Le repreneur de Sigfox, UnaBiz, vise la rentabilité fin 2024

Engagé dans une (re)conquête du marché de l'IoT, le repreneur de Sigfox, UnaBiz, s'attend à atteindre le point d'équilibre dans 18 mois. Le nouveau détenteur de la technologie française de réseau bas débit d'internet des objets compte boucler une nouvelle levée de fonds en série C « pour accélérer » la renaissance de ce réseau. Celui-ci compte aujourd'hui près de 12 millions d'objets connectés et devrait progressivement se rapprocher de la technologie concurrente historique LoRa.
Bien que la société a été liquidée, le repreneur UnaBiz a conservé la marque Sigfox.
Bien que la société a été liquidée, le repreneur UnaBiz a conservé la marque Sigfox. (Crédits : Rémi Benoit)

La technologie Sigfox serait-elle sur la voie de la renaissance économique ? Comme évoqué lors du cap du premier anniversaire de la reprise par la société singapourienne UnaBiz, la tendance est à l'optimisme en interne. Dans une année 2022 d'intégration et de digestion de l'opération pour son nouveau propriétaire, « le chiffre d'affaires du groupe a pratiquement doublé en 2022 », souligne Henri Bong, le CEO d'UnaBiz, en visite dans les locaux appartenant anciennement à Sigfox sur la commune de Labège. « Cela sera moins important en 2023, mais nous serons toujours en croissance », ajoute-t-il.

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Pour trouver ce chemin de la rentabilité, que Sigfox n'est jamais parvenu à toucher du doigt, le nouveau propriétaire des actifs de l'ancienne licorne toulousaine, dont ses 223 brevets déposés dans le monde, a tout d'abord réduit ses coûts de fonctionnement. En plus du plan de sauvegarde à la reprise qui a allégé la masse salariale, la nouvelle direction ne cache pas que certains fournisseurs ont participé à ce travail et des réductions de coûts ont été trouvées sur le service cloud particulièrement. Alors qu'une centaine de millions de messages transitent par jour sur le réseau Sigfox, leur coût de transfert a ainsi été considérablement réduit.

« Avant la reprise, Sigfox perdait 60 à 80 millions de dollars chaque année. En 2022, notre entreprise a perdu un peu moins de 20 millions de dollars et cette année nous allons perdre près de 15 millions. Nous estimons le retour à l'équilibre atteignable à fin 2024 », projette Henri Bong.

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Le dirigeant, qui a été le premier salarié du bureau asiatique de Sigfox en 2014, compte tout d'abord profiter de la croissance des revenus annuels récurrents en développant de nouvelles collaborations commerciales. S'il ne souhaite pour l'heure communiquer aucun chiffre, ce qui limite la capacité à juger de la bonne intégration ou non des actifs de Sigfox au sein d'UnaBiz, Henri Bong se réjouit néanmoins du développement du réseau bas débit dédié à l'internet des objets. L'entreprise évalue actuellement à 11,4 millions le nombre d'objets connectés sur son réseau Sigfox, contre 9,8 millions au moment de la reprise. « Nous n'avons perdu aucun client », appuie le repreneur, qui doit néanmoins mener encore de nombreux chantiers.

Les nouveaux contrats avec les opérateurs sur le point d'aboutir

UnaBiz prévoit notamment d'investir dans le marketing et la communication pour redorer l'image de la marque Sigfox, ainsi que diffuser sa nouvelle stratégie. « Désormais, nous ne sommes plus concentrés sur la technologie, mais bien sur les besoins du client », résume Henri Bong. La technologie de réseau bas débit pour l'internet des objets va se concentrer autour de quatre marchés pour son futur : le monitoring, le tracking, le bâtiment connecté et la sécurité. L'autre grande nouveauté ? L'ouverture technologique.

« Pour UnaBiz, l'avenir de l'internet des objets reposera sur des capteurs multi-technologies. C'est un travail d'ouverture que nous avons engagé sur le réseau Sigfox en développant des capteurs et modules compatibles avec toutes. Nous arrêtons la guerre contre les différents protocoles. Il y a le réseau Sigfox, le réseau LoRa, le Wifi, le réseau cellulaire, etc... Chacun a ses avantages ou ses spécificités et peut donc répondre à des besoins différents. Nous avons signé un partenariat avec Actility, qui était candidat à la reprise de Sigfox. Nous préparons une autre collaboration avec l'acteur principal du réseau LoRa », expose Henri Bong.

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Dans cette même logique, la refonte des contrats avec les « Sigfox Opérateurs », ces entreprises qui distribuent le réseau bas débit IoT français dans un pays exclusif est une mission prioritaire depuis la reprise, mais ce chantier n'est pas encore finalisé. « Ces contrats obligaient jusqu'à présent l'opérateur à verser 40% des recettes à Sigfox, avec un prix défini, alors que c'est lui qui a porté le coût de déploiement du réseau. Désormais, il y aura un coût fixe et l'opérateur sera libre sur le prix de vente. Notre objectif est d'avoir des opérateurs davantage profitables et qui favorisent le déploiement de la technologie IoT », fait savoir le CEO. Ce dernier compte compte également investir pour réduire par trois la consommation énergétique d'un message transmis.

Un tour de table en cours

Pour mener à son terme la renaissance de la technologie Sigfox, le repreneur UnaBiz compte mener une nouvelle levée de fonds, en série C, après avoir bouclé une série B de 50 millions de dollars en septembre dernier dans laquelle se trouve le groupe français Engie.

« Depuis que nous avons repris Sigfox, nous avons investi 40 millions de dollars sur l'ancien périmètre de cette entreprise et nous allons continuer. Nous ne laisserons pas tomber la technologie Sigfox, elle est très difficilement remplaçable (...) Maintenant, nous repartons pour boucler d'ici un an une levée de croissance pour accélérer et non plus de survie », annonce Henri Bong, qui a aussi levé 18 millions de dollars fin 2021.

Avec ce futur apport financier, l'entreprise singapourienne va-t-elle maintenir l'investissement prévu dans la Data Valley du temps de Sigfox ? Celui-ci devait devenir le vaisseau amiral de l'ancienne licorne française et les entreprises de la galaxie de l'IoT Valley.

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« À l'époque où il a été pensé, ce projet était totalement pertinent. Les porteurs du projet imaginaient Sigfox atteindre les 1.000 voire 1.500 salariés. Mais le marché de l'IoT n'a pas décollé autant qu'espéré. Nous tenons énormément à ce projet porté par les collectivités (Sicoval et Région Occitanie, ndlr) et nous discutons avec elles pour voir à quelles conditions nous pouvons y aller. Mais notre priorité est de faire perdurer l'entreprise UnaBiz et la technologie Sigfox », commente Henri Bong, interrogé sur le sujet. « Nous essayons d'être plus proches de nos sous aujourd'hui et nous sommes dans un contexte où le télétravail est très présent », appuie Patrick Cason, le directeur général d'UnaBiz pour l'Europe du sud.

Actuellement, UnaBiz compte 224 salariés, contre 80 avant la reprise de Sigfox. La majorité se trouve sans surprise en France (113 à Labège et 11 à Paris). L'autre gros contingent se trouve à Taîwan (66) et Singapour (20). Par ailleurs, quelques collaborateurs se trouvent à Madrid (7) et au Japon (2), ainsi qu'au Brésil, Royaume Uni, Dubaï, Thaïlande et Australie. Mais la future levée de fonds devrait permettre de rouvrir des postes.

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