Une première, Spare Parts 3D parvient à transformer automatiquement des plans industriels papiers (ou 2D) en 3D

Exclusif. Après deux ans de R&D, la startup toulousaine Spare Parts 3D est parvenue à transformer en plans 3D des plans de pièces initialement en format papiers ou 2D. L'entreprise, financée dans ce projet par Agence de l'innovation et de défense et soutenue par Nexter, cherche désormais des industriels pour endosser le costume de bêta-testeur de sa solution logicielle. Les détails.
À partir de plans 2D, ou papiers, la startup toulousaine Spare Parts 3D parvient avec un logiciel à les transformer en quelques minutes en un plan 3D, adapté à la fabrication additive.
À partir de plans 2D, ou papiers, la startup toulousaine Spare Parts 3D parvient avec un logiciel à les transformer en quelques minutes en un plan 3D, adapté à la fabrication additive. (Crédits : Spare Parts 3D)

Preuve de l'intérêt du sujet, l'Agence de l'innovation et de la défense (AID) subventionne totalement ce projet, pour plus d'un million d'euros (1,4). Son nom ? Théia. Cette brique logicielle est actuellement développée par la startup toulousaine Spare Parts 3D. À partir d'un plan industriel d'une pièce, sur papier ou en 2D, cette solution est capable en quelques minutes de l'analyser pour en faire un plan industriel 3D, adapté à la fabrication additive.

« C'est un sujet de recherche depuis 40 ans, il s'agit d'une véritable innovation de rupture industrielle. Habituellement, ce travail est mené par un ingénieur CAO et reconstituer une pièce en 3D à partir de plans papiers ou 2D prend au moins plusieurs jours. Tout l'enjeu est de faire de cet outil un support pour l'ingénieur et non pas le remplacer », commente Paul Guillaumot, le CEO de Spare Parts 3D.

Pour ce faire, la brique logicielle Théia est un mélange de technologies confirmées dans le souci d'extraire un maximum d'informations du plan 2D et permettre ainsi la création du « passeport numérique » de la pièce concernée, image le dirigeant. L'éditeur de logiciels toulousain fait ainsi appel à de l'intelligence artificielle (Deep Learning), associée à de la vision par ordinateur, avec de l'OCR (optical character recognition) et du NLP (natural language processing).

Dans ce projet de recherche engagé il y a deux ans, Spare Parts 3D est associé au LURPA, le Laboratoire universitaire de recherche en production automatisée, de l'université Paris-Saclay. Des industriels comme Nexter sont aussi de la partie face aux enjeux financiers et environnementaux permis par une telle avancée technologique.

Une manière pour les entreprises de réduire leurs stocks

Selon l'ancien cabinet de conseil aux entreprises Theano Advisors, une étude menée par ses soins en 2018 estimait alors à 34 milliards de dollars les gains potentiels pour l'industrie mondiale à réduire ses stocks de pièces détachées.

« Avec notre technologie, nous donnons à l'entreprise toutes les informations pour lancer à n'importe quel moment la production d'une pièce. Cela permet de réduire considérablement l'impact carbone de la supply chain, en produisant seulement ce dont les industriels ont besoin et c'est aussi un enjeu de souveraineté pour les entreprises. Il y a des dizaines de milliers de plans papiers ou en 2D que les industriels aimeraient numériser mais c'est onéreux de mobiliser une équipe d'ingénieurs pour chaque pièce. Nous comptons réduire le coût de la digitalisation », confie à La Tribune le CEO.

Cette possibilité technique intéresse les forces armées françaises, justifiant ainsi le soutien financier total de l'AID. L'armée, au travers de son projet OPTIMUS est engagée depuis quelques années dans l'intégration de la fabrication additive dans son organisation opérationnelle, particulièrement pour les opérations extérieures. En ce sens, elle a notamment commandé une quarantaine d'imprimantes 3D auprès du Toulousain eMotion Tech.

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Ainsi, la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) et Nexter sont partenaires du projet de recherche par Spare Parts 3D  et testent dès lors la solution de la startup toulousaine. Ces dernières semaines, sept pièces à partir de plans 2D ont été produites.

Un chiffre d'affaires en croissance

Satisfaite des premiers résultats, Spare Parts 3D souhaite commercialiser sa brique logicielle en 2025, en promettant aux industriels de réduire le coût de maintien des stocks. « Dans un premier temps, nous ambitionnons de digitaliser environ 10% des pièces qui composent les stocks des entreprises et mobilisent du BFR, mais à terme nous pourrions aller beaucoup plus loin », projette Paul Guillaumot. Pour faciliter l'acculturation à cette digitalisation, l'entreprise et ses 15 salariés cherchent actuellement des entreprises pour endosser le costume de bêta-testeur.

Par la même occasion, l'éditeur de logiciels toulousain est à la recherche de fonds pour se structurer. Spare Parts 3D a notamment pitché devant une centaine d'investisseurs il y a quelques jours, à l'occasion d'Occitanie Invest, organisé à Toulouse.

« Nous cherchons à boucler une série A avant l'été, entre cinq et dix millions d'euros. La moitié sera dédiée au développement du logiciel et l'autre moitié à l'accélération des ventes (...) Nous avons bouclé l'exercice 2023 avec un million d'euros de chiffre d'affaires et nous avons déjà neuf millions en discussion pour 2024 », souligne l'entrepreneur originaire de l'industrie aéronautique, qui commercialise déjà un logiciel permettant aux industriels de numériser leur inventaire.

Jusqu'à présent soutenue par des business angels, Spare Parts 3D compte recruter au moins cinq collaborateurs dans les prochains mois en profitant du soutien des futurs investisseurs.

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