C'est une mesure qui devrait renforcer le statut de première ville étudiante pour Toulouse, mais également profiter à Montpellier. Dans les semaines à venir, les jeunes vont pouvoir emprunter gratuitement le réseau de TER, à l'échelle de toute l'Occitanie. Cette mesure, inédite en France, sera totalement financée par le conseil régional, contre un montant de 1,5 million d'euros chaque année.
"C'est une gratuité qui va inciter à prendre le train (...) Mais c'est aussi un choix pour la transition écologique et un choix en faveur du pouvoir d'achat des jeunes, fortement impacté par la crise sanitaire que nous traversons", justifie la présidente socialiste de la collectivité, Carole Delga. Quant à Philippe Bru, le directeur régional de SNCF Voyageurs en Occitanie, celui-ci préfère parler d'une "gratuité responsable".
Une mesure symboliquement politique ?
Seulement, à quelques mois des élections régionales, difficile de ne pas voir le côté politique de cette annonce. Et il y a de quoi. Dans un récent sondage sur ce scrutin à venir, publié par La Tribune, Carole Delga n'apparaît pas dans la meilleure posture face à ses principaux adversaires.
Réalisée par l'institut Ifop, cette étude démontre que la socialiste n'aurait la voix que de 14% des votants de moins de 35 ans en juin prochain, date présumée des élections régionales. Un score qui la laisse derrière son rival écologiste Antoine Maurice (24%) et la liste du Rassemblement National (30%). Plus fin encore, sur le panel des 18-24 ans, le retard est plus criant. Avec seulement 10% d'intentions de votes favorables, elle se retrouve derrière La France Insoumise, EELV, LREM, et le RN.
Si les lignes ont certainement bougé depuis la publication de ce sondage en septembre 2020, il révèle néanmoins une tendance de fond non négligeable pour la présidente sortante candidate à sa réélection.
Généralisation en septembre 2021
Quoi qu'il en soit, la gratuité de l'usage du réseau TER s'adresse directement à ce public dans lequel Carole Delga n'est pas à la hauteur de ses concurrents. Accessible pour les jeunes de 18 à 26 ans, cette gratuité va tout d'abord passer par une phase d'expérimentation pour sa phase concrète. "À partir du 22 février, les jeunes vont pouvoir s'inscrire sur un site internet afin de faire partie d'un panel de 2.000 jeunes qui testeront la mesure du 1er avril au 31 août, avant sa généralisation dès septembre à tous les jeunes de 18 à 26 ans qui résident en Occitanie", détaille Carole Delga. "Nous allons mettre à profit ces mois pour tester sous tous les aspects ce produit novateur et l'améliorer", ajoute Philippe Bru.
Les 2.000 premiers bénéficiaires, avant leur sélection, devront remplir une enquête de mobilité avant un tirage au sort pour constituer un panel représentatif de la région. Par la suite, aussi sur la période de test que pour sa généralisation, cette mesure se matérialisera sous la forme d'une application mobile "à l'usage simplissime", promet le conseil régional, sur laquelle le voyageur devra "cliquer" à chaque montée et descente dans le train. Et tout l'enjeu sera là. "Plus vous voyagerez, moins vous payerez", promet le représentant de la SNCF. Pour les dix premiers trajets, le jeune utilisateur bénéficiera d'une réduction de 50% sur la tarification. À partir du 11ème, et jusqu'au 20ème, il voyagera gratuitement. Et à compter du 21ème, il crédite son forfait pour le mois suivant, ce qui lui permettra de voyager gratuitement d'un mois à l'autre, sans forcément emprunter un itinéraire fixe, contrairement aux abonnements classiques.
Limitation du coût de l'abonnement pour les salariés
Sans représenter un coût important pour la collectivité régionale, cette dernière se fixe un "objectif plancher" de 5.000 jeunes utilisateurs par mois, dès septembre. Sans trop grande inquiétude pour y parvenir. "L'été dernier, lors de la commercialisation des tickets de train à un euro pour relancer la fréquentation du réseau en Occitanie, près de 70% ont été vendus à des jeunes... C'est donc une mesure de nature à séduire de nouveaux clients", s'enthousiasme Philippe Bru.
Pour tenter d'être égalitaire, la SNCF et le conseil régional d'Occitanie ont annoncé en parallèle, lundi 8 février, le plafonnement de l'abonnement TER aux salariés à 90 euros mensuels, contre 190 actuellement. Avec ces deux annonces, le duo espère embarquer 100.000 voyageurs mensuels à la fin de la décennie, contre 65.000 actuellement.
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