Spatial : comment Connektica et Anywaves veulent doper la production industrielle du NewSpace

Jusqu'à présent dans une relation fournisseur-client, Connektica et Anywaves ont décidé de s'associer dans le cadre d'un projet de R&D visant à mettre sur pied un logiciel MES dédié au NewSpace et ses problématiques de montée des cadences de production. Lauréat du plan France 2030 à ce titre, le duo vise in fine la réduction des coûts de production pour le fabriquant d'antennes miniatures pour constellation. Les détails.
Jérémy Perrin (Connektica) et Nicolas Capet (Anywaves) entendent professionnaliser l'industrie du NewSpace.
Jérémy Perrin (Connektica) et Nicolas Capet (Anywaves) entendent professionnaliser l'industrie du NewSpace. (Crédits : Anywaves)

C'est une coopération pour un changement de dimension. Celui du passage à l'échelle des acteurs du NewSpace, qui doivent désormais prouver aux yeux de tous leur solidité industrielle, après avoir conquis le marché en cassant les prix du spatial. « Quand nous démarchons un grand compte, ils débarquent avec une armée de collaborateurs pour réaliser des audits et vérifier notre solidité industrielle. La qualité et la fiabilité font partie de notre métier », relate Nicolas Capet, le CEO d'Anywaves.

La PME toulousaine, qui produit « plusieurs centaines d'antennes miniatures par an » pour les constellations de satellites est confrontée à la nécessité d'augmenter ses cadences de production afin de satisfaire ses clients comme U-space, Airbus Defence and Space, Maxar, Loft Orbital, OHB, Thales Alenia Space et d'autres...

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« L'idée est d'aller de plus en plus loin dans l'automatisation et d'aller chercher l'excellence grâce à la traçabilité dans nos procédés de production. En tant que PME, nous n'avons pas les moyens de développer une solution en interne pour répondre à nos besoins », justifie le CEO qui a fondé sa société en 2017.

Dans cette logique, il a été retenu par le secrétariat général pour l'investissement pour être soutenu par le plan France 2030, dans le cadre de l'appel à projets « Constellations », avec l'objectif de développer une brique logicielle capable d'organiser cette hausse des cadences. Une mission que l'entrepreneur compte réaliser en partenariat avec la startup franco-canadienne Connektica, installée à Toulouse depuis deux ans.

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« Notre ambition est de montrer aux grands comptes que leurs sous-traitants sont au rendez-vous. Cela permet de renforcer la confiance entre toutes les parties », commente Jérémy Perrin, le CEO de la startup, qui veut reprendre les recettes des industries automobile et aéronautique en matière de traçabilité.

Pousser par ses clients à aller plus loin

Connektica s'est faite particulièrement un nom dans l'écosystème, en signant des contrats avec des acteurs comme U-Space ou Loft Orbital, grâce à sa technologie qui lui permet d'automatiser les tests de radiofréquence aussi adoptée par Anywaves.

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« Au début, nous faisions ça de manière artisanale. Maintenant, nous ne pouvons plus nous le permettre. Nous devons être compétitifs sur un terrain de jeu qui est mondial. Nous mettons 15 minutes à tester une antenne actuellement, contre huit heures auparavant », se souvient Nicolas Capet.

« Anywaves a été l'un de nos partenaires pilotes sur le déploiement de cette technologie et maintenant nos clients nous challengent pour proposer une plateforme bien plus complète en termes de tests et de suivi de production », partage son complice Jérémy Perrin.

Connektica et Anywaves se sont ainsi associés dans le cadre d'un partenariat de R&D de trois ans soutenu par le plan France 2030 à hauteur de 40% des investissements qui seront réalisés. Dans les faits, Connektica compte développer un logiciel MES complet (logiciel de pilotage de la production) qui répond aux besoins d'Anywaves.

« En plus de la phase de tests que nous souhaitons automatiser dans son ensemble, nous voulons créer des points de contrôle à certaines étapes clés de l'assemblage de nos antennes et ainsi avec le temps créer de la donnée pour voir où nous devons nous améliorer et s'il y a des gains de productivité à aller chercher. In fine, l'idée est de fournir par la même occasion un tableau de bord en temps réel du statut des commandes de nos clients », expose le patron d'Anywaves qui emploie 44 salariés.

« Nous avons déjà commencé à implémenter certaines briques et nous avons déjà digitalisé certaines 'recettes' d'assemblage, ce qui facilitera à terme les transferts de production vers des partenaires également », complète Jérémy Perrin.

Viser le gain de temps

Avec ce développement pilote, Connektica espère devenir à terme LE partenaire de référence de la supply chain du NewSpace dans sa quête de montée en puissance industrielle. Elle compte tout d'abord sur son partenaire Anywaves, qui a déjà engagé des discussions avec ses sous-traitants comme Mecano ID et Comat, pour les inciter à travailler avec la startup franco-canadienne.

« Nous savons qu'avec cette démarche nous allons gagner du temps et tout l'enjeu est d'en gagner un maximum. C'est ce qui va faire la valeur de nos solutions. Cette optimisation des coûts internes et sur l'ensemble de la chaîne aura des impacts sur les prix des satellites à terme », veut croire Nicolas Capet.

Pour mener à bien ce projet, les deux entreprises se sont organisées sous la forme d'un plateau dans les locaux d'Anywaves pour permettre une collaboration la plus efficace possible entre les ingénieurs chargés de ce développement. En parallèle, Connektica accompagne dans une démarche similaire U-Space dans l'élaboration de son usine toulousaine avec laquelle elle projette l'élaboration d'un nanosatellite par jour.

« Avec eux, nous supprimons tout le papier sur les phases en amont des tests. À la fin, l'idée est d'avoir deux briques logicielles, avec Anywaves et U-Space, qui se complètent », résume  Jérémy Perrin.

Ce dernier compte enclencher la commercialisation de ce logiciel MES amélioré dans le courant de l'année 2024, alors que Connektica vient de franchir le million d'euros de chiffre d'affaires, contre cinq pour son partenaire qui s'apprête à déployer lui une nouvelle technologie d'antenne à balayage électronique.

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