"Nous voulons avoir un outil de production prêt pour les cadences de production post-2025", prévient Mathieu Tournier, le directeur général de Liebherr-Aerospace Toulouse. Si certains ont fait le choix d'opérations de croissance externe pour s'y préparer, le sous-traitant de rang un quant à lui mise sur le développement de ses ressources en interne face à la montée en charge annoncée par Airbus.
L'avionneur européen vise 65 appareils par mois d'ici mi-2023 et compte aller plus loin. Il a relancé des études pour monter à la cadence 70 d'ici 2024, puis à la cadence 75 d'ici 2025. Soit, la production de 900 avions par an. Et cela rien que pour la famille de l'A320 Neo, dont Toulouse va accueillir dans les prochains mois une ligne d'assemblage pour remplacer les FAL de l'A380.
Afin de répondre à ce carnet de commandes futur, Liebherr Aerospace vient d'enclencher l'investissement "d'un peu plus d'une vingtaine de millions d'euros", selon son directeur général, dans la construction d'un nouveau bâtiment sur son site de Campsas (Tarn-et-Garonne). "Cela va nous permettre d'augmenter notre capacité industrielle de 40% sur l'ensemble de nos deux sites à Toulouse et à Campsas", justifie Mathieu Tournier dans ce contexte de reprise.
Déménagement d'activité...
D'une surface de 10.000 m2, ce futur bâtiment "basse consommation", comme tient à le préciser Liebherr Aerospace, n'entrera en service qu'à partir de 2024. Ce qui doublera les surfaces industrielles de la société à Campsas. L'année actuelle sera dédiée à des phases d'études et sa construction se fera sur 2023. Un calendrier qui fait sens avec le fait que cette opération immobilière va engendrer une réorganisation de l'activité industrielle de la société entre ses sites de Toulouse et Campsas.
"Ce nouveau bâtiment va être dédié à la production d'échangeurs de chaleur, c'est un composant clé des systèmes d'air. Par conséquent, cette activité, qui est aujourd'hui sur le site de Toulouse, va être transférée à Campsas. Il y a des synergies possibles avec l'usinage de pièces mécaniques de haute précision, déjà présent sur place. Le site de Toulouse va ainsi se concentrer sur les activités d'assemblage et de maintenance", explique le directeur général.
Les installations actuelles dans le Tarn-et-Garonne sont destinées à la réalisation de pièces telles que les roues de turbines et de compresseur, ou les corps de vanne haute température. À Toulouse, la surface libérée par le déménagement de l'activité de production d'échangeurs de chaleur permettra d'augmenter significativement les capacités industrielles de montage et de maintenance des autres équipements destinés aux systèmes d'air aéronautiques.
Ce n'est pas la première fois que Liebherr Aerospace mène des opérations d'aménagement d'envergure en région toulousaine. En octobre 2017, le sous-traitant aéronautique a inauguré une extension de 3.500 m2 de son site de Campsas, dédiée à l'usine du futur, contre un investissement total de neuf millions d'euros. Sur la même période, la société a également fait construire un nouveau site à Toulouse après avoir investi sur ce même lieu dans un nouveau centre de logistique en 2015.
...et donc déménagement de salariés
Néanmoins, ces développements immobiliers ont des conséquences sociales en interne pour les 1.250 salariés du site de Toulouse, indirectement pour les 188 du site de Campsas. Étant donné qu'une partie des activités va être transférée de Toulouse vers l'autre usine de Liebherr, les salariés associés à cette production d'échangeur de chaleur vont également devoir déménager. Selon la société, ce sont actuellement 120 salariés du site de Toulouse qui sont concernés par ce projet.
"Les salariés sont informés de cette réorganisation et évidemment notre volonté est de conserver tout le monde dans ce projet. Nous rencontrons un à un les personnes concernées afin de connaître leurs besoins. Nous avons déjà identifié des mesures d'accompagnement", fait savoir Mathieu Tournier.
Au-delà d'un accompagnement financier des salariés et des familles concernées, notamment via des prises en charge des déménagements éventuellement, Liebherr réfléchit à l'instauration de navettes régulières et gratuites entre ses deux sites séparés par 35 kilomètres. Depuis son déménagement de Colomiers (Haute-Garonne) à Pujaudran (Gers) il y a quelques années, la société d'ingénierie eXcent propose le même service à ses collaborateurs afin de ne pas perturber leur mode de vie malgré la vingtaine de kilomètres qui séparent les deux implantations.
À terme, Liebherr compte employer pas moins de 400 personnes sur son site de Campsas avec ses nouvelles capacités industrielles. Rien que pour 2022, ce sont déjà 80 recrutements qui ont été annoncés par l'entreprises, pour ses deux sites, après avoir réduit la voilure pendant la crise sanitaire.
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