Les market places localisées, nouvel allié du commerce de proximité à Toulouse ?

Conçues pour soutenir les commerces de proximité durement bousculés par la crise sanitaire et les aider à accélérer leur transition numérique, les projets de market places se multiplient à Toulouse et dans son agglomération. Tour d’horizon de ces initiatives qui veulent bousculer le domaine très concurrentiel du e-commerce et rencontre avec leurs initiateurs.
Les projets de market places se multiplient à Toulouse et dans son agglomération pour soutenir les commerces de proximité.
Les projets de market places se multiplient à Toulouse et dans son agglomération pour soutenir les commerces de proximité. (Crédits : Pierrick Merlet)

C'est un système qui tend à prendre de l'envergure dans le secteur des commerces de proximité de l'agglomération toulousaine. Les projets de market places (que l'on pourrait traduire par une plateforme de boutiques en ligne mettant en relation des vendeurs professionnels et des particuliers) se multiplient à Toulouse et dans sa région. Un phénomène observé dans tout l'Hexagone (comme le démontre notre carte interactive consultable ci-dessous).

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Durement éprouvés par la crise sanitaire, les commerces de proximité seront-ils sauvés par les market places ? Si cette question ne peut trouver une réponse que sur le temps long, nombre d'acteurs de l'économie locale voient dans ce système dont les géants s'appellent Amazon, Cdiscount ou encore Rueducommerce, un moyen efficace pour soutenir les commerces locaux. Cette semaine, le Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain, a lancé sa propre market place, intitulée Click'N Co.

"Le Sicoval, c'est 1 700 commerces ce qui représente 6 800 emplois avec 90% d'indépendants. Les ventes en ligne pourraient représenter jusqu'à 11% du chiffre d'affaires du Sicoval. Ce sont ces chiffres qui nous ont permis de nous lancer dans cette initiative", avance Laurent Chérubin, vice-président de la collectivité, en charge des questions économiques.

L'initiative, lancée le 12 novembre et qui s'adresse à tous les types de commerce allant de l'épicerie aux restaurants - nombreux sur la plateforme - en passant par la petite blanchisserie, propose d'héberger gracieusement pendant un an, les boutiques en ligne de ce territoire de 80 000 habitants.

"Nous n'arriverons pas à lutter contre Amazon ou les entreprises de ce type et ce n'est pas l'objet. Ce projet est un appel au consommer local", note le président du Sicoval, Jacques Oberti.

Et si Click'N Co a été conçue lors de la crise sanitaire, la plateforme n'entend pas se contenter de proposer uniquement les services de livraison et de click and collect, autrement dit acheter en ligne et effectuer son retrait en magasin seulement pour parer à cette dernière. "C'est un outil qui agit sur la crise du moment mais qui a vocation à être pérenne", précise Laurent Chérubin.

Accélérer la transition numérique

Faire de ce projet un outil pérenne, c'est aussi l'idée de Cathy Hoareau, première adjointe du maire d'Auterive, une commune de l'aire urbaine toulousaine. La ville de 10 000 habitants a lancé "Auterive market place", sa propre plateforme de boutiques en ligne en septembre. Si l'objectif est aussi celui d'aider les commerçants locaux, la genèse du projet part d'une réflexion plus globale sur la transition numérique. À l'image du Sicoval qui entend délivrer des formations pour aider les commerçants à acquérir les outils de développement du e commerce, la municipalité d'Auterive veut être un appui efficace sur ce sujet.

"La transition numérique n'est pas évidente pour tous les indépendants. Lors du premier confinement, nous nous sommes rendus compte que certains commerçants n'avaient pas accès au numérique et que cela constituait un obstacle pour eux. Quand le deuxième confinement est arrivé, nous étions prêts pour que les professionnels qui entrent dans la catégorie de commerces non essentiels puissent mettre en place un système de click and collect. Notre initiative entend les aider à anticiper la transition numérique", souligne l'adjointe.

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La market place d'Auterive qui propose tous les types de produit, de l'alimentaire au textile en passant par le matériel médical, ne propose pas pour le moment de paiement en ligne. Pour l'heure, si chaque boutique établit ses propres modalités de retrait, ce mode de paiement, incontournable dans le secteur du e-commerce devrait être effectif "d'ici quelques semaines", promet Cathy Hoareau. Depuis son lancement, la plateforme auterivaine qui affirme disposer de 300 références s'est ouverte aux boutiques des autres communes de son bassin. Gratuite pour l'heure, elle ne devrait pas le rester longtemps puisque la mairie d'Auterive souhaite le versement d'une commission dès lors que le paiement en ligne sera opérationnel.

Communauté de communes ou petites villes ne sont pas les seules à vouloir investir le numérique pour accompagner les commerces de proximité. C'est aussi le cas de la chambre de commerce et d'industrie de Haute-Garonne, associée au Département et à la chambre des Métiers et de l'Artisanat de Haute-Garonne qui, le 16 novembre prochain, lancera Geo'local 31. Conçu comme une plateforme interactive, cet outil listera et localisera les commerces de proximité du département qui proposent des modalités de vente compatibles avec la crise sanitaire.

À un échelon encore plus important, c'est le conseil régional d'Occitanie qui joue également sa partition dans le domaine. En février dernier déjà, sa présidente, Carole Delga taclait gentiment le géant Amazon en incitant les consommateurs à acheter local. Sur les réseaux, l'élue n'avait pas hésité à utiliser le hashtag #dansmazone. Depuis le slogan est devenu le nom d'une boutique en ligne uniquement réservée aux produits occitans, lancée depuis quelques heures.

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À Toulouse, une market place qui joue la carte de l'environnement

Des acteurs privés se sont également lancés dans l'aventure. "Je me suis rendu compte qu'en termes de commerces, les moteurs de recherche ont des failles. Si vous habitez Toulouse et que vous recherchez une boutique de produits spécifiques, même si un commerce toulousain le propose, la recherche vous enverra à l'extérieur de la ville", explique Jacques Estanove. C'est en partant de ce constat que cet entrepreneur a créé en 2018 ToulouseBoutiques. Ouvert à toutes les boutiques de Toulouse, à l'exception des commerces alimentaires pour cause de logistique, cette market place n'a pas d'inscription payante pour les commerçants qui y sont référencés et marche par un système de commission (10% de la transaction commerciale).

Si là aussi le sujet de l'accès au numérique pour les commerces de proximité, pas toujours équipés d'un site marchand, a été l'un des moteurs de l'entrepreneur, ce n'est pas le seul. "Dans le domaine des market places locales, la ville est la seule échelle pertinente. À une plus grosse échelle, on se retrouve à expédier des produits et donc à utiliser des moyens de transports. Quand on parle de local, une échelle comme celle du régional ne peut pas convenir", estime celui dont la market place accueille à ce jour 70 boutiques plutôt haut de gamme. Un point de vue qui amène à la question du modèle que ces plateformes, de plus en plus nombreuses, cherchent à défendre.

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