la fonderie SAM).
Une pente à remonter
Bien que le site de Mazères de Gardner Aerospace recrute, les stigmates de la crise sanitaire sont encore présents entre les murs de la société, elle qui a perdu 47 millions d'euros depuis début 2020 et souscrit à deux PGE pour un montant total de 12 millions. Depuis le 1er juillet, les salariés sont dans un régime d'activité partielle de longue durée (APLD).
Le groupe Gardner Aerospace est la propriété du chinois LAT depuis 2018 (Crédits : Rémi Benoit).
"Mais on sent les frémissements de la reprise", commente Patrick Lagrange, à l'image de la production de la structure des caissons centrales des ATR 72 confiée à la société par Stelia Aerospace, qui deviendra prochainement Airbus Atlantic. Après avoir produit une seule unité de cette pièce en 18 mois, la société - qui travaille également sur les programmes de l'A350, de l'A330 Néo ou encore de l'A320 - a reçu plusieurs commandes de la part de Stelia rien pour l'année 2022. "Nous allons sortir des collaborateurs de l'APLD", se réjouit Ludovic Denis, le directeur du développement à Mazères.
Gardner Aerospace s'est vu confier par Stelia la production des caissons centrales des ATR (Crédits : Rémi Benoit).
Dans les faits, le site Gardner Aerospace de Mazères appartient au groupe britannique du même nom, qui détient lui-même plusieurs sous-traitants aéronautiques dans le monde entier. Sur cette question du caisson centrale pour les ATR, Mazères assemble les pièces issues des autres implantations du groupe dans le monde. Au total, ce sont 1.400 personnes employées par Gardner Aerospace aujourd'hui, contre 2.200 avant la crise sanitaire. Preuve de l'importance du site ariégeois dans cette entité détenue par le groupe chinois LAT, Mazères devrait apporter un chiffre d'affaires de 26 millions d'euros en 2021 sur un total de 120 (contre 220 en 2019).
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !