Aéronautique : un drone pour détecter les fuites de méthane sur les sites industriels

Depuis la COP26, l'Union européenne s'est engagée à réduire de 30% d'ici 2030 ses émissions de méthane. Pour mieux détecter les rejets des sites pétroliers et gaziers, la startup toulousaine Tidav va faire voler un drone équipé d'un analyseur de polluants dans le cadre d'une expérimentation menée avec l'Onera et l'Ifpen. L'aéronef intéresse aussi de grands comptes pour la surveillance et la maintenance d'éoliennes offshore.
La startup toulousaine Tidav va déployer un drone pour détecter les fuites de méthane sur les sites industriels
La startup toulousaine Tidav va déployer un drone pour détecter les fuites de méthane sur les sites industriels (Crédits : Tidav)

C'est le deuxième plus important gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone. Le méthane est un polluant redoutable pour le climat désormais dans le viseur des décideurs politiques. Lors de la COP26 de Glasgow en 2021, l'UE s'est engagée à réduire de 30% d'ici 2030 (par rapport à 2020) ses émissions de méthane. Une mesure qui concerne en première ligne le secteur pétro-gazier, responsable de 35% des émissions de CH4, soit 80 millions de tonnes dans l'atmosphère en 2019 selon le  baromètre de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Un phénomène accru par les fuites de méthane lors de la production, du transport et de la distribution, appelées émissions « fugitives », des énergies fossiles.

Lire aussiMéthane : les eurodéputés votent pour durcir les règles contre les fuites

 Une alternative aux camions pour mesurer les rejets des sites industriels

Pour mieux détecter les rejets du secteur pétrolier et gazier ainsi que les potentielles fuites de méthane, la startup toulousaine Tidav va faire voler son drone au-dessus de sites industriels. Fondée en 2018, la jeune société développe un aéronef de 25 kg, le premier drone au monde capable de garder une attitude neutre face à des vents allant jusqu'à 100 km/h. « Tidav a développé un aéronef où en cas de vent fort, on verrouille les six degrés de liberté grâce à des automatismes et il est possible de se déplacer uniquement à plat, grâce à des translations. Cela permet d'avoir des tenues au vent sans commune mesure avec les autres modèles sur le marché », détaille Cédric Lefort, dirigeant de la startup.

Une technologie qui va lui permettre de voler dans le panache émis par les cheminées industrielles. Le drone sera équipé d'un analyseur de polluants produit par l'IFP Energies nouvelles (successeur de l'Institut français du pétrole) dans le cadre d'une expérimentation menée avec l'Onera (le centre français de recherche aérospatiale). Le projet, baptisé Falkor, est financé dans le cadre du programme d'open innovation Citeph porté par l'association Evolen et sponsors TotalEnergies, Teréga, GRTGaz et GRDF.

« Aujourd'hui, il existe peu de moyens pour mesurer ces gaz à effet de serre. Il est possible d'utiliser des gaz marqueurs avec des grands camions qui sillonnent tout le site. Mais cette solution est très coûteuse et intrusive. Notre approche va permettre de définir les contours du panache d'émissions et caractériser en nature et en débit les rejets du site. Il sera possible de repérer sur une carte la source des émissions », décrit Cédric Lefort.

Tidav réfléchit à une déclinaison de l'expérimentation à destination des industriels de la mer. Le survol du drone pourrait définir le niveau de pollution des navires et leur permettre de savoir s'ils respectent la réglementation environnementale européenne.

Des débouchés pour l'éolien offshore

La technologie intéresse aussi de grands comptes pour la surveillance des éoliennes offshore. « Le parc éolien en mer de Saint-Nazaire a enregistré 800 intrusions en l'espace d'une année, ce qui a débouché sur huit interpellations. Il existe aussi des cas de dégradations et des bateaux qui dérivent vers le parc éolien. Face à ce risque d'intrusion, le survol du drone sert à réaliser une levée de doute et d'envoyer si besoin une équipe. Notre drone pourra voler jusqu'à 150 km/h, ce qui permet une intervention plus rapide qu'en bateau. Il sera moins rapide qu'un hélicoptère mais coûtera cinq fois moins cher », fait valoir le président de Tidav.

La startup a notamment reçu des marques d'intérêt en France de l'opérateur Valorem, de la fondation Open-C dédiée à l'éolien flottant et EDF mais aussi à l'étranger du conglomérat allemand RWE, de l'Espagnol Iberdrola ou encore du Norvégien Equinor. Le besoin de maintenance sur les éoliennes devrait décupler dans les prochaines années sachant que le parc offshore pourrait passer de 20.000 éoliennes en pleine mer à plus de 50.000 à l'horizon 2030.

Lire aussiTidav invente un drone résistant aux forts vents pour le marché offshore

Levée d'un million avant l'été

Une perspective qui laisse présager une importante demande pour les drones de Tidav. La société, actuellement hébergée au sein de l'accélérateur de l'Enac espère passer à une étape d'industrialisation d'ici trois ans et envisager la construction de sa propre usine à Toulouse avec une levée de fonds de série A. En attendant, la startup, qui emploie une demi-douzaine de salariés, compte boucler un premier tour de table d'un million d'euros avant l'été.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.