Energie : le fournisseur toulousain Ilek veut faire décoller le gaz vert made in France

Premier fournisseur indépendant à proposer une offre 100 % gaz vert via un réseau français d'une quarantaine de sites de méthanisation agricole, le Toulousain Ilek a conquis depuis près de 40.000 clients. La pépite projette une forte croissance dans les années à venir avec la montée des enjeux de souveraineté énergétique. En parallèle, Ilek devient lui-même producteur d'électricité verte avec une dizaine de projets prêts à se concrétiser en 2024.
Ilek alimente près de 40.000 clients en gaz vert via un réseau français de 40 sites de méthanisation agricole.
Ilek alimente près de 40.000 clients en gaz vert via un réseau français de 40 sites de méthanisation agricole. (Crédits : Frédéric Scheiber)

« Il faut prendre conscience que seulement 1% du gaz consommé en France a été produit dans l'Hexagone. Tout le reste vient de l'étranger. Les Etats-Unis fournissent 25% du gaz consommé (obtenu par la fracturation hydraulique des gaz de schiste) et 15% via les importations russes. On enrichit des puissances étrangères alors qu'il existe une alternative en France. C'est un véritable enjeu de souveraineté », plaide Jean-Raphaël Corvol, directeur énergie d'Ilek.

Fondé en 2016, le fournisseur d'énergie toulousain occupe une place atypique dans le paysage énergétique français. Aux côtés par exemple d'Enercoop, il figure parmi les principaux fournisseurs alternatifs français positionnés sur l'énergie renouvelable. Et c'est le premier fournisseur indépendant à se positionner dès 2018 sur le gaz vert. Aujourd'hui, Ilek alimente près de 40.000 clients via un réseau français de 40 sites de méthanisation agricole. « Cela permet aux agriculteurs de diversifier leurs revenus », met en avant Rémy Companyo, cofondateur d'Ilek. « Cette solution a également une meilleure empreinte carbone que le gaz naturel ou extrait des souterrains qui traversent le monde par bateau ou par pipeline pour arriver jusqu'en France. Défendre le gaz français ne repose pas que sur un intérêt chauvin, il y a aussi un impact sur les émissions de CO2 », complète Jean-Raphaël Corvol.

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42% des Français payer 5% de plus leur gaz

Les dirigeants d'Ilek espèrent que ces arguments feront mouche auprès des clients français pour faire décoller cette activité de gaz vert. Le fournisseur a ainsi commandé un sondage mené par YouGov France en novembre dernier auprès d'un échantillon d'un millier de personnes représentatif de la population française. Il en ressort que 94 % des personnes interrogées estiment important que la France garde sa souveraineté énergétique, autrement dit qu'elle produise elle-même son énergie, et 42 % seraient en effet prêts à payer 5% plus cher leur gaz, soit 7 euros par mois en moyenne sur leur facture, pour bénéficier d'un contrat d'énergie renouvelable, qui permet notamment de se passer de l'importation du gaz fossile russe ou américain. « Cela veut dire que près d'un Français sur deux est prêt à mettre la main au portefeuille pour soutenir la voie dans laquelle Ilek s'est engagé. Pour l'instant, le biométhane est encore développé à toute petite échelle avec 120.000 contrats commercialisés auprès du segment résidentiel (dont 40 000 par Ilek) à comparer avec les 30 millions de compteurs d'électricité », observe Rémy Companyo.

Ilek projette une forte croissance à la fois sur son offre d'électricité et de gaz pour passer de 150.000 clients cette année (dont 110.000 en électricité) à 250.000 clients fin 2024. Son chiffre d'affaires devrait passer la barre des 200 millions d'euros en 2023 et son effectif dépasser les 200 collaborateurs avec une cinquantaine de recrutements prévues l'année prochaine.

Une dizaine de projets de production d'électricité verte

2024 devrait aussi marquer pour le fournisseur toulousain l'accélération de sa nouvelle activité de production d'électricité verte. La jeune société s'est alliée avec Solvéo et la Région Occitanie pour transformer des terrains laissés à l'abandon en de petites centrales solaires photovoltaïques. Chaque unité de production photovoltaïque au sol sera déployée sur des surfaces comprises entre 3.500 et 5.000 m2 (équivalent à la surface d'un terrain de football) et avec une puissance inférieure à 250 kWc. « Il s'agit à chaque fois de petites puissances mais l'idée est de massifier ce concept avec entre 20 et 30 projets de ce type vont sortir de terre dans les années à venir. Les centrales verront le jour par exemple sur d'anciennes décharges, des parcelles qui ne peuvent être utilisées pour des activités agricoles, qu'il faut dépolluer ou qui ne sont pas assez grandes pour accueillir un projet renouvelable classique », décrivait l'été dernier Rémy Companyo.

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Une première centrale a vu le jour au printemps 2022 dans une ancienne carrière de l'Est toulousain dans la commune de Belesta-en-Lauragais et un deuxième projet a été inauguré à l'automne dans le Gers, sur la commune de Lupiac. La centrale dispose d'une capacité de 249 kWc, soit de quoi alimenter 70 foyers. Pour 2024, Ilek projette de concrétiser une dizaine de projets et la société a l'ambition de produire et d'être actionnaire de 30% de l'électricité qu'elle vend en 2025. « Nous voulons des projets un peu partout en France en lien avec les ressources locales : plutôt l'hydroélectricité dans les Alpes et les Pyrénées, le solaire dans le sud de la France et l'éolien dans les zones côtières. Cela permet au client de cultiver un lien de proximité avec le producteur », souligne Jean-Raphaël Corvol.

Un argument marketing qui permet à Ilek de se démarquer sur le marché très concurrentiel de l'énergie renouvelable en France. « Les consommateurs ont le choix entre un fournisseur comme EDF qui a une grande partie de nucléaire et un peu de renouvelable, un fournisseur alternatif qui est un pur négociant qui achète sur le marché de gros son électricité ou alors Ilek qui achète de l'énergie mais qui développe également ses propres capacités de production renouvelable », pointe Jean-Raphaël Corvol.

Une stratégie qui doit lui permettre de sortir renforcé face à la volatilité des prix de l'énergie qui a largement secoué les fournisseurs alternatifs à EDF en France. « Certains groupes qui ne venaient pas du secteur de l'énergie s'étaient lancés et ont vendu leur activité. C'est le cas par exemple Cdiscount, E.Leclerc a fermé son activité, la startup Bulb a été rachetée par Octopus Energy... Le marché a été pas mal perturbé par des acteurs venus par opportunisme, sans forcément avoir une stratégie de long terme. L'État souhaite que les fournisseurs alternatifs produisent aussi de l'énergie, comme le font déjà EDF ou Total. La volonté d'Ilek c'est justement d'aller vers ce modèle », conclut Rémy Companyo.

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Commentaires 2
à écrit le 06/12/2023 à 9:25
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quand je vois leurs mentalité je ne regrette pas d'en être parti et leurs slogan on est la pour vous aider je suis mort de rire. en plus par chat il racontent n'importe quoi. bon vent

à écrit le 04/12/2023 à 18:59
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Le Gaz vert, il a la couleur de la nature, mais si on habite à côté l'odeur c'est plutôt côté latin qu'il faut chercher: "Brisedanus" ça vous parle?😂

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