Aéronautique : le Syntec numérique veut aider les ingénieurs d'Occitanie à retrouver du travail

Dans le sillage de la crise aéronautique, 10 000 emplois sont menacés dans les entreprises de services du numériques (ESN) en Occitanie, dont la majeure partie près de Toulouse d'après le Syntec numérique. Pour y remédier, le syndicat a lancé début octobre une plateforme-vitrine des compétences disponibles dans la région. Objectif : trouver des missions aux ingénieurs, notamment en télétravail, pour les faire rester en Occitanie d'ici la reprise de l'activité.
Le Syntec numérique aimerait trouver des missions d'entreprises étrangères pour faire rester les ingénieurs à Toulouse.
Le Syntec numérique aimerait trouver des missions d'entreprises étrangères pour faire rester les ingénieurs à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Après avoir recruté à tour de bras, les entreprises de services du numériques (ESN)  connaissent un coup d'arrêt en Occitanie, directement impactées par la suspension des projets R&D chez les donneurs d'ordre comme Airbus. Dès le mois de juin, les premiers plans sociaux ont été dévoilés : jusqu'à 245 emplois menacés chez Sogeclair, 140 emplois en péril à CMT+ (groupe Scalian), et d'après la CGT, Expleo (ex-Assystem) prévoit 626 suppressions de postes à Toulouse. Sans compter la vaste réorganisation engagée chez Altran Sud-Ouest.

D'après le Syntec numérique, 10 000 emplois sont menacés en Occitanie (et la majeure partie autour de Toulouse) par la crise aéronautique. L'organisme a également réalisé en juin dernier une cartographie des profils les plus touchés par l'activité partielle que La Tribune vous propose de visualiser sous forme de graphique.

 Les développeurs toujours recherchés, les chefs de projet à la peine

"Sur les profils techniques comme les développeurs, il existe encore des offres d'emploi. D'autres sont plus en difficulté comme les PMO (project management office), les chefs de projet ayant une compétence transversale et non technique. Ces collaborateurs sont sortis des projets d'Airbus et il n'existe pas actuellement d'entreprises de la taille d'Airbus en capacité d'intégrer un tel volume de chefs de projet", remarque Anne Destouches, déléguée régionale du Syntec Numérique en Occitanie.

Avant d'ajouter : "nous avons remarqué une certaine résilience de nos entreprises face à cette crise. Celles qui font partie de grands groupes nationaux ou internationaux ont la capacité de rebondir en interne. Leur processus a été de mettre à disposition les compétences toulousaines auprès de leurs collègues sur d'autres régions pour leur trouver des missions. Cela a permis de positionner du personnel sur des missions de courte durée avec ponctuellement des missions qui se réalisaient physiquement sur d'autres régions. Cette démarche était très intéressante pour maintenir des emplois et continuer des projets mais sans pérennité dans le temps puisque souvent les collaborateurs ne souhaitaient pas s'engager pour un départ définitif de la région. À terme, 10 000 emplois seront toujours sans mission sur le secteur."

Speed dating de missions et plateforme de compétences

Face à cette crise, le Syntec numérique veut apporter sa contribution dans l'optique de maintenir l'emploi numérique en Occitanie jusqu'à ce que les avions redécollent. Depuis la fin août, la structure s'est dotée d'un responsable du marketing territorial, Frédéric Honorat, dont le poste a été créé grâce à un soutien financier de l'État et de la Région Occitanie.

Sa première action a été d'organiser des speed datings de projets innovants chez Airbus. Depuis l'effondrement du trafic aérien, l'avionneur a arrêté ou reporté la grande majorité des projets portés par les sociétés d'ingénierie. Durant les speed datings, dix entreprises (parmi lesquelles Alten, Akka ou CapGemini) ont présenté au donneur d'ordre une centaine de projets qui pourraient entrer dans le cadre des fonds Corac pour l'avion décarboné ou être déterminant en matière d'innovation. Airbus va sélectionner d'ici la fin du mois d'octobre une short-list de projets qui seront financés en fonds propres par les entreprises à condition qu'Airbus s'engage à reprendre les missions d'ici un à trois ans au moment de la reprise.

D'autre part, depuis fin septembre, le Syntec a mis en ligne a plateforme Tesc Force (Toulouse Engineering Skills Center) pour mettre en valeur les compétences disponibles dans la Ville rose. Une initiative complémentaire de la plateforme RH lancée par la startup toulousaine Staffman et le bureau d'études Altitude Aerospace pour favoriser la sous-traitance ou le prêt de salariés en chômage partiel de la filière aéronautique vers d'autres secteurs qui recrutent.

"En plus de mettre des CV, l'objectif est de montrer les métiers et le savoir-faire de nos ingénieurs pour attirer de nouveaux projets sur notre région avec des entreprises nationales ou internationales mais qui s'appuieraient sur les compétences régionales via le travail à distance. Les collaborateurs disposent également d'une bonne maîtrise de l'anglais, requise par Airbus. La plateforme n'a pas pour ambition première d'embaucher. Il s'agit d'attirer des missions en Occitanie pour garder les compétences en région et être prêts quand l'économie redémarrera", décrit Anne Destouches.

La promotion des entreprises toulousaines à l'étranger a commencé en Europe et d'après la déléguée régionale "plusieurs entreprises seraient intéressées" par le principe". Le Syntec numérique réfléchit aussi à mettre en place un showroom pour avoir une vitrine des solutions concrètes déployées par ses membres.

Être concurrentiel face à des pays comme l'Inde

Autre piste envisagée pour sauver des emplois, la création d'une zone de compétences franche à Toulouse. "Après l'explosion d'AZF, une zone franche défiscalisée avait été créée. Si l'on veut être concurrentiel par rapport à l'Inde ou les pays de l'Est, nous aurons besoin du soutien de l'État pour défiscaliser les salaires", estime la responsable du Syntec numérique Occitanie.

Enfin au niveau national, le syndicat a lancé un projet dont Toulouse est le site pilote, intitulé Formation pour le maintien et le développement des compétences d'Innovation (FMDCI). Le principe est de mettre les ingénieurs en inter-contrat sur des missions pour pouvoir être formés en même temps sous un statut qui permettrait des financements de l'État.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.