Avant la crise, 90% du chiffre d'affaires du groupe Segneré provenait de l'aéronautique. Installée près de Tarbes et positionnée depuis 1965 sur le marché des aérostructures, ce sous-traitant de rang 2 qui produit des pièces métalliques pour les programmes civils et militaires d'Airbus et Dassault a vu son activité divisée par deux avec la pandémie. Se diversifier devenait donc vital pour l'entreprise familiale.
Elle vient de se lancer dans la fabrication de mobilier design outdoor sous la marque S Collection. Sa première gamme "Barcod" comprend une table, une méridienne évolutive qui peut se transformer en table basse par exemple, un banc, bientôt une chaise, etc. 100 % en métal et idéales sur un terrasse ou un rooftop par exemple, ses créations lui permettent de mettre à profit son expertise de métallerie, mécanique générale, tôlerie, chaudronnerie, etc.
"Par le fruit du hasard, nous avons rencontré une personne spécialisée dans la commercialisation de ce type d'objets qui nous a présenté François Basilien, un designer dont c'est le métier. Le mobilier design que l'on produit est métallique. Nous sommes spécialisés dans le métal. Je voulais que l'on se serve de nos moyens de production qui étaient en sous charge pour les optimiser et continuer à les faire fonctionner. Il s'agit d'un triptyque où nous ne faisons que produire. On ne gère ni la commercialisation ni le design parce que ce n'est pas notre métier", explique Jean-Michel Ségneré, dirigeant de la société éponyme.
Une partie de la gamme "Barcod" de la marque S Collection (Crédits : DR).
Commercialisation à la rentrée prochaine
La première collection est prête pour la commercialisation et des premières ventes ont déjà été enregistrées. Sur ce volet, la PME familiale qui s'occupe uniquement de la fabrication, fait confiance à son partenaire commerciale pour signer des contrats, démarcher des clients, professionnels ou particuliers, en France ou à l'étranger. Prémium, la marque S Collection peut coûter plusieurs milliers d'euros par meuble. Par exemple, la grande table est affichée au prix de 6.500 euros. Ces tarifs "ne sont pas délirants" pour du mobilier prémium, en inox, qui peut rester à l'extérieur toute l'année et qui dure dans le temps. "L'idée, ce n'est pas d'en faire à la chaîne mais de manière exclusive", assure le chef d'entreprise.
"Nous avons produit la première collection à notre vitesse habituelle de l'aéronautique. Nous l'avons faite en six mois là où dans le secteur il faut plutôt deux ans. Nous allons être opérationnels pour une vraie commercialisation à partir de septembre jusqu'à décembre. Étant donnée que c'est du mobilier extérieur les commandes pour l'été prochain se feront à ce moment-là."
L'entreprise ne s'est pas fixée de limite de production et peut fournir autant de mobilier que lui demandera son carnet de commandes. Par ailleurs, elle travaille d'ores et déjà sur la conception d'une future collection de mobilier. Complètement différente de la précédente, elle devrait être disponible pour la rentrée 2022 et une partie sera exposée lors du prochain salon Maison & Objet du 8 au 12 septembre prochains à Paris.
Redémarrage "de manière assez violente" de l'aéronautique
Même s'il se diversifie, l'activité essentielle et historique du groupe reste l'aéronautique. Cette dernière redémarre puisque l'activité de ses clients Airbus ou encore Dassault, donneurs d'ordres, est repartie à la hausse après un dur et long coup d'arrêt dû à la crise sanitaire. Que ce soit sur le civil ou le militaire, l'activité de Segneré connait une accélération de l'ordre de 25 % par rapport à 2021. "Cela redémarre de manière assez violente et un peu erratique. Mais nous faisons face car c'est une bonne nouvelle", affirme-t-il.
Ce redémarrage soudain, s'explique en partie par les remontées de cadences d'Airbus, avec une production mensuelle de 45 A320 au quatrième trimestre 2021 qui culminerait à 64 appareils en 2023, un niveau jamais atteint dans l'histoire de l'aéronautique. Côté Dassault Aviation, près de 12 milliards d'euros de commandes ont été enregistrées en 2021, contre 3,5 milliards en 2020 et le Rafale connait un large succès à l'export.
Cependant, une difficulté pourrait se dresser sur le chemin de l'entreprise. En effet, comme toute la filière elle fait face à une pénurie ainsi qu'une augmentation des prix des matières premières, comme le titane, quand ses clients lui "demandent de faire des efforts sur le prix des pièces". Ces difficultés d'approvisionnement qui s'expliquent principalement par la guerre en Ukraine pousse la PME à se "freiner" afin d'assurer les livraisons. "De plus, nous sommes confrontés, comme tous les secteurs industriels à des problématiques de main d'oeuvre qui est compliquée à trouver", ajoute le dirigeant du groupe qui emploie autour de 140 employés.
Retrouver les résultats de 2019
Dans l'optique de diversifier un peu plus ses activités et de sortir du tout-aéronautique, l'entreprise familiale mise sur la proximité avec deux acteurs majeurs du ferroviaire, Alstom et CAF. Pour l'heure, les choses sont plus longues à développer sur ce marché, mais la société reste "positionnée et partenaire de ces sociétés".
"ll s'agit d'une opportunité locale. Nous avons deux acteurs à moins de moins 20 km de chez nous qui sont des groupes majeurs du monde du ferroviaire. Il faudrait être aveugle pour ne pas discuter avec ces entreprises qui ont besoin de toute l'expertise et de la méthodologie de travail du secteur aéronautique pour consolider leur supply chain et faire face à leur montée des cadences", expliquait Jean-Michel Ségneré à La Tribune l'été dernier.
Sans révéler son chiffre d'affaires pour l'exercice précédent, le groupe précise qu'il a fait deux fois moins de pertes qu'en 2020. Pour 2022, il espère trouver un équilibre. À horizon 2024, l'objectif est de retrouver le niveau d'activité et les résultats financiers de l'année 2019, soit 17 millions d'euros de chiffre d'affaires. "Nous restons optimistes pour atteindre cette objectif. Nous avons le carnet de commandes pour. Il faudra le sortir dans les bonnes conditions, avec la main d'œuvre et la matière", espère Jean-Michel Ségneré.
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