Filière aéronautique du Sud-Ouest : 2020, année de gloire de la diversification ?

Selon une nouvelle enquête de l'Insee, tous les acteurs de la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest n'ont pas vécu de la même manière l'année 2020, année d'émergence de la pandémie. L'organisme dégage cinq profils différents et parmi eux, un fait office de modèle à suivre, à savoir la diversification. Ce qu'il faut en retenir.
(Crédits : Rémi Benoit)

Il y a tout juste deux ans, la filière aéronautique entrait alors dans la plus grave crise de son histoire certainement. Une crise sanitaire qui paralyse alors le trafic aérien et de ce fait immobilise aussi l'industrie aéronautique. C'est donc 24 mois après, alors que la reprise d'activité est enclenchée dans la filière, que l'Insee s'est amusée à analyser l'évolution du chiffre d'affaires sur l'année 2020 entachée par la crise sanitaire des 1.205 entreprises des filières aéronautique et spatiale, sur les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie.

Dans ce panel, qui représente 62% du chiffre d'affaires de l'aérospatiale française, mais aussi 40% des effectifs nationales (à elle seule la Haute-Garonne rassemble 25% des effectifs français des deux secteurs, derrière la Gironde en accueille 4%), les analystes de l'Insee ont déterminé cinq profils d'entreprises. Chaque profil a vécu la crise de manière différente.

La diversification, une garantie économique ?

Parmi la poignée de "clans", un se dégage dans le lot, à savoir les entreprises diversifiées. D'après l'Insee, 483 entreprises (sur 1.205) tirent en moyenne 11% de leur chiffre d'affaires d'activités de l'aérospatiale. "Leur présence sur d'autres marchés leur a permis d'amortir les effets de la crise et leur chiffre d'affaires se replie de 9 %", selon l'organisme. Ces entreprises emploient 59 000 salariés pour un chiffre d'affaires de huit milliards d'euros.

Il est vrai que ces derniers mois, les exemples de diversification de sous-traitants aéronautiques vers d'autres marchés se sont multipliés, en réponse à cette crise sanitaire. Par exemple, le toulousain ST Composites a créé une filiale pour se lancer dans la maroquinerie et la bagagerie de luxe, le spécialiste du thermoformage Soplami se tourne vers les machines agricoles et les véhicules électriques avec les crédits du plan France Relance, ou tout récemment encore c'est le tarbais Ségneré qui a décidé de s'ouvrir au business du mobilier extérieur haut de gamme.

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En l'occurence, l'Insee, dans cette catégorie, fait référence à des sous-traitants aéronautiques déjà diversifiés au moment de l'apparition de la pandémie comme le lotois MH Industries, qui tente de reprendre l'ancienne fonderie aveyronnaise SAM pour prendre une nouvelle dimension, ou encore Celso. "J'espère que la période de crise que nous venons de traverser a fait prendre conscience à certains dirigeants que vous ne pouvez pas dépendre d'un seul client et d'un seul marché", confiait il y a encore quelques jours Agnès Timbre, la directrice générale de Celso.

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Les grandes entreprises, grandes bêtes blessées

D'ailleurs, selon l'Insee, ce profil d'entreprise est le grand perdant de la crise sanitaire. Au nombre de 364 selon leur décompte, ces sociétés sont fortement dépendantes de la filière aéronautique avec un chiffre d'affaires moyen de 94% lié à ce secteur et un client principal. Pour six entreprises sur dix de ce profil, un client principal représente plus de la moitié de leur chiffre d'affaires.

"Ces entreprises emploient 34 000 salariés et réalisent un chiffre d'affaires de six milliards d'euros. Ce profil d'entreprises est plus fréquent dans le Grand Sud-Ouest qu'au niveau national. En effet, les entreprises de la filière implantées en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie sont davantage spécialisées : 76 % de l'activité est dédiée aux marchés aérospatiaux contre 57 % au niveau national. Le chiffre d'affaires de ces entreprises se contracte fortement en 2020 (- 30 %). Le manque de diversification des marchés et des clients les expose particulièrement au repli de l'activité aéronautique", développe l'Insee dans son étude rendue publique jeudi 7 juillet.

Autre profil perdant de cette période de turbulences, les grands entreprises, au nombre de 85, employant 208.000 personnes avec 86 milliards d'euros de chiffre d'affaires. "Plus des trois quarts de leur production est destinée à l'aéronautique. Par ailleurs, pour 22 % d'entre elles, un unique client leur permet de réaliser plus de la moitié de leur chiffre d'affaires", expose l'Insee. Résultat, leur chiffre d'affaires a chuté en moyenne de -37% sur l'année 2020. "Ils ont subi directement le retrait ou le report de commandes des compagnies aériennes sans pour autant les répercuter totalement sur leurs fournisseurs, leurs prestataires et leurs sous-traitants", estime l'institut spécialisé dans les statistiques.

À contrario, les entreprises du secteur spatial, qui sont 57 dans le Grand Sud-Ouest a avoir une activité totalement tournée sur ce secteur (16.500 salariés et 6,5 milliards de chiffre d'affaires), ont vu leur chiffre d'affaires quasiment stagner en 2020, avec une baisse de -2% en moyenne seulement. Enfin, le dernier profil, les entreprises avec une dépendance modérée au secteur aéronautique et un client principal, qui ont perdu en moyenne -17% de leur chiffre d'affaires en 2020. Majoritairement des PME, elles sont 216 dans ce cas et emploient près de 42.000 personnes et réalisent un chiffre d'affaires global de 8,2 milliards d'euros.

"La dépendance à l'activité aéronautique n'est pas négligeable pour ces entreprises (55 % de leur chiffre d'affaires provient du marché aéronautique) et explique une partie de la baisse de leur chiffre d'affaires. Néanmoins, les activités dédiées à d'autres marchés, moins affectés par la crise sanitaire, permettent d'amortir la chute d'activité globale. La diversité des clients est également plus importante : 15 % de ces entreprises seulement consacrent plus de 50 % de leur activité à un seul client", explique l'Insee.

Malgré ces fortes baisses d'activité, hormis dans le spatial, l'organisme rappelle que les effectifs de la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest ont diminué de seulement -3,4%, hors intérim.

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