
« Le niveau de recrutement va être très élevé en 2023 », a confirmé ce lundi Mikael Butterbach, directeur des ressources humaines d'Airbus en France. D'ici le milieu de la décennie, le constructeur européen a l'ambition produire 1.000 avions par an (contre 661 appareils livrés l'an passé), un volume de production jamais observé dans l'histoire de l'aéronautique. Pour passer cette étape cruciale, Airbus va devoir recruter massivement. Après avoir supprimé 10.000 postes à cause du Covid, Airbus avait confirmé fin janvier la cible de 13.000 recrutements dans le monde cette année dont près de 9 000 offres d'emploi concentrées sur les pays natifs d'Airbus (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, France) et le tiers restant dans les autres régions du monde où le groupe s'est développé ces dernières années.
80% des recrutements en Occitanie
« Concernant la France, nous avions réalisé 3.500 recrutements en 2022 et nous repartons exactement sur le même objectif », a annoncé le DRH Thierry Baril. Airbus emploie aujourd'hui près de 50.000 salariés dans l'Hexagone dont 28.000 personnes en Haute-Garonne. La patrie historique de l'avionneur va concentrer une part importante des embauches puisque 80% des recrutements prévus en France seront réalisés en Occitanie.
Dans le détail, 2.300 embauches concernent la division Airbus Commercial Aircraft et notamment ses sites toulousains, 500 offres d'emplois sont programmées pour Airbus Defence and Space (qui emploie 5.000 personnes dans la Ville rose) et 700 postes vont irriguer Airbus Helicopters.
Avec une nouvelle ligne d'assemblage dévoilée la semaine dernière par Airbus, Toulouse est devenue le quatrième site au monde à être capable de produire l'A321 après les FAL d'Hambourg en Allemagne, de Mobile aux États-Unis et de Tianjin en Chine. De quoi accompagner la montée en cadences spectaculaire attendue sur la famille A320 NEO. Airbus a encore plus de 6.000 avions à livrer sur ce programme avec notamment l'envol de l'A321 NEO, le nouveau best-seller de l'avionneur européen.
« Le soutien à la montée en cadence reste notre priorité numéro 1 en matière de recrutement. D'autant qu'elle concerne aujourd'hui à la fois l'A320, l'A220 mais aussi désormais les gros porteurs (A330, A350) », a souligné Thierry Baril.
Airbus a en effet annoncé le 16 février à l'occasion de ses résultats annuels « mener une étude de faisabilité avec les fournisseurs pour cibler une production mensuelle de neuf A350 à la fin 2025 », un tiers de plus qu'à l'heure actuelle. De même, il entend faire passer sa cadence mensuelle actuelle de trois A330 par mois actuellement à quatre en 2024.
Au-delà des domaines traditionnels de fabrication aéronautique, cette nouvelle vague de recrutement viendra soutenir des besoins de nouvelles compétences en matière de décarbonation de l'aviation et la transformation numérique de l'entreprise.
Airbus adopte son nouveau statut social en France Les 127 jours de négociations entre la direction des ressources humaines d'Airbus pour la France et les syndicats n'auront pas été inutiles : dix-neuf mois après le lancement du projet, « Reload » est adopté. Ce vaste programme de remise à plat et d'unification des accords d'entreprise a été adopté par trois des quatre syndicats représentatifs au niveau du groupe, à savoir FO (41,3 %), la CFE-CGC (34,2 %) et la CFTC (13,2 %). Première organisation, FO n'a pas hésité à affirmer que « ces accords feront partie, voire seront les meilleurs de la métallurgie ». Seule la CGT (11,3 %) s'est refusée à signer le texte après avoir organisé une consultation sur le sujet. Elle a dénoncé « un manque d'ambition de la part de la direction d'Airbus » en dépit d'une santé financière excellente. Reload va permettre de passer de 174 accords actuellement, dont une partie a été élaborée dans les années 1970, à une dizaine. Il va aussi permettre d'intégrer les modifications apportées par la nouvelle convention collective de la métallurgie signée en février 2022 (après sept ans de négociation), à commencer par la classification des salariés. L'application de Reload se fera d'ailleurs au 1er janvier 2024, tout comme la nouvelle convention. « Nous aurons l'année 2023 pour mieux comprendre ces règles », déclare ainsi Mikaël Butterbach, directeur des ressources humaines d'Airbus pour la France. Il explique également que ce nouveau statut social concernera « la quasi-totalité des 50.000 salariés en France » en s'appliquant aussi bien à Airbus Avions commerciaux, qu'à Airbus Atlantic, Helicopters, Defence & Space ou ATR. Cette harmonisation doit renforcer la cohésion du groupe et faciliter la mobilité interne. Quelques filiales doivent encore décider si elles intègrent ou non ces nouveaux accords. Cet accord a été conclu avec un périmètre financier inchangé, comme s'en félicite Thierry Baril, DRH du groupe : « Nous avons réussi à atteindre la neutralité qui était l'objectif depuis le départ ». Cela s'est fait au prix d'une recherche d'équilibre avec des concessions de la part des syndicats. Ainsi l'amélioration de la couverture de santé et de la prévoyance, qui va nécessiter une hausse des cotisations de 20 % répartis entre l'entreprise et les salariés, s'est faite au prix de l'abandon du préavis de deux à trois mois payés mais non travaillés lors de la fin de carrière.
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