Ferroviaire : CAF va recruter 50 ingénieurs à Toulouse

Porté notamment par un marché avec la SNCF et un contrat pour la livraison des futures rames du RER B parisien, le groupe espagnol CAF va se développer en France. Le spécialiste des infrastructures ferroviaires, concurrent d'Alstom, va ouvrir un bureau d'études à Toulouse et doubler ses équipes à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Les détails d'une montée en puissance.
En plus de son site historique à Bagnères-de-Bigorre, le groupe espagnol CAF va ouvrir une antenne d'ingénierie à Toulouse.
En plus de son site historique à Bagnères-de-Bigorre, le groupe espagnol CAF va ouvrir une antenne d'ingénierie à Toulouse. (Crédits : CAF)

Secouée par le ralentissement de l'industrie aéronautique à Toulouse et en Occitanie, la filière ingénierie pourrait trouver quelque peu sa planche du salut dans l'industrie... ferroviaire. Et ce n'est pas Alstom qui endosse le costume de voie de secours, bien qu'il compte à Tarbes une importante implantation qui développe le train à hydrogène, mais le groupe espagnol CAF, son concurrent.

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Depuis une dizaine d'années, cette entité tente de se développer sur le marché français de manière durable. Tout a ainsi débuté avec le rachat par le groupe hispanique, en 2008, de la société CFD Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Et tout prochainement, CAF va ouvrir une implantation dans la Ville rose, après une première annonce à l'occasion du sommet ChooseFrance fin juin, qui fait la part belle aux investissements de sociétés étrangères en France chaque année.

"Nous allons créer un bureau d'études à Toulouse car c'est un bassin de ressources humaines formidable, avec notamment un savoir-faire reconnu sur l'ingénierie grâce à l'industrie aéronautique. De plus, nous ne sommes pas trop éloignés de notre site de Bagnères", détaille Laurent Caseau, le directeur commercial de CAF France.

Des recrutements bouclés en 2022 ?

Dans le développement de cette unité, qui comptera une cinquantaine d'ingénieurs, la société travaille avec la région Occitanie et le bras armée économie de Toulouse Métropole, Invest In Toulouse.

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"Nous espérons boucler tous les recrutements d'ici 2022. Dans un premier temps, les ingénieurs travailleront pour nos marchés français, puis à terme pour l'ensemble des activités du groupe", poursuit le dirigeant, laissant la porte ouverte à une montée en puissance de ce futur centre d'ingénierie.

Bien que CAF mise beaucoup - pour se développer en France - sur l'arrivée d'Alain Picard (l'ancien patron de SNCF Logistics) comme directeur général de sa filiale, le groupe espagnol s'est fait connaître à Toulouse et sur l'Hexagone grâce à diverses prises (de position).

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Jusqu'au dénouement du dossier début novembre 2020, l'Espagnol a espéré remporter le marché du matériel roulant de la future troisième ligne de métro à Toulouse pour un montant de 800 millions d'euros, grâce notamment à Thales. Finalement, l'autorité régulatrice des transports en commun toulousains Tisséo a préféré son concurrent français, malgré le lobbying en coulisses du conseil régional d'Occitanie en faveur de CAF.

Un site industriel rénové

Mais dans la bataille face à Alstom et d'autres, comme Siemens, CAF peut se vanter de deux grandes victoires. Fin 2019, la SNCF a choisi Construcciónes y Auxiliar de Ferrocarriles pour lui fournir 28 rames dites AMLD, qui seront destinées aux lignes Intercités Paris-Toulouse et Paris-Clermont, pour un montant de 700 millions d'euros. "Les premières rames sortiront de l'usine dès 2023", fait savoir Laurent Caseau.

Enfin, CAF a obtenu, dans le cadre d'un groupement avec Alstom-Bombardier dans lequel il dispose de 38%, le marché de la livraison de 146 nouvelles rames pour le RER B parisien (plus 34 en option). "C'est un marché à 2,5 milliards d'euros avec les options. C'est beau, non ?", lance fièrement le directeur commercial de CAF France depuis 2008.

Deux énormes contrats pour l'acteur espagnol du ferroviaire qui justifient l'ouverture d'une antenne à Toulouse et offre une visibilité pour le site industriel de Bagnères-de-Bigorre à dix ans, selon la direction du groupe. D'ailleurs, l'usine des Hautes-Pyrénées va aussi faire l'objet d'un important plan de recrutements.

"Nous étions 80 il y a deux ans, aujourd'hui nous sommes 120. D'ici 2025, nous serons 350 à 400 pour tenir nos engagements auprès de nos clients", annonce Laurent Caseau, qui fait aussi savoir que CAF mène actuellement un sourcing pour trouver des sous-traitants en Occitanie.

Des recrutements qui vont s'accompagner d'un important plan d'investissements pour le site pyrénéen, dédié aujourd'hui à l'assemblage, l'aménagement intérieur et aux essais statiques des rames. 25 millions d'euros sont actuellement injectés sur ce site pour rénover des bâtiments mais aussi en fabriquer de nouveaux. Par ailleurs, l'entreprise va rénover le cheminement ferroviaire d'un kilomètre entre son usine et la gare de Bagnères pour par la suite développer la livraison des rames par voies ferroviaires et non routières.

"Notre objectif est de faire de Bagnères une usine compétitive. On démolit une partie de l'usine, passant de 44.000 m2 à 20.000 m2, et on enlève tous les rails à l'intérieur. On aura moins de surface, ce qui n'est pas anodin sur le plan écologique, mais surtout on travaillera mieux et plus", avait précisé Alain Picard, face au président de la République, lors d'une visite de celui-ci sur place mi-juillet.

L'inauguration est ainsi attendue pour 2023.

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