Un an après le rachat de Sigfox, son propriétaire UnaBiz tire le bilan

Douze mois jour pour jour après la reprise de Sigfox à la barre du tribunal de commerce de Toulouse, son nouveau propriétaire UnaBiz tire le bilan. Après une cure d'amaigrissement financière qui a mené à une réduction de 50% des coûts opérations de Sigfox, la technologie bas débit - 0G - pour l'IoT qui a vu le jour à Toulouse serait « rentable » et « très compétitive ». Bilan de cette année d'intégration avec Rémi François, le COO d'UnaBiz.
La technologie de réseau bas débit développée par Sigfox serait désormais rentable selon UnaBiz.
La technologie de réseau bas débit développée par Sigfox serait désormais rentable selon UnaBiz. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est la première bougie d'une date ô combien symbolique. Un an en arrière, le 21 avril 2022, le champion toulousain de l'IoT Sigfox, englué dans une situation financière insoutenable, était repris à la barre du tribunal de commerce de Toulouse par UnaBiz. Pile 12 mois plus tard, le nouveau propriétaire singapourien tire le bilan dans les colonnes de La Tribune de cette acquisition qui a coûté 3,3 millions d'euros.

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« La reprise de Sigfox par UnaBiz se passe très, très bien », assure Rémi François, le COO d'UnaBiz. Tout d'abord, sur le plan des ressources humaines, le nouveau propriétaire est parvenu à conserver 120 salariés de l'ancienne licorne toulousaine, dont une soixantaine au centre de R&D à Labège (Haute-Garonne), sur les 180 collaborateurs concernés par la procédure de redressement judiciaire. Cet état des lieux correspond aux ambitions sociales affichées un an en arrière par le repreneur.

« Nous avons récupéré une équipe extrêmement motivée et nous avons réussi à impulser chez eux un changement de culture assez profond. Si auparavant elles étaient concentrées sur la technologie, désormais elles sont tournées et préoccupées tout d'abord par les besoins du client. Notre approche est centrée sur le cas d'usage souhaité par le client. Les anciennes équipes de Sigfox font preuve d'un esprit d'ouverture très satisfaisant », poursuit le directeur d'exploitation qui a désormais sous sa responsabilité 220 salariés.

Sigfox, rentable ?

Aujourd'hui, le réseau bas débit 0G de Sigfox regroupe 12 millions de capteurs connectés et ce chiffre devrait progresser. UnaBiz vient de sceller un partenariat avec Sogedo pour le déploiement de compteurs d'eau connectés, sur une durée de 10 ans. Selon un décompte du nouveau propriétaire de la technologie 0G née à Toulouse, l'année 2022 a permis de recevoir 1,5 million de nouveaux objets connectés sur le réseau. « Nous n'avons perdu aucun client suite au redressement judiciaire de Sigfox et nous en avons même certains qui se sont réengagés », tient à souligner Gaspard Flachet, le responsable marketing et communication chez UnaBiz, anciennement salarié chez Sigfox.

« Nous avons une très bonne dynamique commerciale. En termes de revenus en 2022, nous sommes allés au-delà de nos espérances. En 2023, notre objectif sera de doubler les revenus issus de la technologie Sigfox », commente Rémi François qui ne souhaite pas préciser les montants de ce renouveau.

Dans ce contexte, difficile de savoir si la reprise de Sigfox est pleinement une réussite... Au moment de la reprise par UnaBiz, cette dernière projetait alors un chiffre d'affaires de 21,3 millions d'euros en 2023 pour sa nouvelle filiale et de 31 millions en 2024, à en croire son business plan, tout en prévoyant une vingtaine de millions d'euros d'investissements sur les prochaines années.

Pour atteindre ses objectifs, le nouveau propriétaire a tout d'abord procédé à une cure d'amaigrissement. « Nous avons réduit de 35% le coût de traitement d'un message sur le réseau Sigfox », fait savoir le COO, grâce en partie à de la migration informatique et la réduction de la masse salariale. De même, les coûts d'opération de Sigfox ont été réduits de moitié. « Aujourd'hui, nous avons une technologie Sigfox très compétitive et surtout rentable », promet Rémi François. Selon lui, cette intégration réussie de la startup déchue de la French Tech a permis à UnaBiz de boucler fin 2022 une levée de fonds en série B pour dépasser les 50 millions d'euros de dollars levés.

Le chantier des Sigfox opérateurs pas encore achevé

Afin de doubler ses revenus en 2023 comme envisagé, UnaBiz veut multiplier les technologies LPWAN (Low Power Wide Area Network, qui sont des réseaux bas débit, longue portée) dans son escarcelle. Elle vient ainsi de ficeler un partenariat avec le Français Actility (sur les rangs pour acquérir Sigfox il y a un an), afin de proposer à ses clients la technologie LoRa, longtemps perçue comme un concurrent du réseau bas débit de Sigfox. « Ce sont deux technologies complémentaires, cet accord sera bénéfique pour nos clients », justifie le COO. UnaBiz doit aussi prochainement officialiser un autre partenariat pour se 'brancher' au réseau cellulaire.

Par ailleurs, le nouveau propriétaire de la technologie 0G vient de rendre publique la librairie logicielle de la technologie Sigfox. « L'idée est de généraliser l'usage de notre technologie et d'avoir à terme davantage d'objets connectés au réseau. Pour ce faire, nous donnons aux développeurs toutes les informations nécessaires sur notre technologie afin de développer des usages et des équipements associés », explique Rémi François. Cette initiative illustre ainsi la nouvelle mentalité qui règne autour de la technologie toulousaine, à savoir l'esprit d'ouverture pour un usage le plus massif possible.

Au-delà des futures collaborations commerciales qui vont découler de ces initiatives, le principal chantier de l'année 2023 pour UnaBiz sera d'achever la refonte des contrats avec les 75 « Sigfox opérateurs », héritage de l'époque Sigfox. "UnaBiz a pour ambition de remettre à plat les contrats de distribution entre Sigfox et les Sigfox-opérateurs afin de les simplifier et de redonner de la liberté et de la marge d'action aux deux parties", commentait il y a un an Antoine Maïer, le porte-parole du CSE de Sigfox aujourd'hui manager du centre de R&D à Labège. "Les salariés représentés par le CSE, lors de nos auditions avec eux, nous ont fait part de cette complexité des contrats de distribution qu'il faut revoir et dont la révision semble prioritaire pour le bon développement de Sigfox", confirmait même à La Tribune Rafi Kouyoumdjian, le PDG d'OTEIS, l'un des candidats à la reprise de la société. « Les nouveaux contrats sont en cours de rédaction, avec l'intention d'apporter plus de souplesse et offrir une liberté absolue aux opérateurs », promet Rémi François qui ajoute que ce chantier pourrait déborder sur 2024.

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