"Ces chiffres ont été un véritable choc. En mars dernier, nous recrutions encore", rappelle Françoise Vallin, coordinatrice CFE-CGC au sein du groupe Airbus. Comme le dévoilait La Tribune, l'avionneur européen a annoncé mardi 30 juin la suppression "au plus tard à l'été 2021" de 15 000 postes dans sa division "avions commerciaux" (sur 90.000), dont 5 000 en France. Le détail des réductions de postes à Toulouse sera connu jeudi lors d'un comité de groupe d'Airbus France.
Mais d'ores et déjà, les syndicats posent leurs conditions.
"Il est hors de question qu'il y ait des licenciements contraints à Airbus, c'est notre ligne rouge. L'entreprise est solide avec un carnet de commandes plein. Cette crise est conjoncturelle. Nos activités vont reprendre et il faut garder tous les salariés dans l'entreprise", explique Jean-François Knepper, délégué syndical central FO Airbus, syndicat majoritaire dans les usines.
Le plan de relance aéronautique décidé par le gouvernement doit obliger les grandes entreprises comme Airbus à avoir une responsabilité sociale pour protéger le fleuron de notre industrie. Si Airbus commence à supprimer des emplois, qu'adviendra-t-il de la sous-traitance ? Et comment pourrons-nous fabriquer à nouveau des avions ?"
Françoise Vallin abonde : "les licenciements contraints, ce serait du jamais vu dans le groupe. Une bataille va être engagée pour sauver le maximum d'emplois".
Négocier "une embauche pour deux départs"
Les négociations avec les partenaires sociaux vont se tenir jusqu'à la fin du mois d'octobre. Plusieurs pistes seront alors mises sur la table pour réduire au maximum l'impact sur les salariés.
"Il y a des dispositifs de chômage partiel longue durée, des mesures de départ anticipé à la retraite, de formation pour les salariés, des congés sabbatiques pour les jeunes, complète le syndicaliste. Il faudra aussi proposer des solutions aux jeunes qui sortent des écoles car nous ne pouvons pas sacrifier une génération à qui nous avons promis que l'industrie donnerait des perspectives d'avenir. Si les salariés âgés partent, il faudra embaucher des jeunes. Nous demandons une embauche pour deux départs."
Autre piste avancée par le syndicat, l'implantation d'une chaîne d'assemblage de l'A321 à Toulouse qui permettrait la création de 600 emplois. "Si nous n'avons pas cet avion, nous perdrons les chaînes d'assemblage dans la Ville rose et Toulouse ne sera plus que le lieu du siège d'Airbus.", alerte Jean-François Knepper.
Plans sociaux en cascade chez les sous-traitants
Mais au-delà des annonces d'Airbus, les syndicats alertent sur la situation de la supply chain. "Nous regrettons de ne pas avoir un chiffre qui concerne les sous-traitants. En 2006, lors du plan Power 8, un effort partagé avait été réalisé avec 5 000 postes supprimés pour Airbus et 5 000 pour les sous-traitants", rappelle Dominique Delbouis, coordinateur Force ouvrière au sein de l'avionneur.
Le risque est d'être confronté à des plans sociaux en cascade chez les sous-traitants dans la région toulousaine. "Le combat sera mené dans toute la filière puisque aujourd'hui c'est Airbus qui fait ses annonces. Mais quand le chef de file de la filière prend de telles mesures, vous imaginez aisément l'impact sur les autres entreprises", s'inquiète la coordinatrice CFE-CGC Françoise Vallin.
Plusieurs PSE massifs touchent déjà la région toulousaine. Daher pourrait aller jusqu'à 1 500 suppressions de postes en France dont plusieurs centaines sur ses quatre sites en Occitanie. Dans l'ingénierie, la société blagnacaise Sogeclair a annoncé un plan qui pourrait impacter 245 emplois. Une liste amenée à s'allonger dans les semaines à venir.
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