
Plus le temps passe et plus il devient un sujet boomerang. Même en déplacement à Albi, jeudi 25 février, à l'occasion du premier Conseil national de l'hydrogène, les ministres Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher ont été interpelés à propos de l'avenir de l'usine Bosch de Rodez et ses 1.250 salariés. Pour mémoire, une récente enquête de La Tribune a révélé que la direction du site et les syndicats étaient convoqués le 5 mars pour évoquer l'avenir de l'usine. "Nos équipes, à Bruno Le Maire et moi-même, seront aussi présentes à cette réunion importante", a commenté la ministre déléguée à l'Industrie.
A contrario, les élus locaux et parlementaires, qui suivent de près ce dossier sensible, ne pourront assister à cette entrevue malgré la demande des représentants du personnel. Déjà touché par un plan de départs à la retraite anticipé actuellement, comme révélé par La Tribune, les syndicats craignent lors de cette réunion "des coupes drastiques" dans les effectifs, avant une potentielle fermeture du site l'année suivante, en 2022. Néanmoins, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire a voulu se montrer rassurant pour la suite.
"J'ai eu plusieurs fois au téléphone la direction du groupe Bosch, et au cours des échanges j'ai rappelé notre attachement à ce site industriel. Alors, c'est un engagement que je prends ici, à Albi : nous préservons ce site industriel à Rodez", a-t-il déclaré.
Le dossier Bosch de Rodez est venu entacher la visite de Bruno Le Maire à Abi, jeudi 25 février, à l'occasion du premier Conseil National de l'Hydrogène au sein de Safra (Crédits : Rémi Benoit).
Après l'échec Verkor, quelle diversification ?
L'annonce est forte, mais surtout périlleuse. À un peu plus d'un an de la prochaine élection présidentielle, cette promesse, si elle n'est pas respectée, pourrait revenir encore une fois comme un boomerang sur l'équipe gouvernementale sortante et Emmanuel Macron. Néanmoins, dans les propos du ministre de l'Économie, un point interpelle. Bruno Le Maire s'est bien gardé d'inclure le groupe allemand Bosch dans son engagement. Le signe que le gouvernement réfléchit à inclure à un autre industriel, repreneur, dans ce dossier ?
"Il reste à voir sous quelle forme et avec quelle activité nous maintiendrons le site. La piste des batteries en est une, tout comme celle de l'hydrogène. Nous regarderons tous les projets industriels du territoire pour y parvenir. Soyez en sûr, nous travaillons tous les jours pour pérenniser ces emplois", a ajouté le ministre de l'Économie.
Dépendante aujourd'hui d'un marché du diesel automobile décroissant, plongeant ainsi le site dans l'incertitude, le sauvetage de l'usine Bosch de Rodez passera obligatoirement par une diversification voire une reconversion totale. Ces derniers mois, les élus locaux ont travaillé sur la potentielle implantation de la gigafactory de Verkor dédiée aux batteries électriques, avec 2.000 emplois directs à la clé. Mais une nouvelle enquête publiée par La Tribune le 16 février a révélé que l'entreprise ne s'installera pas à Rodez, ni même en Occitanie. D'ailleurs, selon nos informations, les porteurs de projet ont appelé récemment le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, pour lui officialiser que la ville de Rodez n'était pas retenue pour cette implantation et clarifier les choses.
Tensions entre Carole Delga et la ministre déléguée à l'Industrie
Des faits récents qui n'ont pourtant pas empêché Agnès Pannier-Runacher de déclarer que "la venue de Verkor n'est pas l'hypothèse privilégiée pour l'usine", comme si le dossier pouvait encore connaître un retournement de situation. "Ils ne veulent pas désavouer le maire qui est un En Marche", lâche un fin connaisseur du sujet. Interpellée par La Tribune après la tenue de ses propos, la ministre déléguée à l'Industrie a légèrement rétropédalé.
"Je suis au courant de la situation, mais diplomatiquement je ne peux pas vous dire mieux ou plus. Je ne suis pas la porte-parole de Verkor", a-t-elle déclaré sur un ton agacé.
À l'issue de la visite, Carole Delga et Bruno Le Maire ont échangé pendant de longues minutes à propos du dossier Bosch et de son implantation à Rodez (Crédits : Rémi Benoit).
Surtout, Agnès Pannier-Runacher et la présidente du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, aussi présente à Albi, venaient d'avoir un court échange tendu aux yeux de tous en raison des propos tenus par la ministre sur le dossier Verkor-Bosch lors de sa conférence de presse. Représentante des régions au sein du conseil national de l'hydrogène, l'élue régionale a aussi profité de l'occasion pour échanger à propos de l'usine Bosch de Rodez avec Bruno Le Maire. "Il faut faire passer un message au board allemand avant la réunion du 5 mars", lui-a-t-elle notamment lancé. Pour cela, Carole Delga veut que le gouvernement, avec le soutien des collectivités locales concernées, communique sur les résultats d'une étude indépendante commandée par Bercy. Celle-ci a démontré, avant Noël, la pertinence du moteur diesel sur les trajets de moyenne et longue distances. Suffisant pour convaincre Bosch de rester à Rodez ?
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