Une innovation toulousaine pourrait-elle changer la vie de patients séniors touchés par l'hydrocéphalie ? Cette maladie, qui touche jusqu'à 10% des plus de 80 ans, provoque des troubles de la marche, de l'incontinence et une perte d'autonomie. Ces pathologies apparaissent dès lors que la circulation du liquide cérébro-spinal, qui entoure le cerveau, est perturbée ou altérée. Seulement, elle n'est détectée que dans 30% des cas grâce aux méthodes de diagnostic actuelles.

« Tout l'enjeu est d'être capable de mesurer la pression intracrânienne et la circulation du liquide cérébro-spinal, au lit du patient. Avec X-Pressure, nous avons donc développé un outil pour les enregistrer de manière simple », commente Pierre-Edouard de Lamy, qui a cofondé cette medtech toulousaine en 2022 aux côtés du docteur Éric Schmidt, praticien au CHU de Toulouse.

Jusqu'à présent, ces examens n'étaient réalisés qu'avec un trou dans le crâne et parfois l'installation d'un capteur, ou bien une ponction lombaire. Charge par la suite, aux techniciens de laboratoire de l'établissement en question d'analyser les résultats. Quant à X-Pressure, elle a mis au point un petit capteur connecté qui s'installe à l'extrémité d'une aiguille classique de ponction lombaire.

« Cette technologie est couplée à un logiciel à base d'algorithmes, façonnés à partir de 20 ans d'examens d'hydrocéphalie au CHU de Toulouse, qui se présente comme une application sur le téléphone du praticien. Avec ce logiciel, nous les aidons à traiter le signal reçu par l'aiguille en instantané. Nous faisons uniquement de l'aide à la décision », insiste l'entrepreneur.

Dix salariés en 2024

La startup toulousaine X-Pressure a concentré ses efforts sur le développement de ses algorithmes à partir d'intelligence artificielle, ainsi que le capteur connecté. Maintenant mis au point, l'industrialisation de ce dernier va être sous-traité. Ce résultat est tout d'abord le fruit d'une inspiration du neurochirurgien Éric Schmidt, qui a travaillé de son côté pour un meilleur diagnostic de l'hydrocéphalie, et ce pendant des années. C'est une rencontre avec...Pierre-Edouard de Lamy qui l'a par la suite encouragé à démarrer une aventure entrepreneuriale avec l'ambition de commercialiser une technologie en ce sens.

Dans cette optique, le duo a tout d'abord été accompagné par le CHU de Toulouse. Les deux associés ont également avancé vers un prototype final pendant un an sous la houlette de Nubbo, l'incubateur du conseil régional d'Occitanie. Désormais, X-Pressure vient de poser ses valises au Village By CA, à Toulouse. Dans la foulée, la medtech toulousaine vient de boucler, au cours de l'été 2023, une première levée de fonds de 4,5 millions d'euros. Irdi Capital Investissement, M Capital, BPI France et des business angels ont particulièrement permis ce tour de table.

« Cette levée de fonds va nous permettre d'industrialiser le dispositif. Grâce à ce tour de table, nous allons aussi financer la partie réglementation et accès aux marchés, très lourde dans le secteur médical. Ce tour de table est important pour une première levée de fonds car il nous donne aussi les moyens sur la commercialisation. Très souvent les medtech font une opération pour le développement produit puis une seconde pour sa commercialisation, nous, nous avons préféré ne pas dissocier les deux », expose le cofondateur.

Avec cet apport capitalistique, X-Pressure s'attend à compter entre huit et dix salariés d'ici fin 2024. Parallèlement, la startup a déjà choisi ses partenaires industriels (Tronico, Infiplast et SQI).

Des hôpitaux testeurs

Bien que pas encore mise sur le marché, la technologie mise au point par le neurochirurgien a permis de diagnostiquer 1.600 patients à Toulouse. La jeune pousse, qui est en train de figer son dispositif, a des partenariats avec d'autres établissements de santé. Les hôpitaux de Cahors, Auch, Bayonne ou Agen, sont notamment concernés.

Une fois commercialisée, la technologie de X-Pressure lui assurera deux sources de revenus. Son chiffre d'affaires sera tout d'abord alimenté par la vente de son capteur connecté à usage unique. Par ailleurs, les établissements devront souscrire à un abonnement, ce qui garantira des revenus récurrents à la startup, pour accéder à son logiciel.

Bien que testé en France, le capteur connecté de la medtech toulousaine devrait tout d'abord s'attaquer au marché nord-américain dès 2025. « C'est plus facile d'aller sur ce marché. Mais la commercialisation en Europe ne se fera que quelques mois après. Pour les États-Unis, nous sommes déjà en contact avec des médecins sur place et des distributeurs intéressés », projette Pierre-Edouard de Lamy.