Neopouss fait pousser des super aliments pour les restaurants et bientôt pour les astronautes

La startup Neopouss cultive depuis un sous-sol du centre-ville de Toulouse des micropousses d'une vingtaine de variétés différentes (basilic, carottes, capucines...). Ces aliments à haute concentration nutritive sont pour l'instant vendus à des restaurateurs de la région. Mais la jeune société aimerait bientôt commercialiser une version déshydratée pour des applications dans la santé, le sport et même à destination des astronautes.
Quentin Jeandel et Nicolas Auriac, les deux cofondateurs de Neopouss, cultivent des micropousses vendues aujourd'hui dans la restauration.
Quentin Jeandel et Nicolas Auriac, les deux cofondateurs de Neopouss, cultivent des micropousses vendues aujourd'hui dans la restauration. (Crédits : Rémi Benoit)

« Vous sentez la pointe d'amertume, une saveur de réglisse et un goût sucré ? Et bien c'est du maïs », lance Nicolas Auriac. À première vue, difficile d'identifier les variétés de légumes et d'aromates qui se cachent derrière les centaines de pots de micropousses de la ferme urbaine de Neopouss.

Des aliments ultra concentrés en vitamines et en goût

Cette startup toulousaine a pris ses quartiers depuis cet été dans un sous-sol proche de la place Arnaud Bernard et s'est spécialisée dans la culture de très jeunes pousses récoltées au bout de quelques semaines avant qu'elles aient atteint un stade mature de développement.

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Neopouss cultive une vingtaine de variétés de micropousses (Crédits : Rémi Benoit).

« Les micropousses sont l'avantage d'être ultra concentrées en termes d'apports nutritionnels (de minéraux et de vitamines) ce qui en fait des super aliments. Par exemple, le chou offre à masse équivalente 40 fois plus de nutriments sous forme de micropousse que de légume, la coriandre comporte 11 fois plus de vitamine C et le chou rouge présente jusqu'à 260 fois plus de bêta-carotène. Cette concentration nutritionnelle donne aussi toute la puissance du goût. Avec une simple feuille de micropousse de radis, on a l'impression d'avoir mangé un radis entier », décryptent Nicolas Auriac et Quentin Jeandel, les deux cofondateurs de Neopouss.

 Un mode de culture peu énergivore en milieu urbain

Basilic, carottes, coriandre, radis, capucines, fenouil... une vingtaine de variétés de légumes, aromates et fleurs ont pris racine dans un espace de culture de 47 m2 verticalisé et en circuit fermé.

« Une pompe de faible puissance envoie de l'eau sur le plateau tout en haut du rack et vient irriguer par gravité les huit étages de culture qui sont positionné en pente inversée. L'eau non utilisée est récupérée et repart dans ce circuit fermé, ce qui génère de grandes économies d'eau. Notre système utilise uniquement l'eau du réseau, nous avons donc zéro intrants (pas d'engrais) », expliquent les deux entrepreneurs.

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Peu énergivore, le système consomme l'équivalent d'un congélateur en électricité (Crédits : Rémi Benoit).

Pour compléter le dispositif, des ventilateurs d'ordinateurs miment l'effet du vent qui permettent de solliciter les plantes pour développer leurs racines et limiter l'apparition de pathogènes comme les moisissures. Un filtre UV est utilisé pour traiter par lumière les bactéries et des LED permettent de déclencher le processus de photosynthèse. Un système très sobre en énergie puisque chaque rack contenant 500 pots (en emballage compostable) de pousses de 15 cm x 10 cm consomme l'équivalent d'un congélateur en électricité.

Un mode de culture original que le duo a commencé à imaginer en 2021 depuis un appartement du centre-ville pour répondre à l'appel à projets Ma solution pour la planète lancé par la région Occitanie.

« L'idée était de proposer des modes de cultures résilients, soutenables, peu énergivores en milieu urbain. Notre système permet avec peu d'énergie de produire de la nourriture localement et surtout d'apporter une sécurité alimentaire. Comme nous cultivons en sous-sol, nous échappons aux problèmes d'irrigation des champs, de sécheresse et de pics de chaleur ponctuels qui détruisent les récoltes. Produire de manière verticalisée permet de produire sur 50 m2 comme si nous avions huit fois plus de surface », décrit Nicolas Auriac.

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Une vingtaine de restaurants toulousains

Neopouss vend ses pots de micropousses pour le moment à une vingtaine de restaurateurs de la région toulousaine qui les utilisent pour agrémenter leurs plats. « C'est très varié. Cela va de l'étoilé En Marge au mexicain de la place Arnaud Bernard en passant par le végétarien la Belle verte ou le resto bistronomique les Sales Gosses. À partir du moment où l'on commercialise du goût, tout le monde est intéressé », souligne Nicolas Auriac.

Par ailleurs, depuis le mois de septembre, ses produits sont commercialisés par Terrazur, filiale du groupe Pomona, qui est l'un des plus gros distributeurs de fruits et légumes en France et qui est implanté notamment sur le Marché d'intérêt national de Toulouse. « Ce distributeur proposait déjà les micropousses de Koppert Cress, le plus grand producteur européen sur ce segment et nous lui avons proposé d'avoir une alternative locale avec une meilleure fraîcheur », ajoute-t-il. Ces derniers mois, la pépite toulousaine voit les commandes affluer et vend en ce moment 350 pots par semaine.

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Neopouss vent ses produits à une vingtaine de restaurateurs toulousains (Crédits : Rémi Benoit).

Neopouss vient d'intégrer la deuxième promotion de TechTheMoon, le premier incubateur dédié à l'économie lunaire piloté par Nubbo et le Cnes avec l'ambition de travailler notamment sur une version déshydratée de ses micropousses avec des applications dans le domaine de la santé, du sport et de la gastronomie.

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Le concept pourrait aussi servir à compléter l'alimentation des astronautes. Dans la perspective de missions longue durée sur la Lune voire sur Mars, les astronautes devront trouver des solutions pour devenir autonomes en nourriture. Depuis des années, les équipes du Cnes peaufinent des solutions pour envoyer de la nourriture vers la station spatiale internationale. Lors de ses missions dans l'espace, Thomas Pesquet a consommé de la nourriture lyophilisée de manière être conservée longtemps et prendre moins de place. Pour la mission Proxima, les chercheurs du Cnes avaient même mis au point des emballages comestibles à base de pain d'épices.

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