Hydrogène : Lhyfe lance, à Toulouse, la plus grosse unité de production... de France

La société nantaise a inauguré, jeudi 7 décembre, son unité de production d'hydrogène vert installée au nord de Toulouse, à Bessières (Haute-Garonne). Lhyfe a prévu de pouvoir faire monter en puissance ce site à moyen terme, confiant de la demande future dans la région. Les détails.
À Toulouse, Lhyfe sera capable de produire très prochainement deux tonnes d'hydrogène vert par jour.
À Toulouse, Lhyfe sera capable de produire très prochainement deux tonnes d'hydrogène vert par jour. (Crédits : Rémi Benoit)

Pas moins de 2.000 kilos par jour. Voilà ce que va être capable de produire en hydrogène, la première unité de production en service, en Occitanie, inaugurée à Bessières (Haute-Garonne), jeudi 7 décembre. « Un plein d'un véhicule léger qui circule à l'hydrogène, c'est cinq kilos d'hydrogène », compare Matthieu Guesné, le PDG de Lhyfe, la société qui a fait sortir de terre cette unité de production d'hydrogène vert (réalisé à partir d'énergie renouvelable comme l'éolien ou le solaire) en moins d'une année au nord de Toulouse. Cette capacité en fait surtout la plus grosse unité de production d'hydrogène vert de France.

C'est aussi le quatrième site de production de l'entreprise nantaise, après ses installations dans les Pays de la Loire, Sealhyfe et celui du Morbihan qui sera inauguré dans les jours à venir. Mais celui d'Occitanie a la particularité d'être le plus important site de production d'hydrogène vert de la société et même de France, à ce jour.

« La capacité de production actuelle est identique au futur site du Morbihan. Seulement, nous avons les moyens techniques de doubler les capacités industrielles de l'usine de Bessières. Nous estimons que d'ici deux à trois ans, nous aurons saturé les capacités de production actuelles en raison de la demande », projette l'entrepreneur à la tête de plus de 200 salariés.

Lhyfe

Les électrolyseurs actuels sont d'une capacité de cinq mégawatts et Lhyfe projette à terme un million d'euros de chiffre d'affaires par mégawatt de puissance (Crédits : Rémi Benoit).

Ces propos peuvent paraître ambitieux au regard de la faible demande actuelle d'hydrogène vert de la part des différentes industries, mais la réussite de ce projet sera une nécessité au regard des moyens engagés. Lhyfe a investi 15 millions d'euros pour cette unité de production à Toulouse, dont quatre millions sont apportés via la Banque européenne d'investissement par une avance remboursable et 1,9 million sous la forme d'une subvention du conseil régional d'Occitanie. Ce soutien a permis à la collectivité d'obtenir 20% du capital de la société dédiée, Lhyfe Occitanie, désormais entre les mains de l'Arec Occitanie. Un schéma d'investissement « rigoureux » selon Matthieu Guesné. « Ce modèle a été retenu avec la volonté de créer une structure qui donne confiance en l'hydrogène avec l'apport de la puissance publique, auprès des financiers et des futurs clients », justifie Carole Delga, la présidente de région.

Un site très automatisé

Derrière cette société de projet, se cache un site industriel d'environ 8.000 m2 d'une forme qu'on peut qualifier d'atypique. La nouvelle unité de production d'hydrogène de Lhyfe n'est composée d'aucun bâtiment en dur. Toutes ses installations sont modulaires et permettent ainsi d'accompagner au mieux la montée en puissance du site. « C'est la nouvelle génération de production d'hydrogène », résume Matthieu Guesné, qui rappelle que l'hydrogène n'a besoin que de tuyaux d'une largeur maximale de 10 centimètres pour circuler d'un point A à un point B.

Lhyfe

Matthieu Guesné, le PDG de Lhyfe, a fondé l'entreprise en 2017 (Crédits : Rémi Benoit).

Relié au réseau électrique de la ville de 4.200 habitants, le site industriel d'une puissance de production de cinq mégawatts par électrolyse est notamment équipé d'un  transformateur de puissance pour alimenter les électrolyseurs à 400 volts. Les cinq électrolyseurs, alimentés en énergie renouvelable, permettent ainsi de séparer la molécule d'eau de celle de l'oxygène.

« Nous avons un taux d'efficacité dans la production de l'hydrogène de 80%. Il y a seulement la chaleur générée que nous n'utilisons pas. Elle n'est qu'à 60 degrés, ce qui n'est pas suffisamment chaud pour être réemployée », commente le PDG, qui ajoute avoir un poids carbone de 1,2 kilos de Co2 par tonne d'hydrogène vert produite.

L'hydrogène vert sort ensuite de l'électrolyseur à 40 bars de pression et est envoyé dans un compresseur pour le monter à 380 bars, avant livraison par des camions équipés de remorques spécifiques. La production, et donc les livraisons qui suivront, devraient débuter dans les premières semaines de 2024. Au plus fort de sa production, le site de Lhyfe Occitanie n'occupera sur place seulement que deux collaborateurs directs, étant donné qu'il s'agit d'un site automatisé géré à distance par un centre de contrôle situé à Nantes.

Lhyfe

L'hydrogène vert produit par Lhyfe à Toulouse sera distribué à 380 bars de pression (Crédits : Rémi Benoit).

Focus sur l'hydrogène

Ce projet s'inscrit dans la démarche globale coordonnée par le conseil régional d'Occitanie nommée « Corridor H2 ». Celui-ci consiste à faire émerger sur le territoire régional, des moyens de production (unités à Port-La-Nouvelle et Bessières), une quinzaine de stations de distribution comme HyPort à Blagnac (Haute-Garonne) et des usagers.

Lire aussiHydrogène vert : les chiffres (parfois délirants) de la nouvelle station de production à l'aéroport de Toulouse


Courant 2025, le conseil régional doit ainsi relancer l'exploitation d'une ligne ferroviaire entre Montréjeau et Luchon, avec un train bi-mode à hydrogène. Aussi, l'hydrogène produit devrait servir à alimenter le futur Technocampus à hydrogène de Francazal, ou encore les futurs cars rétrofités à l'hydrogène par la société albigeoise Safra dont la circulation sur la route est attendue en février 2024. La collectivité compte aussi accompagner financièrement les transporteurs pour l'achat de 25 camions à hydrogène et une soixantaine de remorques frigorifiques à hydrogène, dont le développement a pourtant été mis en sommeil par Bosch à Rodez.

Lhyfe

L'entrepreneur va aussi lancer des unités de production en Allemagne et en Suède (Crédits : Rémi Benoit).

Lire aussiBosch suspend la diversification vers l'hydrogène de son usine à Rodez, le site à nouveau menacé ?

« Notre ambition est de devenir la première région à énergie positive d'Europe. Pour y parvenir, nous devons multiplier par trois notre production d'énergies renouvelables et diviser par deux notre consommation d'énergies fossiles. Nous avons ainsi voulu être fer de lance sur les ENR avec un axe fort à destination de l'hydrogène vert », remémore Carole Delga.

Delga

Carole Delga était présente, à Bessière, jeudi 7 décembre, pour l'inauguration (Crédits : Rémi Benoit).

La région Occitanie, sous l'impulsion de celle qui est aussi présidente de Régions de France, a notamment voté un plan de développement de 150 millions d'euros dédié à l'hydrogène vert, comme l'ont fait d'autres régions par la suite. Cette initiative lui a permis notamment d'être le territoire hôte de la première réunion du conseil national de la filière hydrogène, du côté d'Albi, dans les locaux de Safra, en février 2021.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 08/12/2023 à 6:46
Signaler
Donc si j'ai bien compris, la nuit ils ne produisent pas car il n'y a pas de soleil et de vent et en hiver non plus sinon ce n'est pas vert.

à écrit le 07/12/2023 à 23:38
Signaler
Perso j y crois plus que l électrique . En Corée du Sud et au Japon ils sont plus en avance que nous :350000 voitures circulent avec une pule à hydrogène .. et ça pourrait fermer le marché aux chinois pro-,electrique … à suivre

le 08/12/2023 à 9:52
Signaler
Les piles à hydrogène sont une technologie différente qui est réellement verte alors que celle ci est juste maquillée en vert.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.