
Les images ont marqué les esprits. Durant l'été 2022, plus de 65.000 hectares de forêt sont partis en fumée en France dont 30.000 hectares rien qu'en Gironde, un chiffre record depuis les grands incendies de 1949. Même la Bretagne a été touchée avec plus de 2.000 hectares brûlés dans les Monts d'Arrée. Pour ne plus revivre une telle catastrophe, la France cherche de nouvelles solutions pour aider les pompiers à lutter contre les flammes.
« Il y a aujourd'hui en France un changement de paradigme. Jusqu'à présent les moyens étaient mis sur l'achat de Canadair ou d'équipements pour lutter contre le feu. Désormais, l'idée est d'aider à la détection précoce des incendies pour réduire au maximum les dégâts causés par les feux. Un feu détecté dans la première minute peut s'éteindre avec un verre d'eau. Au bout de cinq minutes, il faut déjà un réservoir d'eau et au-delà, il faut des camions et des moyens de lutte contre le feu. D'autant que beaucoup de régions sont dans des zones de stress hydrique et vont manquer d'eau dans les années à venir. Cette logique de détection précoce des feux de forêt prend alors tout son sens », avance Guillaume Triquet, responsable des activités risques naturels chez Kinéis.
Des alertes quelques minutes après le départ de l'incendie
La société toulousaine, qui va progresser envoyer les 25 nanosatellites de sa constellation dédiée à l'IoT (internet des objets) d'ici fin 2024, vient d'être sélectionnée par le ministère de la Transition écologique dans deux appels à projets pour développer de futurs systèmes de détection des feux de forêt.
« L'idée c'est de croiser différentes technologies pour envoyer des alertes très précoces sur des feux de forêts, c'est-à-dire quelques minutes après le début de l'incendie. Nous travaillons avec une société à l'origine de caméras pour détecter de la fumée au-dessus de la canopée mais aussi la startup toulousaine Ellona qui détecte la qualité de l'air ou encore Global Smart Rescue qui a conçu des capteurs faisant office de nez pour indiquer la présence de particules ou de certains gaz pour envoyer les alertes de départs de feux de forêts. Des laboratoires de recherche comme l'Inria nous apportent leur expertise en matière d'intelligence artificielle et en objets connectés », poursuit Guillaume Triquet.
Plus de zones blanches
Le réseau satellitaire de Kinéis recevra les données fournies par les différents capteurs, fixés notamment sur les arbres, et pourra ensuite envoyer des alertes.
« Notre constellation de satellites va offrir une connectivité globale sur l'ensemble du territoire français sans zone blanche, y compris en Corse et dans les départements d'outre-mer. Ce n'est pas possible avec les réseaux de télécommunication terrestres. À titre d'exemple, dans le département des Alpes-Maritimes, 80 % du territoire n'est pas n'est pas couvert par les réseaux terrestres. L'IoT satellitaire est indispensable aujourd'hui pour cette détection précoce. Ensuite, l'avantage de l'IoT satellitaire par rapport à la grande antenne satellitaire installée sur votre toit pour recevoir les chaînes TV, c'est qu'aujourd'hui un capteur de la taille d'un téléphone permet d'envoyer des informations à moindre coût pendant plusieurs années au milieu des forêts », ajoute-t-il.
L'objectif est de démarrer dès l'été 2024 des expérimentations pour tester sur le terrain ce type de technologie au service de la détection précoce des feux de forêt.
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