Filière événementielle : les préconisations d'une députée toulousaine pour relancer le secteur

Face à la crise sanitaire, la députée Corinne Vignon (LREM) vient de présenter un rapport d'information sur les conséquences de celle-ci sur la filière événementielle. Après une cinquantaine d'auditions, l'élue propose notamment la création d'une fédération du secteur pour une meilleure représentativité et des moyens pour donner de nouvelles marges financières à ces professionnels ainsi qu'une meilleure protection.
La députée (LREM) Corinne Vignon a présenté, mercredi 19 janvier, ses préconisations pour relancer la filière événementielle, qui pèse pour 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France.
La députée (LREM) Corinne Vignon a présenté, mercredi 19 janvier, ses préconisations pour relancer la filière événementielle, qui pèse pour 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France. (Crédits : Assemblée Nationale)

"La crise sanitaire a révélé en creux toute l'importance de cette jeune filière dans l'économie française", estime Corinne Vignon, la députée (LREM) de la troisième circonscription de Haute-Garonne. Rapporteuse d'un rapport consistant à "étudier les répercussions de la crise sanitaire sur la filière événementielle, hors secteurs culturel et sportif", l'élue a détaillé une fiche d'identité du secteur à l'occasion de la présentation de son rapport final en commission des affaires économiques à l'Assemblée Nationale, mercredi 19 janvier.

Selon Corinne Vignon, qui se base notamment sur la cinquantaine d'auditions de divers acteurs du secteur menées par ses soins, la filière événementielle pèse en France pour plus de 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires d'après des chiffres de 2019. Avec notamment 380.000 événements d'entreprises sur cette même année, ce sont 455.000 emplois directs et indirects qui se regroupe au sein de cette filière événementielle. Aujourd'hui, cet écosystème se retrouve plus que fragilisé.

"Tous les professionnels du secteur ont perdu entre 80 et 100% de leur chiffre d'affaires en 2020 et les nouvelles restrictions pour affronter la cinquième vague de la crise sanitaire entraînent des annulations en masse et dissuadent de nouveaux projets depuis la fin de l'année 2021", constate la député de la majorité parlementaire.

Dans le bassin toulousain, l'association SOS Events 31 évoque "au moins 50 % de perte d'activité" et 35 % de perte de chiffre d'affaires, en se basant sur les données communiquées par 80 de ses adhérents au début du mois de décembre 2021. Or, à la fin de ce même mois, les professionnels évoquaient déjà 70 % de perte de chiffre d'affaires.

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"Offrir une nouvelle marge financière" à la filière

Dans ce contexte, la rapporteuse a salué les toutes récentes annonces du gouvernement en soutien à la filière durement touchée par la crise sanitaire et les restrictions liées. À l'occasion d'un déplacement dans une brasserie parisienne, mardi 18 janvier, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le déblocage d'une aide pour les mois de décembre et janvier, réservée aux entreprises de moins de 250 salariés dans les secteurs de l'hôtellerie, la restauration, les traiteurs, l'événementiel et les agences de voyage. Celle-ci va permettre, aux sociétés perdant au moins 30% de leur chiffre d'affaires, de bénéficier d'un paiement des cotisations sociales d'un montant égal à 20% de la masse salariale.

Mais pour Corinne Vignon, cela n'est pas encore suffisant. "Il faut étendre par exemple le prêt Tourisme (géré par BPI France, ndlr), bien plus favorable que le PGE avec des durées de remboursement plus longues, à la filière événementielle", demande-t-elle. Sur le sujet du financement toujours, la représentante de la majorité parlementaire ajoute le besoin "d'offrir une nouvelle marge financière à ces entreprises, aujourd'hui trop affaiblies".

"Pour se relancer, nous allons avoir besoin de fonds propres car beaucoup d'entreprises ont pioché dans leurs caisses pour surmonter la période", valide Jean-François Renac, le directeur général de la société toulousaine Miharu et président de l'association SOS Events 31, qui rassemble une centaine de professionnels locaux. Auditionné par la députée au cours de ses six mois de travaux, le dirigeant évoque également "deux trous dans la raquette", que sont la mise à l'écart des micro-entreprises à un certain nombre de dispositifs de soutien comme celui portant sur les coûts fixes. Par ailleurs, le porte-parole des entreprises toulousaines du secteur appelle à un changement du point de référence pour la demande des aides.

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"Depuis le début, les différents services prennent en compte l'année 2019, ce qui n'est pas bête au départ. Seulement, depuis deux ans, beaucoup d'entreprises se sont transformées et ont intégré de nouvelles activités pour survivre. Quand elles ajoutent un euro de leur nouvelle activité, elles dépassent les seuils pour certaines aides", expose Jean-François Renac.

Meilleure protection et meilleure représentativité suggérées

La député haut-garonnaise préconise également dans son rapport d'information d'étudier "la possibilité de créer un mécanisme de dédommagement en cas de pertes importantes, dans un contexte de crise ou de restriction administrative". "Les assurances n'ont pas joué le jeu durant la crise alors qu'elles doivent couvrir ces risques. Il faut travailler à la création d'un fonds financé par des cotisations ou un autre mécanisme", poursuit Corinne Vignon. "Les assurances sont totalement absentes du débat alors que par exemple aujourd'hui nous sommes à 90% de perte d'exploitation rien que sur janvier à Toulouse pour la filière", peste le patron de l'association SOS Events 31.

Par ailleurs, à l'image de la création de cette association locale, la députée suggère dans son rapport la création d'une fédération nationale afin de mieux structurer la filière et pour une meilleure représentativité.

"C'est une très bonne idée car c'est notamment la première fois, grâce à la crise sanitaire, que tous les corps de métier se parlent et avancent ensemble auprès du ministère de l'Économie notamment. Mais cela sera compliqué car cela n'a jamais été fait en raison notamment d'une culture très différente entre tous les métiers qui composent la filière événementielle. Si déjà nous arrivons à la création d'une interprofession, ça sera bien", réagit Jean-François Renac.

Réciproquement, Corinne Vignon appelle auprès du gouvernement à la création d'un comité interministériel, à l'image ce dont dispose le secteur du tourisme, pour une meilleure réponse de l'État aux différents problèmes rencontrés par la filière à l'avenir.

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