Thomas Pesquet embarque dans l'ISS le savoir-faire spatial toulousain

L'épopée de Thomas Pesquet, en partance ce vendredi 23 avril pour une seconde expédition dans l'ISS avec la mission Alpha, s'appuie sur l'expertise de PME à Toulouse, grandes pourvoyeuses d'instruments scientifiques pour les agences spatiales. Des sociétés qui recrutent même en temps de crise.
Lors de la mission Alpha, Thomas Pesquet va tester une pince acoustique conçue à Toulouse par deux PME qui permet de déplacer des objets sans les toucher.
Lors de la mission Alpha, Thomas Pesquet va tester une pince acoustique conçue à Toulouse par deux PME qui permet de déplacer des objets sans les toucher. (Crédits : DR)

"Nous avons équipé tous les astronautes français depuis la mission de Patrick Baudry en 1985. Certains, comme Jean-François Clervoy, sont venus avant le départ dans nos locaux pour essayer du matériel", se remémore Gérard Dejonghe, président d'Erems. Cette PME implantée dans l'agglomération toulousaine a été fondée en 1979. Dès sa création, elle s'est positionnée sur le développement d'instruments électroniques pour les vols habités. La société est devenue au fil des décennies un gros pourvoyeur d'éléments pour la station spatiale internationale (ISS) que rejoindra vendredi 23 avril Thomas Pesquet pour une seconde mission dans l'espace.

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Lors de son premier voyage dans l'ISS en 2016 pour la mission Proxima, l'astronaute français avait déjà embarqué quelques instruments made in Toulouse. Erems avait ainsi fourni un échographe pilotable à distance, un dispositif utile sur Terre par exemple dans les déserts médicaux.

thomas pesquet

Thomas Pesquet avait expérimenté lors de sa première mission un échographe pilotable à distance mis au point par Erems (Crédits : Rémi Benoit).

Challenge technique

Pour Alpha, la PME a contribué à une nouvelle expérience, baptisée Télémaque et qui vise à faire bouger des objets sans contact. Une pince permet grâce à la force exercée par les ondes acoustiques de les déplacer à distance, y compris à travers un obstacle (comme une paroi). Si les résultats sont concluants, cette technique pourrait être utilisée afin de déplacer des calculs rénaux ou de délivrer des médicaments à un endroit précis du corps humain.

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Erems a réalisé le boîtier électronique et les câbles de l'instrument. La partie mécanique de la pince a elle été réalisée par une autre société toulousaine, Comat. Cette dernière a également fourni le boîtier pour l'expérience autour du blob. Cette espèce unicellulaire qui fascine les scientifiques sera observée à la fois en orbite et sur Terre dans 2.000 classes en France.

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BLOB

Échantillons de blob (Crédits : Rémi Benoit).

Une expérience pédagogique pour étudier les variations du blob suivant l'environnement. Comat a dû mettre au point un boîtier sur mesure doté d'une seringue pour nourrir le blob dans l'ISS.

Une vitrine pour l'international et le recrutement

Au-delà du challenge technique, l'entreprise compte sur le voyage spatial de Thomas Pesquet pour gagner en visibilité.

"C'est un outil de vitrine technologique dans un monde qui s'internationalise de plus en plus. Notre société, acteur historique de la microgravité, ambitionne de couvrir à la fois l'Europe, dont Toulouse est le quartier général, mais aussi au-delà en Asie et aux Etats-Unis. Pour y parvenir, nous devons être un peu plus visibles des Américains, des Chinois", explique Ludovic Daudois, directeur général de Comat.

La société a même décidé de sponsoriser de nouveaux espaces d'exposition au coeur de la Cité de l'espace à Toulouse.

"Ce partenariat avec la Cité de l'espace va nous permettre de mettre en avant les métiers du spatial. Au-delà de la visibilité à l'international, être présent constitue aussi un levier de recrutement pour notre société", met en avant Ludovic Daudois, à la tête de Comat, PME de 100 collaborateurs qui compte embaucher une dizaine de personnes en 2021.

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Même en temps de crise, Erems continue elle aussi à agrandir ses effectifs. "Depuis le début de la Covid, nous avons réalisé 33 recrutements. En particulier, depuis début janvier 2021, nous avons embauché 12 personnes (ingénieurs en électronique analogique, en numérique, et en logiciel embarqué). La société compte aujourd'hui 170 salariés. Nous pensons encore renforcer dans les mois qui viennent l'effectif, ce qui représentera sur la totalité de 2021 une vingtaine de recrutements", fait savoir Gérard Dejonghe, président d'Erems. La société a peu de difficultés à faire venir les ingénieurs attirés par "la part de rêve" de collaborer à des missions scientifiques vers d'autres planètes, des satellites d'observation de la Terre ou des instruments qui seront manipulés par les astronautes.

Coup de projecteur sur les métiers du spatial

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Dans une nouvelle exposition, la Cité de l'espace met l'accent sur les métiers du spatial (Crédits : Cité de l'espace).

Des métiers attractifs qu'a également choisi de mettre en avant la Cité de l'espace dans sa nouvelle exposition dédiée à la mission Alpha. Quand le musée toulousain rouvrira ses portes au public, les visiteurs pourront découvrir, au-delà du planning quotidien de Thomas Pesquet dans l'espace et de la maquette du vaisseau Crew Dragon de Space X, 17 métiers en lien avec l'épopée de l'astronaute français. Dans de courtes vidéos, sont mis en avant les hommes et et les femmes qui ont contribué à la préparation de la mission Alpha de l'agence spatiale européenne mais aussi celles et ceux qui pilotent les expériences à bord de l'ISS. Histoire de montrer la part de rêve des métiers du spatial, au-delà du porte-étendard en combinaison.

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Commentaires 2
à écrit le 24/04/2021 à 7:19
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Petits plaisirs français, mais grosse défaite pour le spatial français et européen.

à écrit le 23/04/2021 à 14:39
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Il a embarqué une boite de cassoulet. Bonjour l'odeur !

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