Spatial : Leoblue veut créer un système d'alerte des catastrophes naturelles pour les pays émergents

Alors que la facture des catastrophes naturelles explose, la startup toulousaine Leoblue entend déployer une constellation de nanosatellites pour envoyer des alertes Bluetooth sur les smartphones en cas de catastrophe naturelle. La jeune société cible en priorité les pays émergents en manque d'un tel système même s'ils sont en première ligne face aux conséquences du changement climatique.
Les catastrophes naturelles coûtent 250 milliards de dollars par an.
Les catastrophes naturelles coûtent 250 milliards de dollars par an. (Crédits : DEVMODE)

 La facture des catastrophes naturelles ne cesse de s'alourdir. Elle s'élève à 250 milliards de dollars par an selon les données du premier réassureur mondial, Munich Re. Pour les assureurs, la facture finale a atteint près de 100 milliards de dollars l'an passé entraînant une hausse des tarifs d'assurance et engageant le débat sur l'assurabilité des biens à l'avenir. Car la tendance n'est pas près de s'infléchir avec la hausse généralisée des températures qui démultiplie les événements climatiques extrêmes partout sur le globe.

Lire aussiCatastrophes naturelles : la facture s'élève à... 1.500 milliards de dollars depuis 2018

Des systèmes d'alerte peu présent dans les pays émergents

Alors qu'il existe déjà des systèmes d'alerte précoces en Europe et aux Etats-Unis qui utilisent les réseaux terrestres pour envoyer des SMS à l'ensemble de la population pour prévenir de l'imminence d'une catastrophe naturelle, ce type d'outil reste peu étoffé dans les pays en voie de développement où la densité d'antennes est beaucoup plus faible. Pourtant, les pays situés en zone équatoriale en Afrique, Asie et dans le Pacifique concentrent la majeure partie des catastrophes naturelles. Le dégâts matériels et humains pourraient être grandement réduits étant donné qu'une alerte reçue 24h avant l'arrivée de la catastrophe permet de réduire de 20% les impacts. D'où l'ambition affichée par les Nations unies au printemps 2022 d'assurer via le programme baptisé Early warning for all l'accès pour l'ensemble la population mondiale à un système d'alerte précoce d'ici 2027.

A Toulouse, la startup Leoblue, née l'été dernier et qui vient de rejoindre l'incubateur Nubbo, entend s'inscrire dans cette dynamique en créant un système d'alerte précoce à destination des pays émergents mêlant Bluetooth et nanosatellites. « L'idée m'est venue après avoir reçu une notification dans le métro via l'application TousAntiCovid en ayant seulement activé le Bluetooth. Je me suis dit pourquoi ne pas recevoir cette notification d'un satellite qui me préviendrait d'une crue ou d'une tempête à venir ? » se remémore Philippe Lattes.

Lire aussiGuerre en Ukraine : Global Smart Rescue peaufine son boîtier de détection des catastrophes

Une alternative aux réseaux terrestres

Cet ingénieur a travaillé pendant vingt ans au sein d'Airbus Defence and Space et dix ans au sein du pôle de compétitivité Aerospace Valley en contribuant notamment à la création de l'incubateur dédié au spatial Esa Bic Sud de France. Il s'est associé avec Guillaume Ferret, chercheur à l'IMS de Bordeaux et travaille en collaboration avec la SATT Aquitaine pour développer un processus d'utilisation du Bluetooth compatible avec l'envoi d'informations sur les smartphones depuis des satellites en orbite basse.

« En Afrique, 70% de la population a un smartphone. Le Bluetooth permet de recevoir une alerte même dans les zones non couvertes par les antennes de télécommunications. D'autant qu'en cas de catastrophe naturelle, les réseaux terrestres sont hors d'usage assez rapidement et que dans les pays en voie de développement il n'existe pas de système de redondance des réseaux électriques comme c'est le cas en France », explique le co-fondateur de Leoblue.

Lire aussiEnedis va investir 850 millions d'euros en Occitanie pour l'intégration des énergies renouvelables

Le système de géolocalisation européen Galileo prévoit bien un système d'alerte intégré, qui devrait être opérationnel en 2025, mais beaucoup de pays en Afrique et en Asie ont à coeur de disposer d'un système indépendant de l'UE. Quant au service satellitaire fourni par la constellation Starlink d'Elon Musk, ce dernier a l'ambition de donner accès à Internet y compris dans les zones les plus reculées mais son équilibre économique pourrait reposer sur la souscription des abonnements premium.

Une première démonstration attendue en 2025

Pour sa part, la startup Leoblue aurait besoin de 30 nanosatellites pour couvrir les pays situés sur une large ceinture équatoriale autour du globe (qui irait par exemple du Maroc à l'Afrique du Sud), les plus touchés par les catastrophes naturelles. Un premier démonstrateur de la technologie sera embarqué en 2025 sur un satellite de services partagés de type Loft Orbital ou SpaceLocker. Leoblue fera ensuite appel à un fabricant de nanosatellites pour la fabrication de sa constellation.

Lire aussiSpatial : le Toulousain SpaceLocker veut participer à la révolution du satellite réutilisable

Cette dernière pourrait s'adresser à la fois à réseaux institutionnels à l'instar de celui que cherche à déployer les Nations unies. Mais désormais des acteurs privés, comme les compagnies d'assurance, cherchent également à développer leur propre réseau pour alerter leurs bénéficiaires des risques climatiques et in fine réduire leur facture d'indemnisation.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.