Municipales : Biasotto veut "rapprocher les entreprises des collectivités"

Comment rendre Toulouse attractive dans un rayon national, européen voire international ? Comment donner envie aux entreprises de venir s'installer dans l'agglomération ? Pour celles déjà installées, comment améliorer leur accompagnement ? La tête de liste de Toulouse Belle & Forte, Franck Biasotto, et de deux de ses colistiers spécialisés sur le sujet, dévoilent à La Tribune leur future politique d'attractivité pour la Ville rose. Entretien.
Le candidat Franck Biasotto, notamment soutenu par le MoDem, veut renforcer les liens entre collectivités et entreprises.
Le candidat Franck Biasotto, notamment soutenu par le MoDem, veut renforcer les liens entre collectivités et entreprises. (Crédits : Rémi Benoit)

La Tribune : une fois aux affaires, vers quel(s) axe(s) comptez-vous orienter la politique d'attractivité de la métropole toulousaine pour lui donner un meilleur rayonnement ?

Jérôme Sion : Nous souhaitons d'abord construire et développer le tourisme de demain. D'une part, nous comptons soutenir les festivals comme Rio Loco ou La Biennale, qui ont une jauge importante. Il faut les développer et les muscler. Parallèlement, on veut développer un nouvel événement en co-construction avec les acteurs locaux, afin d'éviter une nouvelle offre qui arriverait comme un cheveux sur la soupe à Toulouse, comme c'est arrivé par le passé.

La Tribune : un événement autour de la culture et de l'aéronautique, comme annoncé par votre tête de liste Franck Biasotto lors du débat organisé par La Tribune ?

J.S : Oui, cela serait un événement réalisé en co-construction avec le Quai des savoirs, la Cité de l'espace, l'Aerospace valley, etc... Nous voulons aussi travailler autour de la gastronomie, en lien avec l'histoire de la ville, mais pour un tel événement nous devrons être en lien avec la Région afin de mettre en avant l'important réservoir de labels de qualité.

Sylvie Rouillon-Valdiguié : le Salon Régal, porté par la Région Occitanie, est un peu petit. Nous nous proposons une évolution du Régal en lui donnant davantage d'ampleur.

La Tribune : ne craignez-vous pas de créer une offre culturelle supplémentaire dans un paysage toulousain déjà très riche et varié ? Comment pouvons-nous faire naître cet événement de grande ampleur et fédérateur à Toulouse ?

S. R-V : L'idée est de restructurer notre offre autour de plusieurs types d'événements en mettant en place des logiques événementiels qui permettraient peut-être d'avoir plusieurs spots pour un seul et même thème, pour regrouper les énergies et redonner une cohérence. Aujourd'hui, chaque musée fait sa propre exposition. L'avantage d'avoir une trame claire et lisible permet à chaque acteur du territoire de proposer et d'amener une déclinaison une fois que le projet est fixé. On pourra ainsi le décliner dans les quartiers et même dans les toutes petites structures.

Pour mettre sur pied ces stratégies directrices, nous avons identifié deux axes : un autour de l'image, du cinéma et des industries culturelles et créatives. Nous avons une offre importante autour de l'image et de l'animation à Toulouse que nous n'exploitons pas et qui est dispersée. Financer des associations et des projets au coup par coup ne donne jamais quelque chose de bon. L'autre axe sera celui précédemment évoqué autour du spatial et de l'aéronautique, en mêlant la culture scientifique.

La Tribune : mais avons-nous ce lieu phare, au-delà du MEETT, pour accueillir le type de manifestations culturelles que vous décrivez ?

J.S : Oui, nous avons les Abattoirs. Ils sont sous-utilisés, à un tiers de leur capacité. Donc, il n'y a pas la nécessité de construire un nouveau lieu. Il s'agit de mutualiser plusieurs espaces et de croiser les regards sur un seul et même rendez-vous. Aujourd'hui, chacun organise sa manifestation dans son coin mais nous n'avons pas les moyens de nous disperser. Nous devons créer une philosophie d'exposition en forme de parcours dans les hauts lieux culturels de Toulouse.

La Tribune : par ailleurs, comment comptez-vous financer ces deux à trois événements culturels majeurs que vous annoncez ? Aujourd'hui, la culture n'est pas l'un des budgets les plus importants à Toulouse...

Franck Biasotto : Pour faire un bon festival, il faut 8 millions d'euros. C'est un effort qui devra être porté par plusieurs branches à savoir la culture, les associations, la science et le tourisme, car c'est une discipline transverse. Et pour cela, les budgets ont besoin d'être sanctuarisé en amont des événements, il faut stopper ce financement au coup par coup. Pour cela, il faut faire avec l'offre culturelle actuelle que nous avons mais mieux l'orchestrer et lui donner une meilleure visibilité.

J.S : Le budget global de la culture à Toulouse est autour de 120 millions. Pour l'augmenter, on voudrait développer le mécénat culturel et le rapport avec les entreprises à ce sujet. Actuellement, cela représente une trop faible partie du budget culture, de mémoire autour d'un million d'euros. Cela serait intéressant de développer cette ressource avec une agence qui favoriserait le mécénat culturel d'entreprise, afin qu'elles investissent dans les événements qui font rayonner Toulouse.

La Tribune : au-delà du volet culturel, quelle serait votre mesure phare pour attirer les entreprises à Toulouse ? L'un de vos adversaires propose par exemple l'exonération fiscale pour les startups innovantes sur les sept premières années de leur existence...

F.B : C'est une rupture d'équité. Si moi je ne suis pas une startup, je ne vais pas trouver normal que pendant sept ans une entreprise ne paie aucun impôt. Si je vends des chaussures et que je veux m'installer à Toulouse, on ne me donnera pas les mêmes avantages. Cette mesure est discutable. Mais on comprend que le maire sortant veuille mettre cela en place car il a été le patron quand il a fallut massacrer les entreprises avec la hausse de la CFE. Il n'assume pas les décisions prises par le passé. On ne peut pas dire aux entreprises "venez vous installer", puis vous taper dessus à coup de hausses fiscales.

La Tribune : face à cet exemple d'engagement, que propose la liste Toulouse Belle & Forte pour le tissu économique toulousain et pour enrichir notre écosystème ?

F.B : Concrètement, on manque de bureaux d'entreprises dans le centre-ville de Toulouse et elles sont demandeuses. Donc il va falloir se doter des bons outils, pour y remédier, en modifiant le PLUiH. Et si vous souhaitez attirer de nouvelles entreprises à Toulouse, cela passe par l'attractivité de son réseau de transports, thème que j'ai largement développé auparavant (renforcement du réseau bus, 3ème ligne de métro jusqu'à l'aéroport, navettes fluviales, développement d'un réseau cyclable sécurisé, ndlr). Les entreprises ne viennent pas ici car c'est le bin's sur la rocade !

Au-delà de cela, il faut soutenir l'émergence de villages artisans réservés aux TPE et PME comme cela est en train de se faire dans le quartier Bagatelle. Par exemple, on étudie la mise en place d'un dispositif pour mettre à disposition des entreprises certains fonciers et friches, pour qu'elles se développent, tout en s'assurant de leur pérennité sur notre territoire. Il ne faut pas laisser croire que ce sera un cadeau.

La Tribune : Lors du débat d'avant premier tour organisé par La Tribune, beaucoup de chefs d'entreprises ont exposé le fait de ne pas être entendu ou écouté. Comment comptez-vous remédier à ce sentiment ?

F.B : Nous devons, et allons, créer une porte d'entrée pour les TPE et PME à Toulouse Métropole car elle n'existe pas. Il n'y a pas de zone de dialogue et ce manque se fait sentir. Il faut rapprocher le monde des entreprises de celui des collectivités.

S. R-V : Aussi, la première chose que nous demandent les entreprises qui veulent s'installer, est si nous sommes en capacité de leur fournir leurs futurs collaborateurs. Nous savons que nous avons un bassin d'emplois qui est particulièrement pertinent sur tout ce qui est l'ingénierie, mais pas uniquement. Quand ces entreprises arrivent, elles veulent que le recrutement de leurs équipes soit assuré. Si l'entreprise a moins de difficultés pour trouver ses salariés, elle sera plus intéressée pour venir s'installer sur notre territoire.

La Métropole doit donc être maître d'oeuvre sur la stratégie en ce qui concerne l'emploi. Nous avons les outils nécessaires avec l'Agence d'attractivité pour faire le lien avec les entreprises et Toulouse Métropole Emploi pour faire le lien avec Pôle Emploi. Il faut mener une réflexion en mettant autour de la table Pole Emploi, tous les acteurs économiques, Toulouse Métropole, le Département et la Région... afin de se donner des un cap commun. Il faudra flécher cette stratégie vers les filières dîtes prioritaires (l'IA, les transports et la santé) et deux segments importants que sont les séniors et le conjoint du nouvel arrivant. À Toulouse, cette tranche de la population fait que nous avons un important taux de chômage.

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