Frustré par ses livraisons 2022, Airbus reste confiant pour 2023

Malgré les difficultés rencontrées l'an passé par la supply chain, Airbus a réaffirmé ce jeudi son ambition de livrer 720 avions en 2023. Le constructeur compte atteindre une cadence de 65 avions par mois sur la famille A320 d'ici fin 2024 et annonce également une montée en puissance sur les gros porteurs.
Airbus compte livrer 720 avions en 2023.
Airbus compte livrer 720 avions en 2023. (Crédits : Rémi Benoit)

« Le système industriel ne peut pas faire on/off d'un coup. » C'est le constat dressé par Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, à l'issue de la présentation des résultats annuels ce jeudi 16 février à Toulouse .

Après avoir diminué la production de 40 % pour faire face à la crise sanitaire, l'avionneur européen a affiché des ambitions de remontées de cadences spectaculaires. À tel point que la cible était peut-être trop haute pour la supply chain. Sur un objectif de 720 appareils fixé à l'origine, le constructeur n'a pu en livrer que 661 au cours de l'année 2022. « Même si les livraisons ont augmenté d'environ 8 % par rapport à 2021, cela ne représente que la moitié de la progression que nous avions initialement prévue. C'est donc évidemment frustrant », a réagi le président exécutif d'Airbus, ajoutant un peu plus tard qu'il « a été déçu par les 20 livraisons réalisées au mois de janvier » 2023. C'est moins que ce que l'avionneur réalisait deux ans plus tôt alors que les cadences de fabrication avaient plongé en raison de la pandémie de Covid-19.

Outre les difficultés sur les moteurs, « probablement la partie de l'avion qui a la supply chain la plus complexe » selon Guillaume Faury, le constructeur aéronautique a dû faire face à toute une série d'aléas extérieurs entre « la guerre en Ukraine, l'inflation, la crise énergétique ». A cela se sont ajoutées les difficultés de recrutement des fournisseurs qui, après avoir licencié durant le Covid, doivent embaucher à nouveau massivement pour tenir la cadence.

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« Des ambitions beaucoup plus raisonnables pour 2023 »

Néanmoins, Airbus se dit confiant pour atteindre cette année la cible de 720 avions livrés.

« Nous pensons donc que la situation sera bien meilleure que l'année dernière. Il nous aura fallu deux ans pour atteindre l'objectif que nous nous étions fixé en un an. La progression des cadences est très similaire à ce que nous avons réalisé en 2022 et même à ce que nous avons fait en 2021. Nous avons donc des ambitions beaucoup plus raisonnables pour cette année. Nous avons beaucoup travaillé avec les fournisseurs en 2022 pour surmonter les problèmes et nous avons une compréhension très profonde et granulaire de cette situation », a estimé Guillaume Faury.

La montée en cadence la plus impressionnante est portée par l'A320 NEO, actuellement l'avion commercial le plus vendu au monde. Même s'il a dû le décaler de plusieurs mois, l'avionneur confirme son objectif ambitieux de livrer 65 monocouloirs de la famille A320 (A319, A320 et A321) par mois « d'ici la fin 2024 » et 75 appareils par mois en 2026.

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Pour soutenir cette croissance, Airbus a levé le voile mercredi sur la nouvelle ligne d'assemblage de la famille A320NEO à Toulouse. Installée au sein de l'imposante usine Lagardère, bâtie pour l'A380, elle va atteindre sa pleine capacité en 2025 et permettre à Airbus d'atteindre des niveaux de production sans précédent. Au prix d'importants travaux de modernisation, Toulouse devient le quatrième site du groupe dans le monde à être en mesure de produire l'A321 NEO, la version la plus grande de la famille, après les FAL d'Hambourg en Allemagne, de Mobile aux États-Unis et de Tianjin en Chine. « Cela nous aidera à atteindre nos objectifs à long terme face à l'augmentation de la part des A321 dans notre carnet de commandes », relève le patron d'Airbus. En effet, l'A321 NEO s'est imposé comme le nouveau best-seller du constructeur, pèse désormais plus de 60% des commandes de la famille d'avions monocouloirs.

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Les gros porteurs aussi montent en puissance

La reprise du trafic aérien mondial, y compris sur les liaisons long-courriers, conduit également l'avionneur à « mener une étude de faisabilité avec les fournisseurs pour cibler une production mensuelle de neuf A350 à la fin 2025 », un tiers de plus qu'à l'heure actuelle. De même, il entend faire passer sa cadence mensuelle actuelle de trois A330 par mois actuellement à quatre en 2024.

« Nous avons un produit sur lequel nous avons un carnet de commandes qui nous permet de fournir à court terme, alors que sur l'A320, nous avons des créneaux disponibles seulement à partir de 2029-2030. C'est aussi la raison pour laquelle nous accélérons sur les gros porteurs. La demande est en train d'accélérer à toute vitesse, il va falloir avoir de la production disponible pour servir cette demande », analyse Guillaume Faury.

En termes de hausse des cadences, le patron d'Airbus observe d'ailleurs des différences structurelles réelles entre les programmes monocouloirs et gros porteurs. « Nous pouvons être plus granulaires avec les gros porteurs étant donné le faible nombre d'avions à produire, alors que sur les monocouloirs il faut produire en grands volumes. L'enjeu est davantage de gérer le flux de fabrication », remarque-t-il. Même si ces objectifs de montée en cadence sont atteints, Guillaume Faury a convenu qu'il serait « difficile » pour Airbus de retrouver le niveau de livraisons d'avant-crise en 2024.

En parallèle, Airbus « continue de diversifier ses sources d'approvisionnement pour devenir totalement indépendant des sources russes dans les prochaines années ».

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