Cnim Air Space fait décoller son activité de ballons captifs près de Toulouse

Historiquement positionné sur la confection de ballons stratosphériques pour des missions scientifiques du Cnes, la filiale toulousaine Cnim Air Space vient d'investir dans une nouvelle ligne d'assemblage pour les ballons captifs. Ces derniers représentent une alternative plus écologique et économique aux hélicoptères pour des missions de surveillance. L'entreprise développe également avec RTE des dirigeables drones qui pourraient être produits en série dans les années à venir.
Cnim Air Space a développé avec RTE un dirigeable-drone pour inspecter les lignes à haute tension.
Cnim Air Space a développé avec RTE un dirigeable-drone pour inspecter les lignes à haute tension. (Crédits : Rémi Benoit)

"La fabrication des ballons captifs était encore réalisée de manière artisanale. Pour suivre l'essor du marché, nous avons décidé de l'automatiser", lance Gaëtan Breurec, directeur général de Cnim Air Space. La société vient d'investir 400.000 euros dans une nouvelle ligne d'assemblage motorisée pour ses ballons reliés au sol par un câble et destinés à des missions de surveillance à basse altitude.

Implanté depuis 1971 à Ayguesvives, au sud de Toulouse, le site de production appartenait à l'origine à la division espace de Zodiac Marine avant d'être repris par Airstar en 2015 et finalement rejoindre en 2019 le giron du groupe Cnim. L'usine était historiquement dédiée à la confection de ballons expérimentaux positionnés entre 18 et 45 km d'altitude pour des missions scientifiques (astronomie, cosmologie, étude environnementale) du Cnes et de l'agence spatiale suédoise. Une activité qui représente toujours 30% du chiffre d'affaires de Cnim Air Space (qui a atteint cinq millions d'euros en 2019). C'est l'un de ses ballons qui sera utilisé par exemple à l'automne prochain pour la campagne d'observation Stratéole-2 sur la dynamique de l'atmosphère dans la zone intertropicale. Cnim Air Space fabrique également des protections thermiques des satellites (qui ressemblent à des couvertures de survie) pour les grands fabricants européens (Airbus, Thales). Elle réalise aussi les enveloppes du programme Stratobus.

Lire aussi : Stratobus, le "game changer" de Thales toujours en salle d'attente

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Cnim Air Space fabrique les enveloppes des ballons de Stratobus ou de missions scientifiques du Cnes (Crédits : Rémi Benoit).

Nouvel élan pour les ballons captifs en Europe

Mais depuis 2015, c'est une nouvelle activité qui a pris un essor grandissant, celle des ballons captifs positionnés à basse altitude pour des missions de surveillance. Elle pèse à elle seule près de la moitié du chiffre d'affaires de la société, avec Thales pour principal client.

"Ce type de ballons était déjà utilisé pendant la Première guerre mondiale et lors du Débarquement en 1944. Mais l'Europe a redécouvert leur usage lors de la guerre en Afghanistan. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette nouvelle croissance du marché des ballons captifs. Aujourd'hui, les charges utiles sont plus légères et permettent d'utiliser un ballon. Leur coût est également beaucoup plus faible que d'utiliser un aéronef pour une mission", analyse Gaëtan Breurec.

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Gaëtan Breurec, directeur général de Cnim Air Space (Crédits : Rémi Benoit).

Cnim Air Space a remporté en 2019 et 2020 plusieurs commandes pour le secteur de la défense et de la sécurité mais aussi un contrat pour Frontex visant la surveillance maritime. Les cas d'usage sont multiples.

"Pour surveiller un stade, soit vous mettez beaucoup d'agents au sol avec une vue plane, soit vous mettez un ballon en altitude et vous avez une vision à 360° vous permettant de réduire le nombre de personnes de surveillance mais de maximiser la surveillance. C'est une option qui est à l'étude pour les JO de Paris en 2024", détaille le dirigeant.

Autre cas de figure, les forces françaises au Sahel peuvent l'utiliser pour de la dissuasion. Les assaillants vont voir un ballon à 100 ou 200 mètres d'altitude.Mais à la différence du drone qui va tomber si on lui tire dessus, un ballon restera en l'air plusieurs heures car le volume d'air est très important et il mettra beaucoup de temps à se vider. Il n'y a donc aucun risque de chute pour la population autour."

Un ligne d'assemblage motorisée

Pour optimiser la production de ces ballons, Cnim Air Space a donc implanté une ligne d'assemblage de 55 mètres de long. Elle a la particularité d'être motorisée, autrement dit au lieu que les opérateurs se déplacent au fur et mesure de l'avancement de l'assemblage, ils sont désormais postés sur la machine qui progresse le long de la ligne. "Porter l'ensemble du ballon est très lourd, ce qui générait beaucoup de fatigue et des mauvaises postures", commente Gaëtan Breurec.

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Nouvelle ligne d'assemblage pour les ballons captifs (Crédits : Rémi Benoit).

Cnim Air Space planche également sur un nouveau type de ballons, des dirigeables drones. La société a développé en collaboration avec RTE le démonstrateur Diridrone, utilisé par le gestionnaire de réseau pour automatiser l'inspection des lignes haute tension.

"Ce ballon-drone a l'avantage de pouvoir rester en l'air pendant deux jours avec une capacité de charge utile de 15 kg. En comparaison un drone simple de type DJI a une autonomie de 20 minutes à une heure et les drones reliés au sol par un câble atteignent seulement six à huit heures d'autonomie. L'autre apport du dirigeable drone est qu'il n'est pas bruyant comparé à un hélicoptère, c'est un produit très visible avec donc moins de risque de collision. Il est aussi plus écologique car il consomme très peu d'énergie ce qui intéresse RTE de même que le fait de pouvoir intervenir sans mettre les lignes hors tension et donc sans risque de coupure d'électricité", met en avant le dirigeant.

Après une première expérimentation concluante à l'automne dernier sur un site RTE du Breuil en Corrèze, Cnim Air Space aimerait à terme faire de ce ballon-drone un produit fabriqué en série pour d'autres missions de surveillance des lignes ferroviaires notamment.

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Cnim Air Space prévoit de recruter en 2021 (Crédits : Rémi Benoit).

Doté actuellement d'un effectif de 65 salariés, la société prévoit six à huit créations de postes en 2021 mais aussi plusieurs remplacements après des départs en retraite sur des emplois de techniciens et d'ingénieurs.

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