Avec Kamiriad, Ralph Pélamourgues souhaite « adoucir » la crainte provoquée par l'intelligence artificielle

Représentant au Québec d’une société spécialisée dans le montage vidéo en ligne, Kamiriad, le Toulousain Ralph Pélamourgues mise beaucoup sur l’intelligence artificielle (IA) pour améliorer l’efficacité de ses outils numériques et réduire son empreinte carbone. Plus que de l’instrument lui-même, le Français s’inquiète surtout de l’usage de l'intelligence artificielle que pourraient faire des personnes malintentionnées. Rencontre avec celui qui est ambassadeur du savoir-faire toulousain à l'étranger.
Installé au Québec, Ralph Pélamourgues de l'entreprise Kamiriad fait partie du réseau d'ambassadeurs instauré par la Ville rose pour la promouvoir à l'étranger.
Installé au Québec, Ralph Pélamourgues de l'entreprise Kamiriad fait partie du réseau d'ambassadeurs instauré par la Ville rose pour la promouvoir à l'étranger. (Crédits : Ralph Pélamourgues)

L'agent conversationnel développé par OpenAI a beau être à la mode et de toutes les conversations, Ralph Pélamourgues n'a pas attendu ChatGPT pour utiliser l'intelligence artificielle. « Pour le montage vidéo, grâce aux prédictions que nous fournit l'IA, nous pouvons supprimer en amont les images qu'on sait que nous n'utiliserons pas, en fonction de leur qualité, parce qu'elles sont mal éclairées par exemple. L'IA peut aussi modifier la lumière d'un plan. Résultat : on a gagné entre 30 et 40 % en rapidité d'action, et donc autant d'économie de ressources et d'énergie, ce qui accélère notre décarbonation. »

Né dans le Cantal, Ralph Pélamourgues a toutefois fait ses premières armes à Toulouse. A la fois musicien, professeur de jazz et féru d'informatique, il crée en 2000 la première université de musique via un outil en ligne. Viendra ensuite le premier éditeur vidéo sur internet et la création de sa société qu'il revend en 2015. Toujours à bord, il poursuit désormais l'aventure depuis le Canada comme vice-président exécutif de la nouvelle compagnie baptisée Kamiriad, basée à Colomiers, près de Toulouse.

« Mon job, détaille-t-il, c'est de sourcer les compagnies susceptibles d'intégrer cette technologie dans leurs propres plateformes, c'est notre modèle économique ».

À soixante ans, marié à une Québécoise, le Français vit depuis huit ans à Montréal, où il a choisi de poser ses valises après vingt années passées à voyager professionnellement à travers le monde. Signe de son attachement à la belle province, il vient d'obtenir la nationalité canadienne. Le Français n'en oublie pas pour autant ses racines puisqu'il fait aussi partie du réseau de la centaine d'« ambassadeurs » créé à travers le monde par la mairie de Toulouse pour représenter la Ville rose à l'étranger.

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Les plus grandes chaînes de télévision

Kamiriad est aujourd'hui encore en phase de test. La commercialisation débutera cet automne après les dernières mises au point.

« Nous travaillons en particulier avec une société américaine, Latakoo, dont les clients sont les plus grandes chaînes de télévision d'Amérique du Nord et européennes, et notamment la quasi-totalité des chaînes françaises, précise-t-il. L'outil permet par exemple à leurs journalistes d'envoyer des vidéos de n'importe où sur la planète, y compris depuis des zones de conflit sans aucune couverture internet ou presque.»

La société travaille aussi à l'édition de supports vidéos sur lesquels est superposée la transcription écrite du son associé aux images, notamment dans le cas d'interviews, comme des sous-titres. « Là encore, cela réduit considérablement le temps d'édition et permet l'accès à ces outils à des non-professionnels, pour scripter automatiquement des cours ou des réunions en visioconférence par exemple », argumente Ralph Pélamourgues. L'intelligence artificielle permet ici de gommer des accents trop prononcés, de ralentir un débit trop rapide ou de supprimer des bruits parasites. Une société danoise spécialisée dans l'éducation a déjà acheté une licence. Curieux de nature, Ralph Pélamourgues a bien sûr testé ChatGPT, l'outil dont tout le monde parle :

 « Je lui ai posé pas mal de questions sur le jazz, et il y a des erreurs monumentales, des trucs vraiment où je me suis marré ! Il ne faut pas avoir peur de l'intelligence artificielle, mais plutôt des gens qui l'utilisent. »

Un lancement commercial officiel dans les semaines à venir

Car tout va très vite. Le 7 juillet dernier, lors d'un sommet de l'ONU à Genève, des robots humanoïdes ont pris la parole pour affirmer qu'ils pourraient un jour diriger le monde bien mieux que les humains, tout en les appelant à faire preuve de prudence face à l'intelligence artificielle.

« Je ne suis pas certain qu'un jour l'IA aura la capacité de s'émouvoir comme un être humain, tempère Ralph Pélamourgues. Ce qui est compliqué pour gérer des peuples, c'est d'intégrer l'émotion qui doit déterminer quelles sont les actions que l'on décide en fonction de notre humanité. Le plus difficile, ce n'est pas d'être Adolf Hitler ou Mao Tsé-toung. Si on décide qu'on ne doit pas dépasser cinq cent millions de personnes sur terre pour que la planète se porte bien en terme d'environnement et qu'il faut en « flinguer » sept milliards et demi, l'intelligence artificielle est capable de le déterminer, mais elle ne sera pas forcément en capacité de se dire que c'est absolument horrible. »

Il reste donc beaucoup de chemin à parcourir. Le Français cite notamment l'exemple d'une intelligence artificielle qui a essayé de passer l'examen d'avocat au barreau du Québec et dont sa note n'a pas dépassé trois sur vingt !

« J'ai davantage peur, ajoute-t-il, de personnes comme Elon Musk (le patron de Tesla et Twitter désormais appelé X, ndlr) qui proposent d'injecter une puce dans la tête des gens pour les augmenter. De plus, si on me servait instantanément sur un plateau le savoir que j'ai accumulé tout au long de ma vie, je perdrais tout l'intérêt et le plaisir d'apprendre. Ce cheminement-là m'apporte aussi beaucoup. »

Kamiriad n'emploie pour l'instant que cinq personnes à Toulouse mais ambitionne un développement rapide. Accompagnée par Bpifrance (la banque publique d'investissement) pour son programme d'innovation et R&D, la société a également été aidée par la structure « Invest in Toulouse », à toutes les étapes de son projet. « Nos projections à trois ans donnent un chiffre d'affaires prévisionnel de 2,3 millions d'euros », précise Ralph Pélamourgues. Le lancement officiel de la société est fixé à la mi-septembre aux Pays-Bas lors de l'IBC d'Amsterdam, la grande convention internationale de la TV et du multimédia.

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Commentaire 1
à écrit le 04/09/2023 à 9:51
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Je ne vois pas l'intérêt il est toujours pertinent de favoriser l'innovation tout en s'en méfiant puissamment. Une stratégie marchande e vouloir sans cesse "rassurer" jusqu'à complètement endormir le sujet.

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