Librairies : inquiétudes à Toulouse à l'approche de la période cruciale de Noël

Le re-confinement est un nouveau coup dur pour les libraires qui ont enregistré en moyenne une diminution de 8% de leur chiffre d’affaires, sur l'année 2020. À Toulouse, les professionnels du secteur misent sur le click and collect, même si la vente en ligne ne permettra pas de sauver Noël. Rencontre avec les acteurs de la filière.
Les librairies sont contraintes à la fermeture depuis le début du reconfinement.
Les librairies sont contraintes à la fermeture depuis le début du reconfinement. (Crédits : Rémi Benoit)

Pour les libraires aussi, 2020 a engendré des pertes conséquentes. Définitivement marquée par la pandémie de la Covid-19, cette année a vu les vendeurs de livres tirer un trait en moyenne sur "8,1 % de leur chiffre d'affaires sur les dix premiers mois en comparaison à 2019", d'après les données de l'Observatoire de la librairie relayées par la responsable de la communication du Syndicat de la librairie française (SLF), Morgane Leguillou.

"Sur les deux mois de confinement au printemps, il y a un manque à gagner de 92 % du chiffre d'affaires par rapport à mars et avril de l'an passé. En tenant compte de la saisonnalité des ventes, il aurait fallu une progression moyenne de 12 % en octobre, en novembre et en décembre pour que le chiffre d'affaires national global finisse à l'équilibre par rapport à 2019. Cependant, le mois d'octobre a été globalement positif. Les ventes ont progressé de 4,7 %, avec une journée absolument exceptionnelle la veille du deuxième confinement (+ 383%). Mais cette embellie est probablement temporaire, et avec le reconfinement, l'inquiétude et l'incertitude règnent", poursuit-elle.

Le click & collect et l'ombre d'Amazon

Les librairies sont en effet contraintes de fermer à nouveau boutique, les livres n'étant pas considérés comme 'essentiels' par le gouvernement. Mais pour parvenir à maintenir une activité, elles misent à nouveau sur les ventes en ligne et le retrait en mode click & collect.

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"En temps normal, les ventes sur Internet représentent entre 6 et 8 % de notre chiffre d'affaires total, explique la gérante de la boutique toulousaine Ombres blanches, Emmanuelle Sicard. Cette année, ce chiffre atteint plus de 11 %. De manière générale, les commandes sur la toile sont de plus en plus nombreuses depuis le premier confinement. Mais celles-ci ne rattrapent pas tous ce qui a été perdu durant l'arrêt de la vente en direct".

Le click & collect sonne donc comme un moindre mal pour les librairies. Malheureusement, le SLF confirme que cette solution n'est pas viable sur le long terme.

"Il ne s'agit que d'un palliatif qui ne peut remplacer leur vrai métier. Les enseignes sont nombreuses à avoir mis en place le click & collect. Beaucoup n'ont d'ailleurs jamais cessé cette pratique depuis le printemps. Mais sur 3 300 librairies françaises, seules 1 000 à 1 200 disposent d'offres de vente en ligne".

Ce système est aussi un moyen pour les boutiques de ne pas se faire piétiner par le géant du e-commerce Amazon, sur lequel la vente de livres et la livraison à domicile continuent  Mais du côté de Renaud Layet, responsable de la librairie Série B à Toulouse, l'impuissance face à l'entreprise américaine de Jeff Bezos n'est pas nouvelle.

"Cela fait plusieurs années maintenant qu'il est là. Mais nous ne pouvons pas légiférer dessus ni le combattre via le gouvernement. La seule solution est que les clients prennent conscience de la situation. Interdire la vente de livres à Amazon n'est pas non plus une solution. S'ils ne peuvent plus vendre en ligne, nous ne pourrons pas non plus et nous serons totalement à l'arrêt".

Des fêtes de fin d'année "cruciales" pour les libraires

Une coupure totale de l'activité pourrait être effectivement plus que préjudiciable pour les librairies, particulièrement en cette période où Noël approche désormais. Cette fête est historiquement très attendue par les professionnels du secteur en raison de l'augmentation saisonnière des ventes d'ouvrages.

"Noël est une période cruciale pour les libraires. Les ventes effectuées en novembre et décembre représentent en moyenne un quart de l'activité annuelle des librairies, avec un pic des ventes conséquent sur la semaine 51", explique le SLF.

Des chiffres confirmés par les différentes librairies contactées. Toutes espèrent être ouvertes à l'approche de la fin d'année.

"C'est une période importante pour beaucoup de secteurs, déclare Emmanuelle Sicard. Pour nous, il s'agit notamment d'écouler les prix littéraires, qui se vendent normalement bien à l'approche des fêtes. Si nous sommes fermés cela pourrait être dramatique. Actuellement, nous n'avons pas eu à licencier, nous aimerions ne pas avoir à le faire".

Pour cela, il faudra que le gouvernement autorise les boutiques à rouvrir. Dans le cas contraire, des licenciements, voire même des fermetures pourraient être à prévoir.

"Pour le moment, à notre connaissance, aucune fermeture de librairie n'est directement liée à la crise que nous vivons depuis le mois de mars, se soulage le syndicat du secteur. Nous plaçons tous nos espoirs et agissons pour une réouverture des librairies le 12 novembre pour ne pas que cela change", conclut sa représentante.

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