Aéronautique : formation, avion vert et protectionnisme... Ce que contient le plan Ader pour la filière d'Occitanie

En co-construction avec l'État, la Région Occitanie a présenté, vendredi 3 juillet, le contenu du plan Ader exceptionnel", pour soutenir la filière aéronautique régionale. Doté de 100 millions d'euros, ce plan contient trois axes majeurs qui sont les compétences, la diversification et l'innovation, et le renforcement de la structure financière des entreprises. Les détails.
En présence d'acteurs industriels de l'aéronautique, le préfet Étienne Guyot et la présidente de Région Carole Delga ont présenté le Plan Ader exceptionnel de 100 millions d'euros pour soutenir la filière.
En présence d'acteurs industriels de l'aéronautique, le préfet Étienne Guyot et la présidente de Région Carole Delga ont présenté le Plan Ader exceptionnel de 100 millions d'euros pour soutenir la filière. (Crédits : Rémi Benoit)

Quinze mesures pour soutenir le vaisseau amiral de la région Occitanie, quinze mesures pour soutenir un secteur qui emploie directement environ 100 000 personnes sur le territoire ou quinze mesures pour que l'aéronautique reste une filière d'excellence et compétitive dans un secteur mondialisé... C'est tout l'enjeu du "Plan Ader exceptionnel", de 100 millions d'euros, présenté vendredi 3 juillet par le Conseil régional et l'Etat, via la préfecture d'Occitanie.

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"Ce sont des crédits régionaux qui viennent s'ajouter aux fonds débloqués dans le cadre du plan Ader IV (de 200 millions d'euros sur la période 2017-2021 et dont 120 ont déjà été engagés", tient à préciser Nadia Pellefigue, candidate malheureuse aux élections municipales à Toulouse, mais surtout vice-présidente du Conseil régional d'Occitanie en charge du Développement Économique, de l'Innovation, de la Recherche et de l'Enseignement supérieur.

"Ce plan de soutien vient en complément du plan national car en Occitanie nous sommes très concernés par cette baisse d'activité de la filière aéronautique", ajoute le préfet Étienne Guyot, qui a participé activement à son élaboration de par son profil économique.

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Ainsi, dans ce Plan Ader 4.1, pas moins de 35 millions d'euros sont dédiés à la sauvegarde de l'emploi et des compétences qui en découlent, suite à des travaux menés par six groupes de travail comme l'expliquait La Tribune il y a peu. Sans être exhaustif, le Conseil régional va créer un "fonds de sauvegarde et de développement de l'emploi dans les territoires" (15M€) visant à financer totalement une formation pour un salarié qui bascule dans le statut de demandeur d'emploi ou à 50% pour des salariés qui visent une reconversion "et si la formation est en lien avec les besoins de l'économie régionale". La collectivité soutiendra également le besoin en formation de salariés dont l'entreprise connaît une baisse de son activité.

Par ailleurs, en plus de soutenir des personnes déjà insérées dans le marché de l'emploi, la Région veut également aider les plus jeunes et ses apprentis. Ainsi, elle versera 1 000 euros supplémentaires aux CFA, par contrat d'apprentissage signé, dans le secteur industriel. De plus, la collectivité présidée par Carole Delga va investir 1,3 million d'euros dans le pôle de formation industriel de Beauzelle, mais aussi dans celui de Cambes (Lot). Face à cette réorientation de la politique d'apprentissage et de formation de la Région, "nous avons demandé au ministère du Travail de revoir le Plan d'investissement dans les compétences", prévient l'élue régionale.

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Plus de 20 millions d'euros pour aller vers l'avion vert

Après la sauvegarde du savoir-faire, le second objectif de ce "plan Ader exceptionnel" sera de "soutenir l'appareil productif en l'accompagnement vers l'avion vert", pour lequel la présidente de Région milite intensément. Par conséquent, ce deuxième pan de mesures contiendra 20 millions d'euros de budget dans l'accompagnement des entreprises vers une démarche de diversification (vers les énergies et la santé notamment), avec une large palette de dispositifs de soutien comprenant en partie de l'accompagnement financier sur l'investissement matériel.

En plus d'être une région motrice sur les bus et trains à hydrogène, tout en développant une filière de la mobilité autonome avec Toulouse Métropole sur Francazal, l'Occitanie veut prendre pleinement son rôle dans l'élaboration de l'avion vert. Et par ce dernier, le Conseil régional englobe tout l'écosystème de l'avion et pas seulement l'appareil en tant que tel. Un domaine dans lequel le territoire dispose déjà de certaines compétences, "qu'il faudra renforcer" promet la collectivité, avec EasyMile, qui conçoit un tracteur de marchandises autonome, OpenAirlines et son logiciel de pilotage en éco-conduite, ou encore Aéron qui tente de développer un avion à hydrogène.

Alors, pour aller vers un trafic aérien le moins polluant possible, la Région Occitanie y consacrera environ 23 millions d'euros ces 18 prochains mois. Tout d'abord via des appels à manifestation d'intérêts (AMI) sur l'aviation verte spécifiquement dédiés aux PME et ETI du territoire, mais aussi en travaillant avec les laboratoires de la recherche fondamentale et appliquée "afin de permettre l'émergence de démonstrateurs et de partenariats publics/privés favorisant le transfert technologique", précise Carole Delga.

Un fonds d'investissement avec des acteurs privés

Enfin, le dernier axe de ce plan exceptionnel consiste en la protection de nos compétences stratégiques. De ce fait, le Conseil régional va créer une instance dont sa mission sera de la relocalisation industrielle dans les secteurs de l'agroalimentaire, de la santé et de l'industrie aéronautique notamment.

"Nous allons créer une agence régionale des investissements stratégique qui va permettre à la Région d'être actionnaire et de sécuriser des montages juridiques et financiers en étant un investisseur patient, aux côtés d'acteurs privés. Nous travaillons également sur la possible de mobiliser l'épargne populaire, afin de la mettre au service de l'économie réelle et qu'elle serve concrètement à la création d'emplois dans les territoires", complète Carole Delga.

Cette nouvelle agence sera créée le 16 juillet, lors de la prochaine assemblée plénière des élus du Conseil régional et sera pleinement actif à partir de septembre. Tout comme le fond d'investissement inter-régions (Occitanie, Nouvelle Aquitaine et Pays de La Loire), avec des investisseurs privés, pour protéger les ETI et PME du territoire de fonds d'investissements étrangers.

"Nous sommes en négociation avec des investisseurs complémentaires, d'ordre privé et nous souhaitons que celui soit pleinement opérationnel à la rentrée avec un démarrage à 50 millions d'euros de fonds disponibles", précise la présidente socialiste, qui a par ailleurs confié la construction de ce fonds à l'Irdi Soridec Gestion, un fonds d'investissement présents au capital de plusieurs startups du Sud-Ouest.

Ces nombreux dispositifs seront pilotés depuis une cellule régionale de l'aéronautique, co-pilotée par la Région et l'État, avec des représentants d'AD'OCC, BpiFrance, la Banque de France et de la CCI. Elle se réunira pour la première fois le 8 juillet.

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2020 à 10:39
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Sans l'argent public les banques privées et les multinationales s'ecrouleraient. Le libéralisme c'est comme le communisme on nous en parle beaucoup, on l'expose comme tous les maux de notre société alors que nous n'en avons jamais vu la couleur.

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