À Toulouse, les commerces se moquent du Black Friday mais veulent rouvrir vite

Les commerces de proximité pourront-ils rouvrir pour le Black Friday du vendredi 27 novembre ? Les principaux concernés militent évidemment pour, soutenus par le maire de Toulouse. Pour autant, le Black Friday n'est pas forcément gage de rentabilité. Mais chaque jour d'ouverture est bon à prendre pour ces établissements haut-garonnais face à cette crise, certains étant même "contraints" de ne pas respecter les règles en place afin de maintenir un minimum d'activité. Rencontres et témoignages.
Les petits commerces pourront-ils lever le rideau pour le Black Friday ?
Les petits commerces pourront-ils lever le rideau pour le Black Friday ? (Crédits : Rémi Benoit)

"Le plus urgent est de permettre une réouverture généralisée des établissements, quitte à mettre en place des protocoles encore plus importants. Les patrons sont prêts à faire tous les efforts nécessaires pour rouvrir", clame Nicolas Poux, le secrétaire général de la CPME Haute-Garonne".

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Depuis le début du reconfinement fin octobre, qui a pour but d'endiguer la propagation de la Covid-19, les petits commerces doivent se contenter de faire du click and collect (achat sur internet et retrait en boutique). Une situation qui ne permet pas aux entreprises d'écouler leurs stocks comme le confirmait récemment dans La Tribune la responsable de la librairie Ombres Blanches, Emmanuelle Sicard.

"De manière générale, les commandes sur la toile sont de plus en plus nombreuses depuis le premier confinement. Mais celles-ci ne rattrapent pas tout ce qui a été perdu durant l'arrêt de la vente en direct".

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Dans ce contexte, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a pris position. Il soutient fermement les petits commerces et appelle le gouvernement à laisser les boutiques rouvrir le 27 novembre, jour du Black Friday.

Cependant, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire a récemment obtenu un report de cette journée de prix bradés au 4 décembre. De plus, les dernières informations de LCI laissent entendre qu'Emmanuel Macron pourrait annoncer un lever de rideau possible pour le 28 novembre... Soit un jour après le Black Friday originel.

Le Black Friday réellement utile pour les petits commerces ?

Mais pour bon nombre de petites entreprises, ce Black Friday n'est pas gage de profit pour autant comme le précise Nicolas Poux.

"C'est un weekend important mais ils le seront tous avant Noël. Pour ces petits commerçants ou ces commerces de proximité, le nerf de la guerre, c'est le stock. Plus ils auront de temps pour l'écouler, mieux se sera. Il ne faut pas oublier que le Black Friday est une création des grosses boutiques qui ont des petites marges mais qui brassent un volume important. Pour des petits commerçants, les promotions ne sont pas une solution. Surtout en ce moment où ils ne dégagent aucune marge. Tout ce qui est bon à prendre est à prendre, que ce soit Black Friday ou pas".

Même son de cloche du côté d'Antoine Nori. Le responsable de la boutique toulousaine de vêtements en cuir, Cesare Nori,  met cependant l'accent sur l'activité qu'une telle journée commerciale pourrait générer.

"En soit le Black Friday c'est bien, mais les gens viennent acheter des articles bradés qui nous rapportent peu. Le plus important pour nous est d'écouler nos stocks et pour cela il faut qu'on ouvre et au plus vite. Et le 27 novembre est important car il y aurait un mouvement médiatique fort qui pourrait entraîner un peu de dynamisme".

De son côté, le ras-le-bol est tel qu'il n'entend pas forcément respecter les directives du gouvernement pour ouvrir.

"Je pense que si nous ne sommes pas autorisés à ouvrir lors du Black Friday, beaucoup ne respecterons pas l'interdiction. C'est quelque chose que j'envisage moi-même. Le mois de novembre représente 25% de notre chiffre d'affaires annuel. Nous avons perdu 95% de ce mois. Nous perdons donc 23% de l'année rien que sur novembre", regrette-t-il.

Tous n'ont pas attendu l'aval du gouvernement pour rouvrir

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'Antoine Nori défie les directives gouvernementales en place.

"Nous avons ouvert le premier weekend du confinement pour protester contre le fait que les grandes enseignes pouvaient vendre des produits jugés 'non essentiels'. Par la suite, nous avons juste accueilli des clients durant deux matinées en réaction à l'enfumage du gouvernement qui fait des effets d'annonce qui ne sont pas suivis derrière. C'était assez spontané, quelques autres magasins ont ouvert temporairement également, mais il n'y en a pas eu beaucoup. Nous avons eu quelques clients ces jours-là mais cela a surtout permis aux consommateurs de prendre conscience de notre situation. Cela a eu pour effet de voir l'augmentation des ventes en click and collect depuis le début du reconfinement".

Certains autres petits commerces n'ont même pas pu mettre en place de click and collect pendant ce confinement. Mais pour maintenir un minimum d'activité, ils ont utilisé d'autres méthodes. Des esthéticiens ou des coiffeurs mettent discrètement leurs services à disposition sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Snapchat. Une coiffeuse ayant souhaité rester anonyme raconte comment cette démarche, interdite par le gouvernement, fonctionne.

"Nous utilisons les groupes de ventes privés pour pouvoir travailler un peu. Bien sûr, cela ne nous rapporte pas grand chose. Dans les bonnes journées, nous faisons 15% du chiffre d'affaires que nous pourrions faire dans les centres de coiffure. Les clients nous contactent en privé après que nous ayons mis l'annonce. Ensuite, ils se déplacent jusqu'à chez nous pour qu'on puisse les coiffer. Mais je sais que certains de mes confrères vont directement chez le consommateur".

Ces frondeurs restent cependant minoritaires, la plupart des commerçants respectant les mesures pour contrer la propagation du coronavirus.

"Il y a effectivement quelques mouvements de ce genre mais ce n'est pas quelque chose que l'on encourage de notre côté, explique Nicolas Poux. Il n'y a pas de chiffre précis concernant le nombre d'établissements concernés par ces réouvertures. C'est plus symbolique qu'autre chose. Ce sont pour la plupart des systèmes de click and collect où le vendeur autorise le client à rentrer dans l'établissement pour récupérer le produit. De plus, rien ne prouve que les clients ont été nombreux dans ces magasins avec le confinement et le manque d'annonce".

Ces boutiques pourront-elles donc rouvrir sans fronder pour le Black Friday ? Réponse ce mardi 24 novembre lors du discours d'Emmanuel Macron, le président de la République, qui doit exposer la stratégie du déconfinement. Une bonne nouvelle pourrait cependant suivre pour les petits commerçants. En effet, la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, se dit "favorable" à l'ouverture de ces enseignes les dimanches du mois de décembre. Une de leurs demandes pour tenter d'atténuer les pertes causées par la pandémie...

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