Spatial : en pleine croissance, Erems double la taille de ses locaux

La discrète PME toulousaine Erems fournit des équipements électroniques pour tous les programmes phares du spatial : constellation Pléiades Neo pour Airbus, Iridium Next pour Thales, missions de Thomas Pesquet dans l'ISS. En pleine croissance, l'entreprise veut construire une extension pour doubler la surface de ses locaux et prévoit une vingtaine de recrutements en 2021.
Erems va recruter une vingtaine de salariés en 2021.
Erems va recruter une vingtaine de salariés en 2021. (Crédits : Florine Galéron)

Le 29 avril dernier, le lanceur Vega a mis en orbite le premier des quatre satellites de la constellation Pléiades Neo, produite par Airbus Defence and Space et capable de fournir des images d'une résolution de 30 cm en quasi temps réel. Ce que l'on sait moins, c'est que l'essentiel de l'électronique de l'instrument optique a été réalisé par la PME toulousaine Erems. "Depuis 2016, nous sommes l'un des partenaires principaux d'Airbus sur ce programme et cette constellation représente pour nous des dizaines de milliers d'heures de travail", se réjouit Gérard Dejonghe, président d'Erems.

Fondée en 1979, cette PME implantée à Flourens dans l'agglomération toulousaine s'est à l'origine positionnée sur le développement d'instruments électroniques pour les vols habités. "Nous avons équipé tous les astronautes français depuis la mission de Patrick Baudry en 1985. Certains, comme Jean-François Clervoy, sont venus avant le départ dans nos locaux pour essayer du matériel",  se remémore le dirigeant. La société est devenue au fil des décennies un gros pourvoyeur d'éléments pour la station spatiale internationale (ISS). Pour Proxima, la première mission de Thomas Pesquet dans l'espace, Erems avait développé l'instrument de l'expérience Echo, un dispositif d'échographies réalisées à distance par un robot.

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pesquet telemaque

Lors de la mission Alpha, Thomas Pesquet va tester une pince acoustique qui permet de déplacer des objets sans les toucher. (Crédits : DR)

Pour Alpha, la PME a réalisé le boîtier électronique et les câbles de l'instrument Télémaque qui vise à faire bouger des objets sans contact. Une pince permet grâce à la force exercée par les ondes acoustiques de les déplacer à distance, y compris à travers un obstacle (comme une paroi). Si les résultats sont concluants, cette technique pourrait être utilisée afin de déplacer des calculs rénaux ou de délivrer des médicaments à un endroit précis du corps humain.

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Une activité observation de la Terre en forte croissance

Mais au-delà de cette activité historique, Erems a fortement développé depuis les années 2000 son activité à destination des satellites d'observation de la Terre et des autres astres.

"Après l'explosion de la bulle des télécoms, le secteur spatial a connu en 2004 une baisse de ses effectifs de 35% dans toute l'Europe. En parallèle, il y a eu l'accident de la navette spatiale américaine en février 2003 (qui a fait sept morts, ndlr). Les vols habités ont été encore plus impactés. Il était urgent de trouver d'autres activités", pointe Gérard Dejonghe.

Entré en 1991 dans la PME, Gérard Dejonghe a pris la direction d'Erems en 2005, au départ à la retraite des fondateurs. Il engage alors une diversification accrue de l'entreprise. Erems remporte ses premiers marchés dans le domaine de l'observation de la Terre pour Airbus avec le programme Alsat-2. "Aujourd'hui, l'observation de la Terre est le fer de lance de notre activité", remarque le dirigeant. En quelques années, la société est devenue incontournable sur ce type de missions. Dernièrement, elle a également fourni des équipements électroniques pour la sonde Solar Orbiter, une nouvelle mission de l'ESA et de la NASA pour observer le Soleil, pour la constellation Iridium Next de Thales et en développe pour celle de Kinéis, etc. C'est aussi Erems qui fournira à Airbus un équipement en charge du contrôle des interfaces avioniques du vaisseau chargé de ramener les échantillons de Mars sur Terre dans le cadre de la mission Mars Sample Return.

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Erems participe également à la constellation optique CO3D pour le Cnes qui doit livrer des images en trois dimensions de la surface de la Terre. Avec la particularité de travailler pour ce programme New Space à partir de composants du monde automobile (et non de pièces spécialement conçues pour le spatial).

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Erems fournit des équipements pour la constellation Pléiades Neo (Crédits : Florine Galéron).

Des recrutements malgré la crise

Une accumulation de contrats qui a généré une forte croissance de l'entreprise. La PME, qui comptait seulement 28 salariés en 2005, culmine aujourd'hui à 170 collaborateurs et continue à recruter.

"Depuis le début de la Covid, nous avons réalisé 33 recrutements. En particulier, depuis début janvier 2021, nous avons embauché 12 personnes (ingénieurs en électronique analogique, en numérique, et en logiciel embarqué). Nous pensons encore renforcer dans les mois qui viennent l'effectif, ce qui représentera sur la totalité de 2021 une vingtaine de recrutements", fait savoir le président d'Erems qui a réalisé 15 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'exercice 2019-2020 et prévoit d'atteindre 16,5 millions d'euros en 2020-2021.

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Erems a recruté dernièrement des ingénieurs (Crédits : Florine Galéron).

Une extension des locaux d'ici à fin 2022

La société a peu de difficultés à faire venir les ingénieurs attirés par "la part de rêve" de collaborer à des missions scientifiques vers d'autres planètes, des satellites d'observation de la Terre ou des instruments qui seront manipulés par les astronautes.

Erems est en revanche à l'étroit depuis quelques années dans ses locaux. "Au moment où nous avons remporté le contrat sur la constellation Pléiades Neo, nous avons pris une location chez un voisin dans la zone industrielle. Nous avons également installé des bâtiments préfabriqués", détaille Gérard Dejonghe. Une solution provisoire qui lui permet de disposer de 3.000 m2 de locaux, soit le double de ses bâtiments historiques. Mais pour faire face à une croissance durable, la PME compte déposer un permis de construire d'ici à cet été pour bâtir une extension et porter à plus de 3.000 m2 ses locaux en dur. La livraison de ces nouveaux bâtiments est attendue fin 2022.

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