Aéronautique et spatial : ce qu'attendent les entreprises des recrues post-Covid

Selon une enquête de l'institut Ipsos commandée par l'école d'ingénieur IPSA, le marché de l'emploi dans les filières aéronautique et spatial évolue avec la crise sanitaire. Certaines compétences techniques et humaines sont plus demandées par les entreprises que par le passé. Les détails.
Le marché de l'emploi post-Covid dans l'aéronautique et le spatial sera différent de celui d'avant la crise sanitaire.
Le marché de l'emploi post-Covid dans l'aéronautique et le spatial sera différent de celui d'avant la crise sanitaire. (Crédits : Rémi Benoit)

Alors que la filière aérospatiale a perdu près de 10.000 emplois sur l'année 2020 selon l'Insee, avant de consolider difficilement ses effectifs en 2021, l'année 2022 est celle du redémarrage des embauches pour ces entreprises. Si ces dernières recherchent des compétences techniques, elles recherchent également des compétences humaines, les fameux soft skills, malgré le manque de candidats.

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Selon le dernier Observatoire des métiers de l'air et de l'espace, sorte de baromètre réalisée par l'école d'ingénierie IPSA en partenariat avec l'institut IPSOS, les attentes des entreprises envers les recrues ont évolué avec la crise sanitaire. "Les étudiants sont un peu désemparé face à l'immensité de ce secteur d'activité, donc ils sont très friands de ce type de travail. Ils regardent les profils recrutés et qui seront recrutés", ajoute Jean-Marc Chalin, le directeur de l'IPSA à Toulouse.

Le bilan de cette enquête est que les intéressés pourraient avoir à changer leur fusil d'épaule pour obtenir facilement un débouché professionnel. D'ailleurs, 58% des 200 dirigeants d'entreprises sondés estiment que la crise de la Covid-19 est un accélérateur de la transformation des métiers des secteurs de l'aéronautique et de l'espace.

Cybersécurité et intelligence artificielle en tête

Cette mutation se fait tout d'abord ressentir dans les métiers et les compétences techniques recherchés par les entreprises. Pour 34% de celles-ci, elles estiment que les besoins de recrutement vont être les plus forts dans les années à venir pour des profils d'ingénieur cybersécurité aéronautique. Cette même statistique était de seulement 25% dans l'édition 2019 de l'Observatoire. Mais le profil d'ingénieur qualité talonne le premier  car 33% des entreprises estiment qu'il sera très plébiscité prochainement, contre 24% en 2019. Pour compléter le podium, celui d'ingénieur intelligence artificielle et sciences des données arrive avec 32% des voix. À noter la chute des ingénieurs méthodes et industrialisation process, réclamés à 23%, contre 42% en 2019...

"Nous avons une hiérarchie très tassée entre tous les profils, qui illustre la diversité des besoins", commente Fédérico Vacas de l'Ipsos. Néanmoins, le trio de tête des compétences techniques demande est le témoin de la mutation de la filière aéronautique en particulier pour des aéronefs encore plus équipés de solutions électroniques que par le passé, surtout dans l'optique d'un avion bas carbone.

Du côté des compétences humaines, 81% des entreprises sondées en fin d'année 2021 attendent des jeunes diplômés "un esprit d'initiative et des capacités d'adaptation". Pour 60% des recruteurs, "une bonne capacité à s'intégrer à une équipe" est primordiale. "Ce n'est pas étonnant de retrouver ces deux qualités en tête après une période Covid qui a demandé de l'adaptation aux entreprises et à leurs salariés, sans oublier le travail à distance qui peut compliquer l'intégration", commente Fédérico Vacas. Par ailleurs, si "une bonne capacité à apprendre et à progresser dans l'entreprise" n'est plus majoritaire (47% désormais contre 60% en 2019), "une bonne connaissance du monde de l'entreprise" est demandée pour 25% d'entre eux, contre 15% auparavant. De ce fait, les recruteurs sont de plus en plus friands de leur côté de la formation par alternance et apprentissage, qui permet à l'élève de se familiariser avec le monde professionnel avant de l'embaucher.

"Pour l'IPSA, la prochaine étape sera la mise en place de l'alternance, à la rentrée 2022 ou 2023. Il y a beaucoup de demandes du côté industriel, mais aussi du côté étudiant", fait savoir Jean-Marc Chalin.

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Le besoin de compétences nouvelles

Malgré les difficultés de recrutement rencontrés par tous les secteurs d'activité, 74% des entreprises de l'aérospatiale sondées se disent optimistes dans leur capacité à embaucher sur les douze mois à venir.

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Pour 46% d'entre elles, le défi de l'avion électrique sera le plus créateur d'emplois dans la filière, suivi par l'intelligence artificielle dans le spatial et l'aéronautique pour 37% et la cybersécurité à 32%. Les nouvelles mobilités, pour 31% des sondés, pourraient aussi être les plus créatrices d'emplois à l'avenir.

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Quoi qu'il en soit, les 200 sociétés interrogées partagent le même constat à 95% : "la filière aérospatiale française aura besoin de compétences nouvelles pour relever le défi d'un transport aérien plus durable".

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