Spatial : Hemeria rachète Cnim Air Space et ses ballons stratosphériques

L'équipementier spatial toulousain Hemeria prend le contrôle de Cnim Air Space qui devient Hemeria Airship. Implantée au sud de Toulouse, la société développe depuis les années 70 des ballons stratosphériques pour des programmes scientifiques et s'est orientée plus récemment vers les ballons captifs, une alternative plus écologique et économique aux hélicoptères pour des missions de surveillance.
(Crédits : Rémi Benoit)

Cnim Air Space change de mains. Le spécialiste des ballons gonflés à l'hélium pour des missions scientifiques et de défense vient d'être racheté par l'équipementier spatial toulousain Hemeria et change par la même occasion de nom en devenant Hemeria Airship.

Un acteur historique des ballons stratosphériques

Implanté depuis 1971 à Ayguesvives, au sud de Toulouse, le site de production appartenait à l'origine à la division espace de Zodiac Marine avant d'être repris par Airstar en 2015 et finalement rejoindre en 2019 le giron du groupe Cnim. L'usine était historiquement dédiée à la confection de ballons envoyés dans la stratosphère pour des missions scientifiques à destination notamment du Cnes, de protections thermiques des satellites pour les grands fabricants européens (Airbus, Thales). Depuis 2015, c'est une nouvelle activité qui a pris un essor grandissant, celle des ballons captifs positionnés à basse altitude pour des missions de surveillance.

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Mais en début d'année, la maison-mère Cnim, proche de la faillite, a demandé l'ouverture d'une procédure de sauvegarde. L'opportunité pour Hemeria d'ajouter une nouvelle corde à son arc.

« Hemeria développe des nanosatellites qui permettent d'envoyer dans l'espace des capteurs et des charges utiles. Nous fournissons aussi des tourelles de trajectographie pour assurer un suivi d'équipements depuis le sol. Les ballons viennent compléter notre gamme en étant positionnés dans un espace intermédiaire par rapport aux nanosatellites et aux tourelles, entre quelques centaines de mètres et 35 kilomètres d'altitude », fait valoir Nicolas Multan, directeur général d'Hemeria.

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Théâtres d'opération et tourisme spatial

Le dirigeant de l'équipementier spatial croit au potentiel de ses aérostats : « Les ballons offrent un double intérêt. Ils permettent d'être au-dessus d'un point fixe pendant plusieurs mois de manière beaucoup plus économique qu'une constellation de satellites. Ensuite, une fois gonflés à l'hélium, la portance des ballons est assurée alors que pour les mêmes missions des hélicoptères ou des drones vont avoir besoin régulièrement de faire le plein de carburant ou d'électricité.»

cnim air space

Cnim Air Space s'est doté d'une ligne d'assemblage pour les ballons captifs envoyés à basse altitude. (Crédits : Rémi Benoit)

Les ballons peuvent être utilisés sur les théâtres d'opération pour la surveillance d'une frontière par exemple. La société prépare également une démonstration dans le cadre des JO de Paris en 2024. Les aérostats pourraient être positionnés au-dessus des stades pour offrir une vision à 360° et maximiser la surveillance. Autre cas d'usage, les ballons peuvent servir de support de charges utiles de défense. « Avec le ballon, il serait possible de protéger la stratosphère des missiles intercontinentaux. Quand on les observe depuis le sol, c'est déjà trop tard au vu de leur vitesse très importante mais il serait intéressant de les intercepter depuis la stratosphère. Les ballons peuvent faire partie de la dissuasion », commente Nicolas Multan. Preuve de l'intérêt du secteur de la défense, le fonds souverain Definvest du ministère des Armées reste détenteur de 15% du capital de la nouvelle entité Hemeria Airship.

Déjà utilisés pendant la Première guerre mondiale et lors du Débarquement en 1944, les ballons ont retrouvé un intérêt croissant depuis la guerre en Afghanistan. « Le ministère de la Défense américain dépense des centaines de millions voire des milliards de dollars sur cette thématique », ajoute le nouveau DG d'Hemeria Airship. Au-delà des applications pour le secteur de la défense, Hemeria perçoit des débouchés via l'essor du tourisme spatial. Des sociétés comme Zephalto ou Stratoflight proposent des voyages dans l'espace en ballon. Avec le rachat de Cnim Air Space (10 millions d'euros de chiffre d'affaires et 70 salariés), Hemeria va atteindre un effectif de 370 personnes pour 60 millions d'euros de chiffre d'affaires.

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