Un drone qui peut tenir dans un sac à dos et capable de se déployer en moins de trois minutes, c'est l'innovation que développe depuis deux ans la startup toulousaine Cloudskeyes.
« Les nano drones sont les plus intégrés que l'on trouve dans le commerce en grande élongation avec justement la vocation d'offrir à l'utilisateur l'empreinte logistique la plus réduite possible. Ce mini-avion avec un ou plusieurs jeux de batteries et la station sol pour communiquer avec le drone tiennent dans une simple mallette de 22 litres », introduit Julien Théodore, co-fondateur de Cloudskeyes avec Simon Bolathon.
Commercialisation au printemps
Un format ultra compact qui permet à la société de viser une commercialisation du kit complet à moins de 10.000 euros. « Nous sommes deux fois moins cher que nos premiers concurrents possibles », fait valoir l'associé. Sur ce segment, la startup doit faire face à des acteurs bien installés comme le Toulousain Delair, dont les drones ont été commandés par la France pour soutenir les forces ukrainiennes, ou le Francilien Aeromapper.
Ce positionnement atypique sur les nano drones a tapé dans l'oeil du groupe Nicomatic qui a profité du salon UMEX d'Abou Dabi pour annoncer l'acquisition de Cloudskeyes. La PME haut-savoyarde, spécialisée notamment dans les connecteurs pour l'aéronautique et la défense, emploie 700 salariés dans 19 pays et a réalisé 77 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022. En pleine croissance, Nicomatic voit dans cette intégration une manière d'élargir sa gamme de produits. Pour sa part, Cloudskeyes va pouvoir bénéficier de l'expertise de la PME pour préparer la commercialisation au printemps de son premier modèle de drone baptisé Mark 01. La jeune société a retardé cette commercialisation pour prendre en compte les retours des clients afin d'intégrer des matériaux plus qualitatifs et améliorer l'esthétique du drone.
Détecter les feux de forêt
« Cloudskeyes vise deux marchés principaux : la sécurité civile à travers la lutte anti-incendie et le marché militaire français pour de la surveillance de la ligne de front », avance Julien Théodore. Sur le premier marché, la startup a été sélectionnée cet été, pour intégrer par le ministère de la Transition écologique dans l'appel à projets Panoptès visant à développer de futurs systèmes de détection des feux de forêt. Une démarche lancée par Emmanuel Macron après les grands incendies de 2022 qui avaient détruit plus de 65.000 hectares de forêt en France dont 30.000 hectares rien qu'en Gironde.
Parmi la vingtaine de lauréats figurent la pépite toulousaine Kinéis qui veut mettre à profit sa future constellation de nanosatellites pour déclencher à moindre coût des alertes à destination des pompiers, seulement quelques minutes après le départ de l'incendie ou la société Menaps dont le drone a été testé l'été dernier par les pompiers de l'Aude pour détecter des départs ou des reprises de feux de forêt.
Pour sa part, explique Julien Théodore, « Cloudskeyes compte réaliser de la détection automatique de feux de forêt à l'aide de son drone et d'un système d'intelligence artificielle qui vont permettre d'envoyer une alerte aux secours au sol avec la position GPS où ont été détectées les flammes ou fumées ». Dans ce projet, la startup s'est alliée avec l'entreprise Magellium. « La partie traitement de données sera prise en charge par notre partenaire Magellium. L'idée est de reproduire une cartographie précise en temps réel de l'événement en cours. Elle pourra être utilisée par un centre de commandement pour obtenir en l'espace de dix minutes un aperçu global du théâtre d'opération », ajoute l'associé. Une innovation qui pourrait par ailleurs trouver des débouchés pour la gestion des incendies et plus globalement des catastrophes naturelles.
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