The Spaceflight Institute veut former à Toulouse les futurs astronautes commerciaux

À Toulouse, une professeure de l'Isae-Supaero a l'ambition de créer une formation professionnalisante et certifiante pour les futurs astronautes qui seront envoyés en orbite par le biais d'entreprises privées. The Spaceflight Institute veut lancer un cursus certifié d'un an mêlant enseignements théoriques, stage de survie, vols en zéro G, simulation de mission sur la Lune... Une formation atypique dont le coup d'envoi est prévu dès fin 2023.
The Spaceflight Institute compte former 30 astronautes commerciaux par an.
The Spaceflight Institute compte former 30 astronautes commerciaux par an. (Crédits : National Aeronautics and Space Administration (Nasa))

Des hommes de retour sur la Lune, c'est pour très bientôt ! Avec le programme Artemis, la NASA espère y poser un équipage dès 2025. De leur côté, la Chine et la Russie veulent construire ensemble une station sur la Lune. Au-delà des programmes portés par les agences spatiales, de nombreux acteurs privés veulent envoyer des humains en orbite pour faire du tourisme spatial mais aussi pour développer des bases lunaires et exploiter les ressources du satellite naturel de la Terre.

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Appétit des entreprises privées pour la conquête spatiale

À Toulouse, une enseignante de l'Isae-Supaero a eu l'idée de créer une formation pour les futurs astronautes qui iront dans l'espace par le biais d'acteurs privés. Passionnée d'espace depuis l'enfance, Stéphanie Lizy-Destrez a elle-même caressé le rêve d'aller un jour en orbite. Elle a passé les sélections de l'Agence spatiale européenne en 2008 (qui ont abouti à la sélection de Thomas Pesquet) puis à la dernière campagne lancée en 2021. Lors de sa deuxième participation, elle a figuré parmi le millier de candidats retenus (sur 23.000 dossiers) pour passer des tests en Allemagne. Après 15 années dans l'industrie spatiale (elle a notamment travaillé sur les opérations menées au Cnes pour la première mission ATV, le véhicule de ravitaillement de la station spatiale internationale), Stéphanie Lizy-Destrez est professeure depuis 2009 à l'Isae-Supaero.

« Ce parcours m'a permis de mesurer le changement de paradigme à l'oeuvre dans l'espace. Avant, ce domaine était complètement organisé et gouverné par les agences spatiales et les nations. Mais depuis ces dernières années de nouveaux entrants sont arrivés. Des entreprises privées veulent faire du tourisme spatial et vont avoir besoin de personnel formé pour accompagner les touristes dans l'espace. De nouveaux métiers vont émerger. Il faudra par exemple des personnes pour déployer les bases lunaires. Si l'on fait le parallèle avec les bases existantes en Antarctique, il faudra sur place des cuisiniers, des médecins, des scientifiques... qui auront besoin avant de partir d'acquérir certaines compétences pour s'adapter à un environnement extrêmement hostile.

Et puis, des activités de défense vont émerger. Il y aura sûrement à l'avenir des astronautes militaires pour protéger les satellites. Sans compter tous les pays émergents qui aimeraient envoyer des hommes dans l'espace sans forcément passer par les agences spatiales », explique Stéphanie Lizy-Destrez.

Une formation d'un an à 100.000 euros

Autant de perspectives qui ont motivé la création du Spaceflight Institute. Ce projet qui fait partie de la deuxième promotion de TechTheMoon, le premier incubateur dédié à l'économie lunaire piloté par Nubbo et le Cnes, vise à créer une formation d'un an pour les personnes souhaitant s'envoler dans l'espace. Au programme : six mois de cours théoriques avec des modules d'ingénierie spatiale, de géologie mais aussi sur les aspects éthiques et juridiques de l'accès à l'espace, un coaching sur le savoir-être. Suivront six mois de pratique avec des stages de survie, le passage du brevet de pilote aux instruments et de niveaux de plongée ainsi qu'une mission expérimentale pour vivre comme sur la Lune.

« Nous avons aussi prévu un séjour aux Etats-Unis au sein de Nastar, l'un des centres d'entraînement de la NASA, pour avoir une expérience en centrifugeuse. En cas de dépressurisation de la cabine, de propagation du feu, il faut être capable de se sauver mais aussi de prendre en charge les passagers. Nous travaillons aussi avec la société Novespace à Bordeaux pour la mise en place de vols zéro G », avance la cofondatrice du Spaceflight Institute.

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Pour accéder à la formation, il faudra être titulaire d'un master en ingénierie aérospatiale, d'un cursus scientifique ou de médecine. The Spaceflight Institute a l'ambition de proposer une formation certifiée par la FAA, l'agence américaine de l'aviation civile qui a créé un premier standard pour les futurs astronautes commerciaux. Les porteurs du projet travaillent de concert avec l'Isae-Supaero qui pourrait mettre à disposition des professeurs pour dispenser des enseignements. Les porteurs du projet comptent aussi collaborer avec le Medes, la filiale du Cnes spécialisée dans la médecine et la physiologie spatiales pour réaliser la sélection des futurs astronautes. Le cursus intéresse d'ailleurs l'agence spatiale française pour renforcer les compétences des personnels qui guident depuis le sol les astronautes afin qu'ils comprennent mieux leur vécu dans l'espace.

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« La formation coûtera 100.000 euros, soit l'équivalent du cursus nécessaire pour devenir pilote commercial. Tout en sachant que bien souvent c'est l'employeur qui en finance la majeure partie. Nous aimerions aussi pouvoir offrir des bourses », précise Stéphanie Lizy-Destrez.

Avant même le lancement officiel des candidatures, The Spaceflight Institute a déjà reçu une dizaine de dossiers. Le cursus devrait accueillir 30 personnes par an et sera lancé fin 2023.

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