Fonderie : la SAM se mobilise dans l'Aveyron face au flou qui entoure son avenir

Dans l'Aveyron, la fonderie SAM dédiée à l'industrie automobile est toujours dans l'attente d'un repreneur malgré deux offres sur la table. Inquiet pour l'avenir des 364 emplois face à un audit externe commandé par le ministère de l'Économie et le tribunal de commerce de Toulouse, le bassin se mobilise ce mercredi 7 juillet pour son site industriel.
Dans l'Aveyron, la fonderie SAM face à un risque de liquidation.
Dans l'Aveyron, la fonderie SAM face à un risque de liquidation. (Crédits : Pierrick Merlet)

La dernière fois, ils étaient plus de 3.000, selon les organisateurs, a être venus démontrer leur soutien aux salariés. Réunis devant la SAM, installée à Decazeville (Aveyron), dimanche 21 mars élus locaux, régionaux, habitants, commerçants, salariés des alentours étaient au rendez-vous pour soutenir cette fonderie dédiée à l'industrie automobile qui vit des heures sombres.

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Un peu moins de quatre mois après cette mobilisation, l'union départementale de l'Aveyron de la CGT renouvelle l'opération mercredi 7 juillet, à partir de 17h30, devant cette usine dont les 364 emplois sont toujours menacés. Le syndicat appelle ainsi à "un grand rassemblement populaire pour l'avenir de la SAM et de l'emploi local". Un avenir dont le flou demeure plus que jamais alors que la fonderie automobile est en redressement judiciaire depuis près de deux ans désormais, après la mise à l'écart d'un premier repreneur chinois.

Et pour cause, notamment, la fonderie - spécialisée dans la conception et le production de composants en aluminium notamment pour les véhicules électriques et hybrides - est totalement dépendante de Renault, la quasi-totalité de son carnet de commandes étant rempli par le constructeur français. "Chaque mois, c'est Renault qui assure le bon financement et qui comble les déficits. Mais c'est aussi à cause d'eux que nous en sommes là. Aujourd'hui, nous réalisons un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros annuels. Or, selon l'expert-comptable du CSE, il nous faut 40 millions pour être à l'équilibre. Malgré ça, on parle de relocalisation en France, mais eux ils délocalisent des productions dans les pays à bas coûts", indiquait courant mars à La Tribune Carlos, salarié depuis 30 ans au sein de la SAM. Trop ancien et mal aménagé, l'outil industriel ne peut séduire de nouveaux clients pour le moment.

Un audit qui sème l'inquiétude au sein des salariés

Alors, si les salariés et leurs soutiens vont rebattre le pavé dans quelques heures c'est bien parce que la situation n'a quasiment pas changé depuis mars. À l'heure actuelle, ils sont toujours dans l'attente d'un repreneur pour enclencher le redressement vital de ce site industriel par des investissements, malgré des offres sur la table.

"Depuis son placement en redressement judiciaire le 13 décembre 2019, les salariés de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), située à Viviez en Aveyron, peinent à obtenir des perspectives claires sur la reprise de leur entreprise et de leurs emplois. Trois repreneurs potentiels se sont positionnés : deux groupes français (Groupe SIFA et les fonderies Trinquet) et un groupe espagnol (CIE). Ce dernier a retiré son offre récemment en raison d'une opposition des salariés face aux suppressions d'emplois prévues dans le projet industriel proposé" a rappelé Carole Delga, la présidente de la région Occitanie récemment réélue, dans un courrier adressé au président de la République pour l'alerter sur la situation de l'entreprise le 1er juillet.

En cause ? Le tribunal de commerce de Toulouse, qui tarde à faire connaître sa décision.

"L'audience qui devait se tenir le 2 juillet pour désigner un repreneur a été reportée au 30 juillet. Le tribunal a décidé de faire appel à un cabinet extérieur pour l'éclairer sur les deux offres encore candidates. Nous trouvons cela assez surprenant (...) Il n'est pas exclu que le tribunal prononce la liquidation de l'entreprise à l'image de ce qu'il vient de se passer dans le Jura malgré la candidature d'un repreneur", fait savoir David Gistau, le secrétaire départemental de la CGT et représentant du syndicat au sein de la SAM.

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"Le Ministère de lconomie a missionné un cabinet d'audit pour l'analyse des deux offres. Celle-ci génère une forte inquiétude auprès des salariés : ils craignent qu'il ne soit le prétexte à un désengagement de ltat et de Renault auprès du futur repreneur du site. Ils redoutent qu'un scénario de liquidation judiciaire, semblable à celui des fonderies MBF Aluminium, dans le Jura, ne se produise à Viviez. Cela serait un échec collectif grave dans un territoire où l'emploi industriel est déjà soumis à de vives tensions", ajoute Carole Delga, à travers son courrier adressé à Emmanuel Macron.

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Renault et l'État soutiendront-ils le futur repreneur ?

Surtout, dans l'esprit des salariés le choix est clair : ils veulent être "récupérés" par le groupe Sifa. "C'est une offre bien plus étayée et précise sur ses intentions industrielles que sa concurrente, avec un véritable avenir proposé aux salariés", commente David Gistau.

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Celui-ci n'est pas un inconnu au sein de la SAM car il s'agit de Patrick Bellity, le PDG du groupe Alty. Jusqu'en 2016, l'homme était dirigeant au sein du groupe Arche. Pour mémoire, cette entité a détenu la fonderie automobile de la SAM jusqu'en 2016, avant de la vendre en 2017 au chinois Jinjiang suite à un premier redressement judiciaire.

"J'ai dirigé et développé la SAM de 1998 à 2016. Aujourd'hui, je suis intéressé par ce sauvetage car je ressens comme un devoir de regarder ce dossier", commentait alors Patrick Bellity, joint par La Tribune il y a quelques semaines.

Surtout, celui qui est dans le métier de la fonderie "depuis 38 ans", y voit un intérêt pour ses activités actuelles. Aujourd'hui, l'industriel est propriétaire de la fonderie Sifa Technologies à Orléans et il y voit une complémentarité avec celle de la SAM. Seulement, son projet et celui de son concurrent Trinquet sont conditionnés, dans leur viabilité économique, à un soutien de l'État français sur les investissements futurs et à l'engagement des 10 millions d'euros de commandes supplémentaires de la part de Renault, promis à CIE dans un premier temps.

"Les deux offres, telles qu'elles sont formulées, font appel à un accompagnement financier significatif des pouvoirs publics. La Région Occitanie s'est officiellement engagée à se mobiliser fortement pour l'accompagnement du futur repreneur du site quel qu'il soit et je tiens à vous affirmer qu'elle tiendra cet engagement. Le groupe Renault s'était également engagé, dans un premier temps, à augmenter son volume de commandes pour un montant de 10M. Cet engagement n'a pas été renouvelé depuis le retrait de l'offre de CIE", peste Carole Delga dans son courrier du 1er juillet.

Tout l'enjeu de la manifestation du jour est donc de faire pression sur certains protagonistes du dossier, avant le rendez-vous décisif du 30 juillet.

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