En Occitanie, l'écosystème croit en une croissance raisonnée

La nouvelle édition de The Village, organisée par La Tribune les 26 et 27 août aura été l'occasion de confirmer que la croissance économique d'aujourd'hui ne sera pas celle de demain. Plusieurs décideurs régionaux ont profité de ces universités d'été pour esquisser les contours du modèle de croissance idéal pour demain. Décryptage.
La croissance économique d'aujourd'hui ne pourra être celle de demain à en croire différents décideurs d'Occitanie.
La croissance économique d'aujourd'hui ne pourra être celle de demain à en croire différents décideurs d'Occitanie. (Crédits : Rémi Benoit)

Décroissance, mondialisation heureuse voire démondialisation heureuse ou encore croissance verte... dans les débats publics, les termes ne manquent pas pour définir le développement économique idéal face au sujet climatique. Et pour certains le temps presse selon eux.

« Après cet été terrible et dramatique, marquée par une sécheresse inédite et des incendies importants, ça y est, nous sommes face à cette crise climatique. La bascule vient de se faire », juge Agnès Langevine, vice-présidente du conseil régional d'Occitanie en charge du Climat et de l'Habitat durable.

Du côté du monde de l'entreprise, certains partagent un constat similaire. « Il faut arrêter de se mentir à dire que nous allons trouver une solution, notamment technologique. On est dans le changement climatique et on est dans le dur. Il faut arrêter le constat gentil, il faut agir. Ce n'est pas une option, c'est une obligation », lance Alix Roumagnac, le président de Prédict Services, spécialisée sur la prévention et la gestion des aléas climatiques. « Dans les entreprises, et au sein du Medef, ce constat, nous le partageons tous », assure Sophie Garcia, la présidente du Medef en Occitanie et membre du bureau national de l'organisation patronale.

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Un revenu écologique jeune en Occitanie

Cet état de fait, les décideurs locaux l'ont tous unanimement partagé et validé lors de l'université d'été « The Village », organisée par La Tribune à Frontignan (Hérault) les 26 et 27 août. Cet événement, qui a réuni près de 200 participants, dont des entreprises et organisations de toutes tailles, était d'ailleurs consacré à la « démondialisation heureuse» et sa potentielle concrétisation.

Mais dans les faits, cela n'est encore qu'un concept voire une utopie pour certains malgré quelques tentatives de modèles alternatifs de développement économique. L'écologiste Agnès Langevine, qui travaille aux côtés de sa présidente socialiste Carole Delga, a notamment la charge de l'application du  Pacte Vert de la collectivité. Celui-ci consiste en partie à « accélérer la transition écologique tout en construisant un modèle plus juste et plus solidaire », à en croire les dires du conseil régional d'Occitanie.

Par exemple, celui va prochainement se matérialiser avec, pour « quelques milliers de jeunes sélectionnés » selon un élu connaisseur du dossier, l'instauration du revenu écologique jeune. Un dispositif qui était une des promesses phares de la campagne de Carole Delga en 2021 qui briguait alors un second mandat.

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Les volontaires, âgés de 18 à 29 ans, vont ainsi toucher une indemnité mensuelle de 689 à 1.000 euros s'ils s'engagent dans une formation débouchant vers un métier vert, notamment dans les secteurs de l'aéronautique ou de l'agroalimentaire. Pour les porteurs du projet, ils y voient aussi un moyen d'atténuer certaines difficultés de recrutement dans ces filières.

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La remise en cause du chiffre d'affaires

Dans le secteur privé, certaines sociétés tentent d'ores-et-déjà d'enclencher un nouveau modèle de développement à l'image de ce que fait Predict Services, qui a comme actionnaires Airbus, Météo France et le groupe BRL. « À Predict Services, nous ne cherchons pas obligatoirement une croissance du chiffre d'affaires et de la rentabilité », explique Alix Roumagnac, dont il admet que cela a été dur de faire accepter cette vision à ses partenaires.

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« Au-delà du fondement philosophique de cette décision, il y aussi le fait que la performance d'une entreprise peut aussi être liée à son agilité plutôt qu'une croissance absolue ou une augmentation de taille. Aujourd'hui, il y a un tas d'outils qui existent comme la raison d'être d'une entreprise ou la RSE. Le problème ne vient pas de la finance mais de la financiarisation du système, il ne vient pas non plus de la croissance mais du fait que c'est l'élément absolu qui est recherché. Une entreprise peut exister et pour qu'elle soit durable elle doit faire des résultats. Mais si la croissance est le seul indicateur absolu de la réussite d'une société c'est là où nous entrons dans une course effrénée bonne pour personne », poursuit le président de Prédict Services.

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Au sein du Medef, on partage ce besoin de consommer mieux et de mieux produire. Mais comment ? « On est complètement d'accord sur le fait que nous avons besoin de sobriété à tous les niveaux. Cela revient à organiser la production et la consommation et non la décroissance. Dans les rangs des entreprises, et notamment des PME, cela fait longtemps que nous avons intégré ce besoin de changer la façon de créer de la valeur », promet Sophie Garcia.

Cependant changer de modèle, alors qu'une grande majorité des voyants sont au vert sur la région Occitanie, s'annonce compliqué, elle qui a été l'une des régions les plus touchées sur le plan économique par la crise sanitaire et qui se remet donc tout juste de cette période. « L'emploi salarié a progressé, le chômage a diminué, les entreprises investissent à nouveau et leur chiffre d'affaires a augmenté de +11% en 2021 », liste le préfet de région Étienne Guyot. « Nous aurons la capacité à surmonter ces difficultés conjoncturelles et cette nécessité de sobriété si nous nous montrons courageux », poursuit le représentant de l'État.

Lui et le conseil régional d'Occitanie doivent signer dans les prochaines semaines le futur CPER (Contrat de plan État-Région) prévoit 6,3 milliards d'euros d'investissements communs sur plusieurs années. L'occasion de matérialiser cette sobriété ?

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