Aéronautique : Figeac Aéro dopé par la remontée en cadence de l'A350

Quatre ans après le début de la crise sanitaire, Figeac Aéro accélère sa remontada en frôlant les 400 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le dernier exercice et devrait retrouver son niveau d'activité d'avant Covid dès 2025. Son PDG, Jean-Claude Maillard, revient pour La Tribune sur cette performance portée par la hausse de cadences d'Airbus sur l'A350, malgré des vents contraires, en raison notamment de l'inflation.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aero.
Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aero. (Crédits : Rémi Benoit)

« Malgré des vents contraires, Figeac Aéro a dépassé son objectif de chiffre d'affaires annuel », salue Jean-Claude Maillard, PDG de Figeac Aéro, dans les colonnes de La Tribune. Le groupe lotois, qui s'est hissé au premier rang des sous-traitants aéronautiques européens, a annoncé mardi soir un chiffre d'affaires de 119 millions d'euros (soit une croissance organique de plus de 17%) sur le quatrième trimestre de l'exercice 2023/2024 clôturé au 31 mars. Sur un an, Figeac Aéro frôle les 400 millions d'euros de chiffre d'affaires (397,2 M€) alors que le sous-traitant visait entre 375 et
390 millions. La société, qui emploie 3.000 salariés (dont la moitié à l'étranger), devrait retrouver à peu près son niveau d'avant crise dès mars 2025, avec entre 420 et 440 millions d'euros de chiffre d'affaires attendus (contre 447 millions en mars 2020).

Lire aussiAéronautique : « Figeac Aéro lance un plan agressif pour se désendetter » (Jean-Claude Maillard, PDG)

Une position stratégique sur le programme A350

Cette performance est portée par la hausse de cadences d'Airbus sur l'A350 sur lequel Figeac Aéro occupe une position stratégique.

« L'A350 devrait assez vite retrouver les niveaux de production d'avant crise (entre 9 à 10 A350 chaque mois en 2019, ndlr) puisque nous sommes entre 5 et 6 avions par mois aujourd'hui et l'objectif est de passer à 10 appareils par mois en 2026 puis 12 par mois en 2028. C'est le programme aéronautique dans lequel Figeac Aéro apporte la part la plus importante puisque nous vendons 1,4 million d'euros sur chaque avion de la famille A350. Si l'on fabrique 50 avions supplémentaires chaque année, cela représente 70 millions d'euros supplémentaires pour notre groupe », décrypte Jean-Claude Maillard.

Le programme A350 devrait peser à lui seul 30% du chiffre d'affaires du groupe.

Inflation et retards sur certains programmes

Une bonne nouvelle face « aux deux principaux vents contraires » rencontrés par le fournisseur. « Le premier, c'est l'inflation que nous rencontrons depuis deux ans et demi qui impacte les salaires, l'énergie et les matières premières et que nous n'avons pas intégralement répercuté sur nos clients. Ce qui veut dire que sans l'inflation nous aurions réalisé des résultats encore plus satisfaisants, » relève le PDG.

Avant d'ajouter : « Le deuxième vent contraire est que les montées en cadence sur certains programmes n'ont pas été aussi rapides que ce qu'avaient annoncé les donneurs d'ordre.» Le dirigeant cite notamment le programme monocouloir de l'avionneur européen : « l'A320 peine à atteindre la montée en cadence souhaitée par le client parce que la supply chain a du mal à livrer ». Là encore, l'impact est réduit pour Figeac Aéro dont l'activité sur l'A320 est relativement faible (130.000 euros de valeur par avion).

Impact marginal des déboires de Boeing

Les déboires rencontrés depuis plusieurs mois par Boeing ont eu un impact mesuré sur le groupe lotois. Le constructeur américain ne pèse que 15% de l'activité de Figeac Aéro via notamment la fourniture de pièces pour les moteurs Leap-1B équipant les Boeing 737MAX (environ 40.000 euros de valeur par avion). « La baisse de cadence pourrait représenter quatre millions d'euros en 2025 », ajoute le dirigeant.

Lire aussiAéronautique : Latécoère impacté par les difficultés de la supply chain et de Boeing

En parallèle, Figeac Aéro poursuit le déploiement du nouveau plan stratégique Pilot 28 annoncé en début d'année. Le sous-traitant entend atteindre entre 550 et 600 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2028, soit 30% de plus qu'avant le Covid, et engager « un plan agressif pour réduire fortement » sa dette qui atteint aujourd'hui 287 millions d'euros.

Automatisation et pays best-cost

Cette croissance passera par des investissements supplémentaires dans l'automatisation des usines françaises et américaines, mais aussi par une production accrue dans les pays best-cost. Alors que Figeac Aéro réalise aujourd'hui 32% de son chiffre d'affaires au Maroc, en Tunisie, en Roumanie ou au Mexique, cette part atteindra 35 à 40 % en 2028.

De quoi susciter une levée de boucliers de la part de la CGT du groupe dénonçant le « holp-up de ces externalisations et ces délocalisations », craignant une baisse d'activité pour le site de Figeac. Sur ce point, Jean-Claude Maillard précise qu'il n'y a pas de baisse d'activité à prévoir sur l'usine lotoise dont la production va continuer de croître dans les années à venir. Le dirigeant pointe la nécessité d'une réorganisation industrielle face notamment aux enjeux d'inflation.

Figeac Aéro devrait recruter plus de 600 personnes en 2024, dont un peu moins de la moitié en France. Le groupe comptera 5.000 salariés en 2028.

Lire aussiLes cinq défis cruciaux de l'industrie aéronautique civile et militaire française en 2024

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.