Alix, 21 ans, "se sent trahi". Il est entré à Airbus il y a plus de deux ans sur l'assemblage des tronçons d'A350. Il pensait "avoir la sécurité de l'emploi" pour faire toute sa carrière au sein du groupe. Seulement, dans le sillage de la crise sanitaire, l'avionneur européen, contraint de réduire sa production d'avions de 40%, a annoncé le 30 juin un plan social prévoyant la suppression de 5 000 postes en France. Toulouse pourrait en payer le plus lourd tribut avec 3 600 postes menacés entre le siège, les usines, la filiale aérostructures Stelia et ATR.
Entre 7 000 et 9 000 manifestants d'après les syndicats
Alors que les négociations entre partenaires sociaux et direction débutent cette semaine pour une durée de quatre mois, les trois syndicats représentatifs chez Airbus Opérations Toulouse (Force ouvrière, la CFE-CGC et la CFTC) avaient appelé les salariés à un débrayage de 1h30 mercredi 8 juillet. D'après les organisateurs, entre 7 000 et 9 000 personnes ont répondu à leur appel en défilant le long des pistes de l'aéroport de Toulouse pour rejoindre le siège social d'Airbus à Blagnac.
Les salariés ont défilé le long des pistes de l'aéroport de Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).
La manifestation s'est faite dans le silence. Peu de salariés ont voulu prendre la parole. Olivier Le Penven, délégué CGT, est l'un des rares à brandir une banderole où il est inscrit " non aux suppressions de postes : répartition du travail entre tous et sans perte de salaire".
"On trouve des milliards d'euros pour sauver les entreprises mais pas pour sauver les emplois. Il faudrait que la charge de travail soit répartie pour ne pas supprimer de postes. Pendant des années, des milliards de valeur ont été créés par les salariés, où sont-ils passés ? s'interroge-t-il.
Avant d'ajouter : "Pendant la crise sanitaire nous avons pris des risques pour venir travailler à l'usine pour continuer à livrer les avions".
Olivier défile avec une banderole pour dénoncer les suppressions de postes (Crédits : Rémi Benoit).
Dans les rangs, des salariés d'ATR étaient également présents. Détenue à 50% par Airbus, la société pourrait supprimer 186 postes en France, soit 15% de l'effectif. "Nous ne comprenons pas comment l'argent versé par l'Etat est géré par les entreprises", témoigne le salarié décidé à manifester pour "essayer de sauver le maximum d'emplois".
Des salariés d'Airbus mais aussi d'ATR ont rejoint le cortège (Crédits : Rémi Benoit).
Manifestation à l'appel de la CGT le 9 juillet
À l'issue de la manifestation, une délégation de syndicats a été reçue par la direction des ressources humaines d'Airbus. "Elle nous a redit que la crise met en péril la survie du groupe. Mais de notre côté, nous avons rappelé qu'il ne faut pas ajouter une crise à la crise d'autant qu'Airbus a conservé 8 ans de charge de travail", a indiqué Jean-François Knepper, délégué syndical central de Force ouvrière.
Cette première grande manifestation après l'annonce du plan social sera suivie d'une nouvelle journée de mobilisation jeudi 9 juillet, à l'appel de la CGT. Un défilé est attendu entre le siège d'Airbus et l'aéroport. Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon pourrait s'inviter dans le cortège. D'autres rassemblements sont prévus dans l'Ariège devant l'usine Aubert & Duval où un accord de performance collective est en cours, dans le Lot avec les salariés de Figeac Aéro et de Ratier Figeac et dans les Hautes-Pyrénées où est implanté Daher avec plusieurs centaines de postes menacés par un PSE.
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